Louardi rétablit la vérité sur l’hôpital d’oncologie d’Al Hoceima

Médias24  Que se passe-t-il à l’hôpital d’oncologie ? Pourquoi les manifestants répètent-ils qu’il est à l’arrêt ?

Lahoussine Louardi: Ce centre régional inauguré le 25 juillet 2008 par Sa Majesté n’a jamais arrêté de fonctionner pour les malades d’Al Hoceima ou de toute la région. Dès l’ouverture, il disposait de tous les équipements requis comme un accélérateur avec une source de cobalt pour la radiothérapie ainsi qu’un simulateur permettant de localiser les tumeurs à traiter.

Je peux donc affirmer que ce centre est fonctionnel car il est équipé de gros matériels coûteux sans parler des petits équipements nécessaires à la guérison des cancéreux.

Au moment où je vous parle, dix médecins spécialisés en chimiothérapie ou en radiothérapie et un personnel paramédical nombreux y exercent sans relâche leur métier pour soulager les patients.

Contrairement aux rumeurs, il n’a jamais cessé de fonctionner. La preuve en est que depuis son ouverture en 2008, il y a eu 33.000 consultations en cancérologie, 17.000 actes de chimiothérapie et 8.500 de radiothérapie.

Alors, quel est le problème qui vous vaut toutes ces critiques ?

Les gens jouent avec le feu car un journaliste connu qui n’a jamais mis les pieds au centre d’Al Hoceima a prétendu avoir contacté des gens sur place qui lui ont affirmé qu’il n’existait pas.

A celà, il faut rajouter le fait qu’Ilyas El Omari qui préside la région TTAH s’est mis de la partie pour imputer à notre département des défaillances en termes d’achat d’équipements.

Vous réfutez les accusations de sous-équipement voire de désert médical dans la région ?

Absolument car hormis le centre d’oncologie qui travaille sans relâche depuis presque dix ans, de nombreux projets sont en cours de réalisation ou d’accélération.

Dans le cadre du programme de développement spatial de la province d’Al Hoceima intitulé « Manarat Al Moutawassit » et signé devant Sa Majesté en octobre 2015, le ministère de la santé s’est engagé à réaliser des projets dans la ville pour une enveloppe de 330 millions de dirhams.

Il faut rappeler qu’avant de signer cette convention, nous avions déjà commencé à investir dans la région notamment dans la construction d’un hôpital flambant neuf à Imzouren.

Ce petit bijou dont la construction a commencé depuis trois ans ouvrira ses portes à la fin de cette année. Cet hôpital d’un coût de 63 MDH s’ajoute aux projets budgétisés pour 330 MDH en 2015.

Hormis cette enveloppe, nous avons estimé qu’il fallait mettre en place ou accélérer d’autres projets de rénovation en parallèle comme l’hôpital Mohammed V d’Al Hoceima qui commence à vieillir. Le ministère a donc opté pour son extension avec l’ajout de plusieurs services inexistants comme la maternité, la chirurgie adulte et des enfants, la pédiatrie et la réanimation néo-natale.

Tout ceci, nous l’avons réalisé, alors il faut arrêter de nous accuser d’immobilisme car les faits sont là.

La rénovation de l’hôpital Mohamed V d’Al Hoceima est donc achevée aujourd’hui ?

Les services de chirurgie adulte et pédiatrique sont devenus fonctionnels et le reste à savoir la maternité et la réanimation néo-natale seront opérationnelles à la fin du mois courant.

Pour cette extension, nous avons consacré 43 MDH qui n’entrent pas dans le montant alloué par la convention signée devant Sa Majesté. Entre la construction de l’hôpital d’Imzouren et la rénovation de celui d’Al Hoceima, nous avons consacré 106 MDH (63 millions plus 43 MDH).

Le centre d’oncologie ne souffre donc d’aucune défaillance ?

-Il ne s’est jamais arrêté de fonctionner mais l’appareil utilisant du cobalt pour la radiothérapie nécessite une ampoule qui doit être changée car elle a une durée de vie limitée. Il a donc été décidé d’acheter une nouvelle bombe au cobalt qui coûte très cher.

Pourquoi certains cancéreux sont obligés de se déplacer au CHU d’Oujda ?

-Parce qu’il y a des tumeurs qui nécessitent un ciblage parfait que seul un centre hospitalier universitaire est à même de traiter. Quand le centre aura un scanner 3D payé par l’argent de la convention signée en juin 2006 avec le président de la région Tétouan-Tanger-Al Hoceima, les patients n’auront plus besoin de s’y déplacer.

