Mali: une commission pour préparer la nouvelle Constitution

Attendons pour voir…

Le 18 Août 2020, le président malien Ibrahim Boubakar Keita avait été renversé par son armée à l’instigation du colonel Assimi Goïta et du colonel-major Ismaël Wagué. En annonçant, immédiatement, la formation d’un Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), ces derniers avaient proposé de remettre le pouvoir aux civils après une période transitoire de trois années : ce que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait réfuté en exigeant que la transition n’excède point une année.

Mais, en faisant fi des exigences de l’instance régionale, alors même que la junte et la CEDEAO sont toujours en discussion pour la durée de la transition du moment que la date d’organisation des élections, initialement prévues en Février 2022, n’a pas été respectée, le président de transition, le colonel Assimi Goïta, a signé le 6 Juin un premier décret stipulant que les militaires ne vont pas se dessaisir du pouvoir avant Mars 2024, donc qu’ils resteront à la tête du pays pour deux nouvelles années et, cinq jours plus tard, dans la nuit du 10 au 11 juin 2022, un second décret portant création d’une commission qui sera chargée de la rédaction d’une nouvelle constitution.

Cette commission qui devra comprendre un président, deux rapporteurs et des experts et qui pourra, pour l’accomplissement de sa mission, consulter « l’ensemble des forces vives » de la nation – partis politiques et société civile, notamment – mais, aussi, les groupes armés signataires de l’accord pour la paix dans le nord du Mali, les syndicats, les organisations religieuses et les autorités traditionnelles pour qu’ils puissent lui apporter leur contribution, est tenue de remettre, au président de transition et dans un délai maximum de deux mois, «un avant-projet de loi portant Constitution de la République du Mali, dans le cadre de la refondation de l’Etat».

Mais si, pour de nombreux observateurs, le délai imparti aux rédacteurs du nouveau texte constitutionnel reste relativement court, l’annonce de la mise en place de cette commission intervient au moment même où la CEDEAO a prévu de tenir, le 3 Juillet prochain, une réunion au sommet à l’effet de décider du maintien ou de la levée des sévères sanctions commerciales et financières imposées depuis le 9 Janvier dernier à la junte au pouvoir au Mali afin de la contraindre à céder sa place au civils le plus rapidement possible car le pays est plongé, depuis 2012, dans une profonde crise sécuritaire et politique.

Il y a lieu de préciser, enfin, qu’il n’y a pas que la CEDEAO, l’Union Africaine ou encore l’Union européenne qui réclament le départ de la junte qui détient les rênes du Mali puisque même l’imam Mahmoud Dicko, resté discret depuis la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita bien qu’il dispose d’une grande capacité de mobilisation, est sorti de sa réserve, lors du forum sur la sécurité qui s’était tenu à Bamako le 26 mai dernier, pour dénoncer fermement le fait que le « peuple malien (soit) pris en otage » et fustiger « l’arrogance » des dirigeants et « l’orgueil » de la communauté internationale.

Tour cela va-t-il pousser les autorités militaires de transition, désormais à la tête du Mali, à remettre le pouvoir aux civils dans un très proche avenir ? Rien ne l’indique pour l’heure mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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