Migration massive de plus de 40 d’artistes marocains aux Émirats arabes unis

Plus de 40 comédiens et artistes marocains s’envoleront aux Émirats arabes unis. Cette fois-ci, non pas pour jouer une pièce de théâtre ou participer à une quelconque manifestation culturelle, mais plutôt pour enseigner le théâtre et l’éducation artistique.

En effet, de jeunes lauréats de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d ‘Animation Culturelle, formés bien évidemment au Maroc, ont choisi d’aller chercher de nouveaux horizons sous d’autres cieux. Une première, puisque c’est la première fois que le Maroc connaisse une telle « migration » massive de ses artistes.

En effet, les Émirats arabes unis ont décidé d’intégrer l’éducation artistique, notamment le théâtre dans leur système éducatif afin de faire évoluer son enseignement. Vue la qualité du théâtre et de la formation marocaine, le pays envisage de recruter quelques lauréats de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d ‘Animation Culturelle, à savoir les nouveaux et les anciens pour enseigner le théâtre dans leurs établissements et écoles, nous confirme Bouhcine Messaoud, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques. Il faut dire que le domaine culturel et artistique n’échappe pas à la fuite des cerveaux…

Pourquoi les Émirats arabes unis ont-ils choisi le Maroc ?

«C’est un signe qui signifie à la fois qu’il y a des cadres compétents, mais aussi un rayonnement de l’action théâtrale nationale. En revanche, ces compétences auraient pu être exploitées dans notre pays.  Mais, il faut l’avouer, rien n’a été fait dans ce cadre. Sachons que l’investissement de l’Etat dans la formation de ces énergies et compétences reste coûteux», a-t-il ajouté. C’est une perte pour le domaine artistique et même pédagogique du pays. Il aurait fallu, dit-il, que ces compétences trouvent une place dans le domaine de la formation, et ce, en partenariat avec le Ministère de la Culture.

«Certes, c’est une opportunité qui permettra à ces jeunes de gagner leur vie. Toutefois, il aurait fallu penser en contrepartie à l’intégration de ces compétences dans le domaine de l’enseignement national, ce que d’autres pays ont pu faire… et cette migration en témoigne», explique-t-il.

Les raisons du départ sont claires : assurer une vie meilleure, surtout dans un pays où l’avenir demeure pour certains artistes incertain. «Ce départ aura un impact sur la scène théâtrale nationale vu que le bon nombre de comédiens et de metteurs en scène se sont engagés dans des productions théâtrales, c’est-à-dire que plusieurs réalisateurs seront dans l’obligation de refaire et retravailler leurs pièces de théâtre avec de nouveaux visages et profils», poursuit-il. Sachant bien sûr que le «secteur» théâtral au Maroc a vécu l’an dernier des hauts et des bas.

«Comme dans les autres domaines, des énergies et des talents sont toujours là, mais de vraies politiques pour en tirer profit manquent. Le théatre marocain a un rayonnement sur le plan national, continental et même international, mais il aura plus de rayonnement si les décideurs pensent à mettre en œuvre de véritables politiques pour mieux relancer et booster le secteur culturel», conclut le président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques.

Mohamed Nait Youssef

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