Ilyas El Omari vous accuse d’avoir trainé et de ne pas avoir utilisé sa subvention ?

Au départ, il m’a appelé pour me dire qu’il voulait nous aider à investir dans le centre d’oncologie. Nous avions convenu que mon département débloque 3 MDH et que sa région nous alloue 12 MDH.

La convention région-ministère était donc destinée à financer l’achat d’un nouveau cobalt mais aussi d’un scanner 3D pour améliorer la qualité de nos prestations.

Ce dernier dont ne disposait pas le centre, a une vocation thérapeutique et pas une fonction de diagnostic classique. Quand on traite une tumeur, on dirige les rayons vers elle mais on risque d’abîmer des tissus sains qui peuvent devenir cancéreux. Le scanner 3D est donc très utile car il est beaucoup plus précis.

En dehors de ces gros achats, nous voulions acquérir du petit matériel comme des amplificateurs de brillance, un système de radiologie mobile, rénover le bloc opératoire, les soins intensifs …

Tout cela pour un montant de 15 millions de dirhams, 3 millions pour les réaménagements et les 12 MDH de la région pour acheter les équipements lourds.

Le président de la région a déclaré que vous lui aviez rendu sa subvention sans l’utiliser…

Si Ilyas est un ami mais je suis au regret de dire que c’est faux et je vais expliquer pourquoi. Quand mon ministère signe une convention, j’attends que l’argent nous soit viré pour procéder aux achats.

Les sociétés étrangères qui vendent les scanners 3D …ne vont pas nous faire crédit en se basant sur la convention signée avec El Omari. Nous avons attendu les 12 MDH qui ne sont jamais arrivés.

Après moults va-et-vient, la région s’est rendu compte, presque un an après la signature, qu’il y avait un problème de procédure administrative. Le ministère des Finances lui, a précisé qu’une région ne pouvait pas donner de l’argent directement au ministère de la Santé ni à un autre d’ailleurs.

Comment sortir de cet imbroglio alors ?

-Les finances lui ont proposé de virer l’argent à l’Agence de développement du nord pour payer les achats du ministère de la Santé. Pour cela, il a fallu refaire la convention avec un avenant incluant l’Agence du nord.

Celà a-t-il été effectué ?

-Oui à la date du 21 avril 2017, c’est-à-dire depuis peu. Que cherche monsieur El Omari, pense-t-il qu’en un mois, nous pouvons passer commande du scanner 3D et être livrés de l’étranger si vite ?

Il faut qu’il dise la vérité sur les raisons du retard au lieu de nous accuser sans fondements et de se baser sur la date de signature de la 1ère convention en essayant de tirer la couverture à lui.

Au départ, il a bien viré cet argent ?

-Oui mais il n’était même pas au courant du blocage. La preuve est que depuis la signature de l’avenant, nous avons déjà acheté, avec sa subvention le cobalt qui est installé et prêt à l’emploi.

Le scanner 3D et les amplificateurs de brillance seront livrés au maximum à la fin juillet 2017.

Dire que l’argent est revenu et n’a pas été utilisé est tout simplement faux.

Les gens ont donc été induits en erreur ?

-Il y a eu omission car il ne connaît pas les rouages administratifs. Dans une interview, il a même prétendu m’avoir proposé de régler le problème du déficit des ressources humaines en faisant venir des médecins de Cuba et que j’ai refusé cette solution.

C’est très grave de la part d’un président de région car cela montre qu’il ne connaît même pas la loi de son pays. La loi 131-13 de la pratique médicale interdit d’amener des médecins de l’étranger en dehors des pays avec lesquels le Maroc a un accord de réciprocité ce qui n’est pas le cas de Cuba.

On peut faire de la politique dans tous les domaines sauf dans le secteur de la santé car nous sommes attendus au tournant par nos administrés.

Qu’avez-vous prévu d’autre pour satisfaire la demande médicale à Al Hoceima?

-En plus des 15 millions d’investissements pour le centre d’oncologie, nous avons décidé de construire un nouvel hôpital à Al Hoceima car l’ancien (Mohammed V) qui date du protectorat commence à être saturé et est difficile d’accès en pleine montagne.

