Mali : IBK réélu pour cinq ans

Le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta a remporté le second tour de l’élection présidentielle au Mali et dirigera pour cinq années supplémentaires ce pays du Sahel toujours confronté à la menace jihadiste.

A 73 ans, le chef de l’Etat, qui partait favori après avoir viré largement en tête au premier tour, a recueilli 67,17% des voix le 12 août, contre 32,83% à l’opposant Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, selon des résultats officiels complets annoncé jeudi, qui doivent encore être validés par la cour constitutionnelle.

Dans son quartier général de campagne, les partisans du président sortant ont célébré la victoire dès l’annonce des résultats, ont constaté des journalistes de l’AFP.

En 2013, les deux hommes s’étaient déjà affrontés au second tour et M. Keïta, dit « IBK », l’avait emporté avec 77,6% » des suffrages.

Pour son second mandat, qui débutera le 4 septembre, Ibrahim Boubacar Keïta aura la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont la mise en oeuvre accumule les contretemps et qui n’a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.

L’annonce des résultats a été faite sur la télévision publique ORTM en début de matinée par le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf. Comme les observateurs s’y attendaient, la participation a été faible, de 34,54%, contre 43,06% au premier tour, selon le ministre.

En attendant ces résultats, Internet était inaccessible dans la Bamako sur les réseaux mobiles depuis plusieurs heures, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le scrutin n’a pas passionné une population lassée par la persistance des attaques jihadistes, auxquelles se mêlent souvent des violences intercommunautaires, et dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté bien que le Mali soit redevenu le premier producteur africain de coton et que son économie enregistre une croissance supérieure à 5% depuis plusieurs années.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

L’ONU mène également dans le pays sa plus importante mission actuelle, tandis que la force du G5 Sahel s’y déploie progressivement.

Bien que son bilan soit mitigé, Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK » était allé au second tour en toute confiance, laissant dire les partisans de l’opposition, qui l’ont accusé d’avoir truqué le scrutin lors des deux tours, avec l’aide dans le nord des groupes armés signataires de l’accord de paix, ce que ceux-ci ont démenti.

Avec ses 41,70% des suffrages récoltés au premier tour, il disposait confortable avance sur Soumaïla Cissé, qui n’avait été crédité que de 17,78% des voix et n’a pas su réunir l’opposition derrière sa bannière.

L’opposant s’était pourtant montré combatif jusqu’au bout, assurant qu’il rejetterait une partie des résultats, notamment ceux de « plusieurs localités du nord », caractérisés selon lui par « du bourrage d’urnes ».

Il affirmait également que la victoire lui serait acquise si les résultats qu’il juge litigieux étaient écartés.

Le camp de M. Cissé a aussi accusé mercredi le pouvoir d’avoir détenu arbitrairement pendant trois jours, « torturé » et « maltraité » un membre de son équipe de communication, un technicien-monteur ivoirien.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, (tout) en évitant les rhétoriques incendiaires ».

A Bamako, la communauté internationale représentée au Mali a « rappelé aux deux candidats leurs engagements en faveur de campagnes pacifiques avant et après le processus électoral », les encourageants « fortement » à « utiliser les canaux légaux et constitutionnels pour régler les différends ».

Le second tour s’est déroulé dimanche dans un climat plus apaisé. Un président de bureau de vote a bien été tué près de Tombouctou (nord) par des jihadistes présumés, mais seuls 490 bureaux –sur 23.000– n’ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet. Ce succès est dû selon le gouvernement à la « montée en puissance » de l’armée, qui avait déployé 36.000 hommes, 6.000 de plus qu’au premier tour.

Depuis le début de la semaine, un nombre accru de policiers et de militaires, mieux armés que d’habitude, sont visibles à Bamako, notamment près du domicile privé du président, dans le centre-ville et devant des bâtiments officiels.

(AFP)

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