Manifeste

Le «vivre naturel» est devenu un luxe ici-bas! Respirer de l’air, boire de l’eau, se nourrir, vivre sainement, par un usage adéquat des éléments de la Terre, est une revendication qui monte d’autant plus que les dégradations évidentes de l’environnement, dans toutes ses composantes, incitent l’espèce humaine à méditer sur son avenir. Depuis un certain temps, partout et de plus en plus rapidement, les ressources naturelles essentielles sont devenues des objets de consommation marchande. L’aliénation est générale et dans les conditions de développement où nous sommes, elle est assimilée au progrès et à la modernité.

Il fut un temps où manger «beldi» permettait de se faire plaisir mais surtout de retrouver dans son assiette des produits naturels.  Cela est très rarement le cas actuellement, car la globalisation a fait son œuvre aussi bien dans les villes que dans les campagnes.

Manger bio est devenue la revendication d’une élite consciente de l’importance de la nourriture. Il reste que le bio n’est pas aussi simple que le beldi du milieu du siècle dernier. En ces années, seuls les acridiens présentaient un danger à la consommation! Encore que d’autres, se gorgeant d’apports complémentaires, s’intéressent beaucoup plus à la pureté du produit chimique consommé qu’à la qualité biologique de leur nutrition.

Ce retour au naturel interpelle l’ensemble des acteurs du champ politique national. Il ne s’agit pas seulement de se parer d’un label de durabilité. Il s’agit de la mise en œuvre d’une politique où le développement des forces productives et les rapports qu’il détermine dans la société soient en phase avec le respect de l’écosystème naturel dans lesquels ils s’effectuent. L’approche écologique ne peut devenir un obstacle au développement de la production sociale et cette dernière ne peut négliger les équilibres de la nature. Le savoir constitue l’assise de cette combinaison par laquelle l’espèce humaine arrive à maîtriser, dans un territoire donné, son environnement pour l’exploitation de ses ressources, le transformer sans pour autant le rendre invivable. C’est dans la mesure où l’espèce humaine arrive à dépasser les vulnérabilités qui lui sont attachées ou celles qu’elle crée par ses activités qu’elle évoluera dans la satisfaction de ses besoins et le respect de l’environnement qui l’entoure.

La globalité de l’environnement et l’inexistence de frontières étatiques dans l’évolution des facteurs qui le déterminent ne peut encourager l’immobilisme et l’attentisme dans l’adaptation des activités humaines au respect des équilibres naturels dans un lieu donné. Comme on ne peut attendre l’accord de l’ensemble des nations pour pratiquer une politique de développement respectueuse de l’environnement.

Depuis un demi-siècle, l’environnement est devenu un défi local, régional et international comme il constitue un enjeu politique, scientifique et sociétal. La connaissance de sa problématique s’est agrandie à travers la planète et la conscientisation des individus et des collectivités qui l’occupent s’est affermie à son égard.

L’interaction entre la Terre et l’Homme, au Maroc ou ailleurs, doit inciter à un aménagement des territoires égalitaire et approprié, à des pratiques agricoles qui préservent les écosystèmes et leur biodiversité et qui produisent une alimentation saine, à des pratiques de pêche qui préservent les ressources halieutiques, à des industries propres et une urbanisation maîtrisée, à des énergies renouvelables, à ne pas prendre l’océan comme un déversoir pour toute pollution, à la préservation de l’eau, à l’usage de transports sans émissions nocives pour la santé, à un assainissement solide et liquide responsable, à préserver la forêt, à éviter les souffrances, à éradiquer la pauvreté, la maladie et la faim, à permettre la justice sociale et l’égalité des hommes sans considération de leur sexe, de leur couleur, de leur religion, à s’éduquer dans le respect de l’autre et la tolérance, à se former pour utiliser son savoir pour son bien-être et celui des autres, à user de son savoir pour transformer le monde sans le dégrader, à vivre sa culture et profiter de ses loisirs en paix avec soi-même et avec le monde. Et le climat sera optimal pour une vie heureuse.

Top