Merkel en campagne pour tenter de sauver son camp de la débâcle

Allemagne

La chancelière allemande Angela Merkel s’est de nouveau jetée dans la campagne électorale mardi en apportant un soutien appuyé au candidat de son camp conservateur Armin Laschet, en pleine tourmente à moins de trois semaines d’un scrutin indécis.

Devant les députés du Bundestag pour la dernière fois réunis en séance plénière, la dirigeante a insisté sur le fait que « la meilleure voie » pour l’Allemagne était « un gouvernement dirigé par Armin Laschet comme chancelier ».

« Car son gouvernement sera marqué par la stabilité, la fiabilité et la modération et c’est ce dont l’Allemagne a besoin », a-t-elle justifié au cours d’un discours à forte connotation électorale.

Angela Merkel est longtemps restée en retrait de cette campagne électorale alors qu’elle a décidé de longue date de passer la main à l’issue de son quatrième mandat.

Plusieurs figures de son camp conservateur l’appelaient à davantage s’impliquer alors que les sondages désastreux s’enchaînent pour l’Union CDU/CSU qui pourrait subir une gifle historique lors des élections législatives du 26 septembre.

Passant à l’offensive dans la dernière ligne droite, elle s’efforce de mettre son inaltérable popularité au service d’un Armin Laschet embourbé dans les difficultés.

L’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son alliée bavaroise de la CSU sont en chute libre depuis l’été.
Un sondage pour la chaîne RTL, publié mardi, les place même pour la première fois sous la barre des 20%, à 19%, dans les intentions de vote.

Du jamais vu au niveau fédéral pour un parti qui a largement dominé la vie politique d’après-guerre et qui caracolait encore à 30% des intentions de vote en début d’année.

Les conservateurs, qui avaient obtenu 32,9% des suffrages en 2017, sont désormais largement devancés par le Parti social-démocrate (SPD) longtemps à la traîne, mais qui recueille entre 25% et 27% des intentions de vote.

Sa tête de liste, l’actuel ministre des Finances et vice-chancelier, Olaf Scholz, longtemps critiqué pour son manque de charisme, pourrait donc être chargé de former le prochain gouvernement.

Piètre orateur, Olaf Scholz a su développer une image de compétence aux yeux des plus de 60 millions d’électeurs allemands.

Depuis trois semaines, Angela Merkel a multiplié les interventions en faveur du président de la CDU et candidat peu apprécié des Allemands.

L’offensive a débuté lors d’un meeting de campagne de son camp à Berlin le 21 août : la dirigeante se dit « profondément convaincue » qu’Armin Laschet, un homme capable « de construire des ponts entre les gens », lui succèderait à la chancellerie.

Elle s’est également montrée à plusieurs reprises à ses côtés, comme lundi soir lors d’une réunion de son parti consacrée à la numérisation.

La veille, ils s’étaient rendus ensemble en Rhénanie du Nord-Westphalie, l’une des deux régions sinistrées par les inondations meurtrières et dirigée par Armin Laschet.
Un mois et demi après une catastrophe qui a fait plus de 180 morts et que les experts relient au changement climatique, Angela Merkel a loué son dauphin conservateur, qui « dirige avec beaucoup de succès le plus grand Etat régional d’Allemagne ».

Peu apprécié des électeurs après avoir dû lutter pour s’imposer comme le candidat des conservateurs, Armin Laschet a tenté en fin de semaine dernière d’élargir son équipe de campagne en se dotant d’un aréopage d’experts.
Pour les questions de finances et d’économie, il a fait appel à Friedrich Merz, ancien rival pour la tête du parti, et qui représente l’aile libérale quand M. Laschet incarne l’aile centriste.

Mais des experts politiques restent dubitatifs : « On a besoin d’une équipe quand on a un candidat faible, c’est l’un des principes inscrits dans tout manuel électoral », souligne pour l’AFP Peter Matuschek, de l’institut de sondages Forsa. « Mais cela intervient assez tard », selon lui.

Ces dernières semaines, Angela Merkel a également épinglé le candidat social-démocrate, l’accusant de flirter avec la gauche radicale, die Linke, parti avec lequel la CDU a toujours refusé de discuter, en raison notamment de sa volonté de sortir l’Allemagne de l’Otan.

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