«Mettre en œuvre la volonté politique par le contenu qualitatif»

Pour le DG de la HACA, Jamal Eddine NAJI, l’amélioration de la place du Tamazight dans le champ audiovisuel national réside dans la créativité qui donnera lieu à un contenu qualitatif plus attrayant. Les détails.

Al Bayane : Vous avez pris part à une journée d’étude organisée le 7 mai 2016 à Rabat par la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA) sous le thème : «une dynamique pour la sauvegarde et la promotion du Tamazight dans la presse publique». Pensez-vous que les chaines nationales respectent les cahiers de charge relatifs à la présence de l’Amazigh dans le champ médiatique?

Jamal Eddine Naji : Je tiens à préciser que les cahiers de charge reflètent une politique publique.  Ils ont été élaborés par le gouvernement. La HACA quant à elle les régularise, les valide et veille à ce qu’ils soient respectés par les médias, selon l’esprit de la constitution, tout en tenant compte des contraintes des opérateurs.

Nous avons remarqué que l’approche quantitative peut montrer que certains médias respectent les cahiers de charges, mais au fond ce n’est pas le cas, du fait de l’absence de ressources humaines, du manque d’attractivité du contenu. C’est très difficile, mais ils sont obligés, d’autant que les cahiers de charge exigent des chiffres, des quotas. Je crois que les gens font des chiffres, quand ils ne sont pas sûrs de la qualité de la chose.

Maintenant,  la  question qu’il  faut  se poser;  c’est qu’au bout de plusieurs années et après la constitution de 2011 qui a reconnu officiellement l’Amazigh comme langue officielle -c’est  à  dire que nous  avons une personnalité  binaire, avec un fond  arabe  et un fond amazigh-, que faire pour que la qualité du contenu s’améliore également ?

Je disais à quelqu’un, qu’au niveau des contenus artistiques sur  l’Amazighiya, la seule chose que je vois souvent c’est l’homme amazigh rural, analphabète, la plupart du temps dans un registre comique. Je  n’ai  pas vu de tragédie avec des sentiments humains… Je n’ai  pas vu  d’adaptation du  patrimoine universel comme c’est  le cas  pour l’arabe pendant. On a connu Molière et Shakespeare à  travers la langue arabe et  le darija avec  Tayeb Saddiki ou  Ahmed Tayeb Laâlej  pour  Molière.

Donc, ce sont les gens qui ont la responsabilité de ces contenus qui doivent sortir ce patrimoine de l’oubli. Il faut qu’ils comprennent que cela passe par la qualité, la créativité. C’est l’étape à laquelle nous sommes maintenant. En outre, il faut aujourd’hui mettre en œuvre la volonté politique par un contenu qualitatif.

Quid de la réforme de la HACA?

Le texte est passé au conseil de gouvernement. Il a été adopté. Maintenant, il faut suivre la logique normale, c’est à dire attendre qu’il soit discuté au parlement. D’après ce qu’on a entendu, il va être au niveau de la nouvelle donne parce qu’après 10 ans, il faut prendre en considération l’évolution du secteur, les expériences qui ont été faites dans le domaine de la radio principalement, la régionalisation avancée, la webosphère et tout ce qui nouveaux médias.

Puis, il faut savoir aussi que le texte doit être un peu prospectif et anticipateur parce que la régulation a changé un peu dans le monde. Maintenant, on se dirige de plus en plus vers la co-régulation, sinon l’autorégulation par les opérateurs eux-mêmes.

Mohamed Nait Youssef

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