La monarchie et le mouvement national

La conjoncture actuelle dans laquelle se trouvent les partis politiques du pays, à leur tête, ceux du mouvement national, laisse planer un certain scepticisme plus accentué que jamais. Il est bien vrai que ces derniers s’affrontent à des moments ardus, souvent marqués par des frictions intestines qu’ils devraient aplanir au plus vite, dans la concorde et la raison. Ils perdent du terrain et éprouvent beaucoup de peine à se ressaisir, au fil du temps. De surcroît, ils se sentent leurrés et lâchés, en cours de chemin, au profit des autres qui occupent leur place de naguère, sans qu’ils n’en soient au moins ni légitimes ni crédibles.

Cependant, il y a lieu d’affirmer que cette situation mitigée à laquelle ils sont soumis ne saurait rassurer, du fait qu’elle renie d’un coup frontal, le «pacte» de l’unicité qui liait la monarchie aux anciens partis et aux forces vives de la Nation. Ce long parcours pavoisé de prouesses, depuis l’anti-indépendance à l’alternance, en passant par l’entame du processus démocratique pour édifier l’état moderne, n’aurait jamais été possible sans la symbiose qui unissait ardemment ce binôme indissociable.

Certes, le monde a changé et les visions de gestion aussi. Les jeunes marocains d’aujourd’hui n’ont pas enduré le joug colonial du petit Djihad et les années de plomb du grand Djihad. Ils n’ont pas vécu feu Mohamed V que leurs parents ont vu sur la lune, ni connu Allal Fassi, Abderrahim Bouabid ni Ali Yata… Mais, le Patriotisme, lui, fondé sur les valeurs de la fidélité et de l’appartenance, ne change jamais. On l’a dans le sang et l’arbore contre vents et marées. C’est ce qui fait la différence ! Oserait-on si froidement, après tant de côtoiement, trahir ce legs de militantisme partagé pour se fier à toute une génération de dépravateurs et, en conséquence, hypothéquer l’avenir de toute une Nation ?

Durant donc des décennies, sans répit et en dépit des périodes de grincement, la royauté s’est alliée avec le mouvement national pour les causes suprêmes de la Nation et du Peuple. Ils l’ont fait en commun, avec dévouement et bravoure. Ils ont poursuivi la lutte pour construire ensemble le Maroc de la démocratie, du progrès et de la justice sociale. Ils ont assuré de concert, dans la stabilité, les conditions idoines de la Transition…Ce serait alors ingrat et insensé de tourner le dos à cette compagnie de si haute authenticité!

Il est donc bien clair que les grandes épopées du Maroc contemporain, depuis plus d’un demi-siècle, ont été l’œuvre de cette alliance Monarchie/Mouvement national. Nul ne peut contester ces flammes retentissantes qui ont illuminé l’histoire du royaume, suite au socle planté, dès l’aube de la résistance, par ces deux forces fondatrices. En fait, leur mission mutuelle est loin d’être achevée ! Et ce n’est nullement pas le moment de sommer la séparation d’une manière unilatérale, au regard de tous les maux qui persistent encore. On a beau tenté de préfabriquer, des partis hybrides, pour résilier ce «pacte» historique, à chaque fois, c’était l’échec cuisant.

Sur ce, on finit toujours par faire appel à son allié d’antan pour sortir indemne du goulot d’étranglement (lutte contre l’occupant, fondation de l’Etat moderne, animation de la marche verte, conclusion de l’alternance, gestion du printemps démocratique…). On n’a pas finalement le choix que de se rendre à l’évidence. La route de la patrie est bien tracée!

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