Main dans la main contre le terrorisme

procès des présumés auteurs des attentats du 11 mars 2004 contre un train de banlieue de Madrid (11-M).

Zouheir, le délinquant qui savait tout Zouheir, qui s’était distingué lors de ce procès, pour ses interventions extravagantes et gestes théâtraux, a reconnu être un notoire confident des services de la garde civile. Il jouissait d’une certaine liberté de mouvement dans les milieux de petite délinquance, de drogue, boites de nuit et cercles d’immigrés marocains. Il voulait être un «play boy» distingué mais a fini être un vulgaire confident, jeté dans la prison et expulsé comme un rat empesté.
L’histoire de Zoubeir rappelle une phrase tirée de l’histoire de l’Espagne comme un enseignement pour des considérations pédagogiques et nationalistes selon laquelle «Rome ne paie pas les traîtres». Cette phrase est souvent citée pour rappeler le cas des guerriers espagnols qui avaient assassiné leur chef, Viriat (Viriathus), en 139 avant J.C. A leur retour chez les romains, en quête d’une récompense promise, ils ont été immédiatement exécutés par le capitaine romain Marco Pompile sur ordre du Consul Scipion.
Zoubeir a été jugé pour sa présumée participation dans les attentats du 11-M. Il avait déclaré, lors du procès, qu’il avait informé régulièrement ses «supérieurs» d’une transaction d’achat d’explosifs, qui vont par la suite être utilisés dans cet acte terroriste. Dans des écrits remis de la prison à la presse, il avait insisté qu’il «accomplissait un devoir national» en informant la garde civile espagnole des mouvements de ses compatriotes. Celle-ci lui promettait des facilités pour accéder  à la nationalité espagnole et circuler en toute liberté dans les boites de nuit de Madrid et fréquenter les cercles de délinquants de toute sorte.

A sa sortie de la prison de Cadix (Sud de l’Espagne), dimanche à 01 heure (heure locale), Zoubeir a été conduit directement au port de la ville, soit seulement une heure après la fin de sa peine. Il a été remis, par la suite, à la police marocaine à Tanger, vers 02 heures 30, ont signalé des sources proches du ministère espagnol de l’Intérieur.

Arrêté, une semaine seulement, après les attentats du 11-M, l’ex confident de la garde civile espagnole a ainsi accompli la totalité de sa peine de dix ans de prison sans bénéficier d’aucun traitement spécial pour ses «services rendus» à ses «supérieurs». Sa sortie de prison intervient quatre jours après le 10e anniversaire des attentats du 11-M et de récentes déclarations du ministère espagnol de l’Intérieur qui avait annoncé le désir de voir Zouheir hors du territoire espagnol le «plus tôt possible». D’ailleurs, les procédures de son expulsion ont été autorisées, fin janvier, par l’Audience nationale (une haute juridiction spéciale statuant sur les délits d’atteinte à la sécurité de l’Etat) et en application de l’article 57 de la loi régissant les conditions de séjour, de travail et d’intégration des étrangers en Espagne. Pour des raisons d’Etat, sa situation d’immigré marié à une Espagnole n’a guère servi comme argument pour le sauver de la mesure d’expulsion.

Dans sa sentence du 31 octobre 2007, l’Audience nationale avait proclamé que Zouheir était condamné pour «un délit de collaboration avec la cellule islamiste» qui avait perpétré les attentats du 11-M. Pourtant, il était chargé de suivre les présumés membres de cette cellule. Son rôle était de mettre en contact un ex-mineur aux Asturies (Nord-Ouest) avec le présumé responsable de la cellule, le marocain Jamal Ahmidan, alias «El Chino».

Dans un portrait publié le 12 avril 2006, le quotidien madrilène El Pais qualifiait Zouheir de «confident qui était au courant de tout».

Sur les 19 condamnés pour leur implication dans ces attentas, six ont recouvert la liberté. Deux autres marocains, considérés comme les auteurs matériels du massacre du 11-M, Jamal Zougam et Othamne El Gnanoui doivent purger une peine de 42.922 ans de prison chacun pour les 191 «assassinats terroristes» commis et les 1.856 blessés comme conséquence de l’attentat. Un Espagnol, Suárez Trashorras, est condamné, pour approvisionnement en dynamite, à  34.715 ans.

Rabat et Madrid, la main dans la main contre le terrorisme

Le Maroc qui avait, un an auparavant, été secoué par de violents attentats terroristes à Casablanca (16 mais 2003), s’était empressé d’apporter toute sorte de coopération à l’Espagne. De nombreux accords et mémorandums ont été par la suite conclus entre les deux pays pour lutter en commun contre tout type de  délinquance organisée et juguler les risques d’actions susceptibles de porter atteinte à la sécurité de leurs Etats.

C’est ce qui a amené le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernández Diaz, de signaler que «la grande coopération entre les services de sécurité marocains et espagnols» avait conduit, vendredi, au démantèlement d’une présumée cellule de captation et d’envoi de jihadistes en Syrie. La collaboration entre les polices des deux pays, a-t-il précisé lors d’une conférence de presse, ne concerne pas seulement «le domaine de l’investigation mais aussi le domaine opérationnel, chose qui ne s’est jamais produite».

Selon Fernández Diaz, la collaboration entre Rabat et Madrid est «extraordinaire» en matière de lutte contre le “terrorisme jihadiste”. L’opération conjointe menée, vendredi dernier, a permis de «démanteler la cellule internationale la plus active de l’Espagne et une des plus importantes en Europe », a-t-il encore précisé.

Des sources proches du ministère de l’Intérieur ont signalé, rapporte samedi le quotidien ABC, que le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, et son homologue espagnol, ont eu une conversation téléphonique pour «mettre en commun les détails de l’opération et se féliciter mutuellement de la bonne collaboration entre les forces de sécurité des deux pays».

La cellule jihadiste démantelée

Des agents du commissariat général d’information du corps national de la police espagnole ont réussi, rappelle-t-on, à mettre hors de nuire un réseau international qui s’est spécialisé dans le recrutement et l’envoi de jihadistes aux organisations agissant dans l’orbite d’Al Qaeda.

Selon un communiqué de presse du ministère espagnol de l’Intérieur, parvenu à Al Bayane, les jihadistes recrutés sont destinés aux organsinions terroristes opérant au Mali et en Syrie. L’opération, conduite en étroite collaboration avec les services de sécurité marocains, a permis de mettre la main sur sept activistes du réseau, dont quatre en Espagne (à Melilla et à Malaga) et trois autres au Maroc. Certains parmi eux avaient déjà combattu dans les zones de conflit en Syrie, précise la même source.

Le principal détonateur de ce réseau est le citoyen espagnol détenu à Melilla, Mustapha Maya Amaya qui, à travers la Toile, se chargeait personnellement d’héberger clandestinement des jihadistes volontaires nonobstant leur nationalité. Il se chargeait aussi de la sélection des jihadistes en leur fournissant les informations nécessaires pour se mettre en contact avec des passeurs et leur future organisation terroriste de destination. Ce réseau disposait de ramifications dans de nombreux pays tels le Maroc, la Belgique, la France, la Tunisie, la Turquie, la Libye, le Mali, l’Indonésie et la Syrie.

L’Etat islamique en Irak et au Levant (ISIL), Jabhat An Noussra (JN) et Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) sont des succursales de la nébuleuse d’Al Qaeda érigées en réceptacles de volontaires captés par cette cellule. Ceux-ci sont intégrés comme dirigeants et participants actifs dans des attentats ou sont morts dans des opérations terroristes commis dans des zones de conflit.

Top