Mohamed Baout, pyramide de l’art du Baldi

Dans la région de Tafilalet, l’art du «Baldi» constitue l’une des expressions musicales les plus importantes aux côtés de l’art du Malhoun connu dans plusieurs villes marocaines. C’est un mélange de rythmes et de sonorités de l’art de Chaâbi. En effet, c’est dans la région de Mdaghra, à quelques  kilomètres de la ville d’Errachidia que cet  art a fleuri avant de se propager dans les autres régions  et villes du  Sud-Est  marocain.

L’art du «Baldi» est simple mais loin d’être simpliste. Les poètes de la région tissent les paroles des chansons avant d’être composées et chantées. Au fait, les textes chantés doivent avoir un rythme qui rime avec la musique, tout en respectant les règles et les mesures de chaque chanson. Rappelons que dans cette région, la poésie demeure orale, chantée et transmise d’une génération à l’autre et la plupart du temps, on ignore le poète ou le compositeur.

Pour ce qui est du rythme et de la musique,  l’art du Baldi, comme l’indique Said Karimi,  dramaturge et chercheur dans le patrimoine musical de la région,  a des phrases  musicales simples qui ressemblent à celles de  l’art  de l’Aïta.

Luth, «darbouga», «taarija» sont les instruments principaux utilisés par les groupes musicaux locaux. Parmi les figures emblématiques du Baldi dans la région de Tafilalet, figure Mohamed Baout qui est l’une des pyramides de cette musique. Son parcours est riche, et ses chansons, en l’occurrence de «yalbida darqou ljbal», «Molatlkhala», «Sakhibiya» ont  fait  vibrer des générations.

Baout est un artiste original qui est resté fidèle à son art jusqu’au dernier souffle. La preuve en est que le chanteur a tiré sa révérence en plein concert sur une scène en 1989 à Meknès. Il constitue à lui seul et avec son répertoire riche, une école musicale.

D’autres chanteurs ont décidé de diffuser cette musique, notamment Moulay Ali Bel Mesbah, Mouloud et Lkaoui, ainsi que d’autres  jeunes ayant  apporté un sang nouveau  dans cet  art, en l’occurrence de Mustapha Laanan, Mouloud Meskaoui, Lhamri. Le Baldi reste l’art le plus écouté dans la région le Tafilalet et ses environs.

Mohamed Nait Youssef

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