Le Maroc de tous les contrastes!

Comment pourrait-on comprendre ce qui s’opère dans notre pays ? On est confronté à un dilemme face à des contrastes criards, à plus d’un registre. D’une part, on est admiratif de grands projets qui s’effectuent à des cadences phénoménales, un peu partout, notamment la centrale des énergies solaires dans les environs de Ouarzazate, unique au monde ou encore le Tanger-med qui défie les ports les plus huppés du vieux continent…

Bien d’autres chantiers de haut calibre, en particulier le gazoduc liant le royaume au Nigéria, via nombre de pays africains, sont déjà mis sur orbite. Le volontarisme ardent qui anime vivement la nation à ce niveau donne l’impression que celle-ci s’engage réellement dans la cour de l’émergence.

Dans ce sens, on évoquera non sans admiration non plus le ton résolument tourné vers la hausse des conditions de l’élément humain, des discours du Souverain, tout particulièrement celui du trône et de la révolution du Roi et du Peuple qui se sont focalisé sur les questions sociales du cours de la vie des populations et des jeunes. Une tendance aussi progressiste que révolutionnaire qui ne fait qu’interpeller davantage toutes les composantes de la société marocaine. À cet entrain incitateur, s’ajoute également une volonté manifeste de mettre en avant des institutions édifiantes dont la nature et la mission sont bien déterminées dans la  constitution, afin de consolider l’Etat de droit et d’éthique, dans tel ou tel domaine de la vie active au service des citoyens.

À cet égard, on citera, entre autres, la mise en place de la cour des comptes dont les prérogatives sont strictement limitées à un rôle d’évaluation de l’acte administratif et représentatif. Mais, il est à noter que cette institution se transforme en un véritable épouvantail, puisque elle pond, à chaque fois, des rapports draconiens comme si rien ne se faisait au sein des divers secteur. De surcroît, elle empiète sur les attributions qui ne sont guère siennes, en s’adjugeant des fonctions législatives ou encore exécutives et judiciaires. Certes, bien des cas révèlent des dysfonctionnements en termes de transgression de lois en vigueur et de dépassement des procédures. Il revient donc à la cour des compte de les relever avec objectivité et en faire état à qui de droit…

Devant toute cette dynamique qui a l’air de se frayer le chemin de l’essor escompté, on notera avec stupéfaction et consternation que le champ politique marocain s’avère le maillon faible de la chaîne. La vie politique nationale ne semble pas suivre les mutations profondes que connaît le pays, parce qu’on a voulu qu’elle se déchiquette et s’impose à tout moment, pour mieux assurer la prédominance. Mais, elle tend également à tolérer, pour la plupart,  l’ingérence dans sa cuisine, au point de perdre son autonomie et, de ce fait, sa crédibilité. On admet sans la moindre objection qu’un technocrate soit « peint » comme si on peignait une coquille, afin qu’il rejoigne la couleur du parti soumis, sans passer par ses instances…

D’autre part, on garde en son sein un ministre démissionnaire, sans prendre la peine de trancher sur son affaire. On opte pour un seul secrétariat d’Etat parmi les huit existantes au gouvernement pour l’ôter froidement et congédier celle qui était en charge, quoiqu’elle ait été, de l’avis de tout le monde, un modèle de compétence, de probité et de dynamisme, rien que pour satisfaire l’arrogance et la vanité du ministre. Auparavant, on bloque l’exécutif durant des mois pour limoger, enfin, son chef nommé et le remplacer par un autre, plus docile, effacé et maniable…

On pourrait énumérer à flot, des exemples écœurants de ces bizarreries, on en finirait jamais ! On dira enfin que tant  que notre pays n’a pas encore assaini et fortifié son paysage politique, dans le cadre d’un pluralisme libre et agissant, on ne prétendra nullement à la construction d’une nation où la démocratie aurait un vrai sens. Ce qu’on est en train de bâtir aujourd’hui, avec des façades et des guignols, n’en est pas une!

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