Lueur d’espoir au Tigré ?

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Bien qu’à la date de ce jour, le bilan réel des deux années de guerre qu’a connu la région du Tigré, au nord de l’Ethiopie, soit encore inconnu, ce conflit aurait provoqué, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), une véritable catastrophe humanitaire en poussant à l’exode plus de deux millions de personnes et en jetant, au bord de la famine, plusieurs centaines de milliers d’Ethiopiens.

Autant de raisons pour lesquelles, en parlant du conflit du Tigré, en Octobre dernier, Samantha Power, la responsable de l’Agence américaine pour l’aide humanitaire (USAID), l’International Crisis Group (ICG) et Amnesty International avaient évoqué le bilan « sidérant » d’un des conflits « les plus meurtriers au monde ».

En effet, en étant coupé du monde depuis plus d’une année, le Tigré a été non seulement privé de nourriture et de médicaments mais, également, d’électricité, de télécommunications, de services bancaires et de carburant à telle enseigne que le gouvernement d’Addis Abeba a été accusé, à plusieurs reprises, d’assiéger et d’affamer la région même s’il s’est acharné à démentir fermement de telles accusations.

C’est donc pour mettre un terme à ces deux années de guerre que les belligérants éthiopiens ont entériné, samedi 12 novembre, à Nairobi, au Kénya, le cessez-le-feu qu’ils avaient signé quelques jours plus tôt et se sont accordés sur le désarmement progressif des forces tigréennes et le retour de l’aide humanitaire au Tigré, dévasté après deux années de guerre.

A l’issue de ces pourparlers qui se sont tenus sous l’égide de l’Union Africaine (UA), les deux protagonistes ont convenu de l’octroi d’une « aide humanitaire » aux habitants du Tigré et du rétablissement des services de base – à savoir, électricité, télécommunications et services bancaires – et réaffirmé le « désarmement » des forces tigréennes du Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT) qui constituait un important point de discorde.

Mais si c’est à la surprise générale que le FLPT avait fini par accepter l’idée d’un désarmement de ses forces armées, il y a lieu de signaler que cette décision qui, pour certains, équivaut à une reddition, reste, néanmoins, subordonnée à l’obtention de fortes garanties de sécurité de la part du gouvernement d’Addis Abeba et au fait que la « démilitarisation » des insurgés tigréens aille de pair « avec le retrait des forces étrangères de la région ».   

Par forces étrangères, entendez « forces érythréennes » dès lors que la réussite des pourparlers entre les rebelles tigréens et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed dépend, également, de l’attitude de l’Erythrée engagée, militairement, dans le conflit, depuis novembre 2020.

Or, bien que son nom ne soit pas mentionné dans l’accord de paix signé entre Addis Abeba et les insurgés du FLPT et qu’elle soit la grande absente de ces négociations, l’ombre de l’Erythrée plane incontestablement au-dessus de cette guerre qui a ravagé le nord de l’Ethiopie si bien que de nombreux observateurs craignent de la voir saboter les efforts de paix.

Enfin, si l’on ajoute à cela la question dite du « Wolkait », ce territoire qui n’a été rattaché à la province du Tigré qu’en 1991 et que la guerre qui a dévasté le nord de l’Ethiopie est venue vider de sa population, majoritairement « amhara » qui s’était trouvée contrainte à l’exode, vers le soudan voisin, il n’est pas à exclure que la querelle territoire qui se trouve au cœur de l’irrédentisme amhara, depuis 2016, ne pourrait qu’éloigner davantage tout espoir de paix dans la région mais attendons pour voir….

Nabil EL BOUSAADI

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