Maman, il est où papa ?

On se souviendra, il y a seulement quelques années, dans l’Hexagone, au lendemain de la ratification de la loi: «mariage pour tous», les partisans de la filiation s’époumonent dans les diverses villes

françaises pour s’opposer à cette mesure, jugée attentatoire aux règles sacrées de la famille. La question se posait intensément en France entre deux camps qui semblent être diamétralement opposés, d’un côté les adeptes des libertés de l’individu les plus ardentes, de l’autre les protecteurs des fondements de la structure familiale les plus stricts.

Naturellement, chez nous, on n’en est pas encore là. La question ne se pose même pas. Cependant, d’autres questions les plus pressantes, continuent à classer notre pays parmi les nations les plus reculées en termes de satisfaction des attentes sociales. Au moment où les familles d’outre mer disent: «Il est où papa?», les nôtres  diront, avec insistance, elle est où l’école utile ? Elle est où la santé pour tous? Il est où l’emploi décent ? Elle est où la dignité pérenne ?

Lors du mouvement printanier, la jeunesse marocaine est allée dans la rue pour fustiger la dépravation, revendiquer la vie digne et réclamer le Maroc sain et prospère…Face à la colère massive, on plonge illico la main à la pâte. En l’espace de quelques semaines, on enfanta la réforme constitutionnelle la plus étoffée qui soit. On élit une majorité, dans la transparence quasi-totale. La tension est donc apaisée. Mais, les déficits sont ils, pour autant, entièrement enrayés ?  Rien de si rassurant, en fait ! On attend toujours la mise en place des lois organiques de la constitution qui restent encore dans le présent mandat. La régionalisation avancée, clé fondatrice de la restructuration spatiale et humaine, tarde encore à passer à la vitesse supérieure. Le pouvoir d’achat est continuellement soumis à des «agressions» suffocantes. Les disparités entre nantis et démunis, continuent à êtres criantes. La corruption et l’impunité font rage, au moment où le discours officiel dit autre chose! La formation se trouve perpétuellement dans la dérision…

Cependant, sans verser dans le nihilisme béat, il convient de reconnaître, à qui voudrait l’entendre, que d’énormes choses ont été réalisées, non sans douleur, en dépit de la contrainte et la conjoncture aussi bien interne qu’externe. Moult réformes ont vu le jour, dans maints secteurs, pour ériger le pays dans la cour des émergents ! Nombre de lois fleurissent au service de la société dont le dernier en date n’est autre que celle des ouvriers et ouvrières domestiques. A n’en pas douter, le bilan est positif, malgré les coups bas et les bâtons dans les roues…

Que dire encore? Alors que certaines franges françaises disent, en dépit des formes de résistance et d’opposition : «Mariage pour tous!». Nous, on ne cessera de dire, malgré des sortes de monopole et de contrôle : «Egalité pour tous !».

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