Nous avons trouvé un terrain de 8 hectares à côté d’Ajdir à l’entrée de la ville et nous avons lancé les appels d’offre pour construire cet hôpital qui comptera 250 lits, toutes les spécialités avec des équipements de pointe.

Quel budget sera alloué à cet édifice hospitalier ?

-La construction et les équipements coûteront 374 millions de dirhams. C’est une somme conséquente car elle dépasse celle qui a été signée devant Sa Majesté (330 MDH).

Nous avons d’ailleurs commencé les travaux de terrassement en avril dernier.

Combien de temps faudra-t-il pour qu’il soit opérationnel ?

-Il faut compter environ trois ans, il devrait être inauguré courant 2020.

Il va venir en complément de l’ancien hôpital Mohammed V.

-On compte transférer toutes ses activités au nouvel hôpital pour qu’il y ait une unicité des lieux (réanimation, radiologie …). Rien n’est encore décidé mais il est probable que l’ancien soit dédié aux tuberculeux, aux séances de dialyse …

Nous prendrons cette décision avec les élus locaux car eux-seuls peuvent nous orienter sur les besoins médicaux des populations (personnes âgées …).

Quid des communes rurales ?

-29 centres de santé situés dans des patelins reculés seront entièrement rénovés et six nouveaux seront construits à Imzouren, Badis, Cala Bonita, Targuist etc.

Au total, ce sont donc 35 dispensaires qui seront financés pour un montant de 44 MDH et seront livrés dans un an et demi au maximum..

Quand vous faites la somme de tous ces investissements (63 MDH pour Imzouren, 43 MDH pour l’hôpital Mohammed V, 15 MDH pour l’oncologie, 374 MDH pour le futur hôpital d’Al Hoceima, et les 44 MDH pour les centres ruraux de santé), cela revient à un budget débloqué par le ministère de la santé de 520 millions de dirhams !

L’effort est donc colossal et il faut arrêter de prétendre que nous ne faisons rien pour la région.

Cela me peine beaucoup que El Omari mette de l’huile sur le feu car le moment est mal choisi et nous devons nous associer au lieu de nous affronter.

Votre ministère est donc irréprochable ?

-Je ne prétends pas qu’il n’y a pas de problèmes comme des retards, des dysfonctionnements, des insuffisances ou de la mauvaise gestion. Cela ne nous empêche pas de faire de notre mieux pour mettre à niveau les infrastructures car les besoins sont importants dans toutes les régions du Maroc.

Ayant sillonné tout le Maroc pour m’enquérir de la situation, je peux vous dire que lors d’une visite à Imintanoute dans la région de Marrakech, j’ai pleuré devant la situation sanitaire de ses habitants.

Etant originaire de la région d’Al Hoceima, je reconnais qu’il y a un manque mais nous ne disposons pas d’un budget infini et tous les Marocains méritent d’être entendus.

Les manifestations et votre visite avec une délégation ministérielle ont-elles accéléré les choses?

-Certainement et j’ai délégué une équipe sur place de la direction des équipements pour assurer un suivi avec le Wali de la région. Dès le début des manifestations à Al Hoceima, j’ai enchaîné des visites pour accélérer et m’enquérir de l’avancement des projets que nous avons initiés.

Peut-on imaginer la construction d’un CHU dans la région pour satisfaire les manifestants?

-Al Hoceima le mérite largement mais pour l’instant nous accélérons la cadence pour qu’il y ait au moins un CHU pour chacune des 12 régions du Maroc.

On est loin du compte avec seulement 5 CHU pour l’ensemble du territoire…

-Il y en a 5 mais trois autres devraient voir le jour rapidement. Un est déjà en construction à Tanger, et Sa Majesté va lancer les travaux incessamment pour deux autres dans les villes d’Agadir et de Laâyoune.

A la fin de votre mandat, peut-on espérer que les 12 régions du Maroc disposent d’un CHU?

-En toute modestie, je dois rappeler qu’à mon arrivée au ministère, il y avait depuis l’indépendance à peine 4 CHU au Maroc (Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech). Nous avons construit celui d’Oujda et trois autres vont bientôt s’ajouter à la liste, c’est déjà donc le double qu’à mon arrivée aux affaires.

De plus, le CHU de Rabat (Avicennes) va être entièrement démoli et reconstruit à neuf pour un montant de 3 milliards de dirhams.

Il faut donc que certains arrêtent de raconter des mensonges sur notre pseudo-immobilisme dans le Rif car l’heure devrait être à l’union dans cette période agitée et non à la division.

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