«La modernité inégale» sous la loupe des chercheurs

Le concept de modernité ne cesse d’interroger. Ce sujet a fait couler beaucoup d’encre et n’a cessé jusqu’à nos jours de séduire les chercheurs. Et pour cause, le terme est vague, inchoatif, complexe, ramifié.

Un nouvel ouvrage dirigé par le professeur Ali Sedjari aborde la question. «La modernité inégale…  Pouvoirs, savoirs et avoirs dans la construction d’une démocratie généralisée» est l’intitulé du nouvel ouvrage collectif paru aux Editions L’Harmattan. L’ouvrage né des actes du 21°colloque international organisé par le GRET à Marrakech en mai 2016 se lance à la quête du sens du concept de la modernité, notamment dans son rapport et  ses relations avec la connaissance, le savoir, le pouvoir, la société, l’être et l’avoir. Pas moins d’une vingtaine d’imminents chercheurs, spécialistes, intellectuels de différents horizons et disciplines ayant pris part à ce colloque ont contribué par leurs réflexions et idées à la réalisation de  cet  ouvrage.

Selon Dominique Martin, professeur honoraire des Universités, Lyon 2 et Vice-Président de l’Institut Marocain des Relations Internationales : «faut-il s’étonner que ce thème de débat ressurgisse aujourd’hui, tant furent, dans la tradition occidentale, les analyses philosophiques, scientifiques, politiques, juridiques et anthropologiques de ce phénomène ? Une première réponse tient à la nature problématique de la modernité : objet de controverses, depuis les «Temps Modernes» (1492-1789), la modernité ne se limite pas à une période historique ni à un espace géographique». Selon ce professeur, les défenseurs de la modernité lui ont régulièrement assigné une vocation universelle, autour d’idéaux tels que la maîtrise de l’homme sur son destin et sur la nature. Et si la modernité reste aujourd’hui une interrogation, s’interroge t-elle, «c’est d’abord parce qu’elle est entrée en crise: crise épistémologique liée à une perte des repères, dans un monde où la barbarie coudoie l’humanisme  fondateur ; crise de la raison instrumentale elle-même, dont les dérives ont nourri le retour des régressions religieuses ou politiques ; crise de la confiance, aussi, dans les mécanismes politiques démocratiques, qu’illustrent tout particulièrement la croissance des inégalités dans la mondialisation et l’émergence de dérives populistes», comme le rappelle A. Sedjari dans l’introduction de l’ouvrage.

L’ouvrage dans cette optique creuse le concept de la modernité afin de trouver une réponse qui conviendrait à un contexte dominé par le populisme, le doute, l’incertitude et voué au non-sens, à la non signification. De l’avis des chercheurs dans le paratexte du livre, certains concepts font débat et alimentent indéfiniment la polémique. C’est le cas de la modernité. En effet, le débat sur ce concept est inépuisable parce qu’il implique de nombreuses dimensions : juridique, économique, philosophique, culturelle, sociologique et pose en même temps des interpellations critiques concernant son contenu, son évolution, son identification, ses ambiguïtés et ses paradoxes.

Mohamed Nait Youssef

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