Nabil Benabdallah: «Les questions de la démocratie et des libertés ne figurent pas sur l’agenda gouvernemental»

Dans la perspective du onzième congrès national

«On ne peut que souhaiter que le gouvernement actuel réussisse dans sa mission, car il y va de l’intérêt du pays» , a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), jeudi 24 mars à Casablanca, lors de la rencontre organisée par la section provincial du Parti à Ain-Chock, consacrée au débat du document interne intitulé : «Dans la perspective des préparatifs du XIe Congrès national : pistes de réflexion et de débat».

«Il est certes que l’avènement de ce gouvernement a coïncidé avec une période difficile, ponctuée par les effets indésirables de la pandémie et la guerre menée par la Russie qui a compliqué davantage la situation, mais cela ne le dispensait point de ses responsabilités, celles d’affronter la réalité et résoudre les problèmes du pays», a-t-il avancé.

Il faut dire, selon le conférencier,  que ces facteurs néfastes ont eu des répercussions graves aussi bien au niveau économique, social que politique. D’ailleurs, a-t-il expliqué que l’état d’exception sanitaire a relégué au second plan le véritable rôle du Parlement dans le débat public ou encore la nécessité de leur implication  dans le processus décisionnel y compris dans les Etats les plus démocratiques, tout en mettant en garde contre le fait d’instrumentaliser une telle mesure pour qu’elle  deviendrait une règle.

 Abondant dans le même ordre d’idées, le chef de file du Parti du Livre a recommandé au gouvernement de ne point sous-estimer le facteur de la montée vertigineuse des prix, car toute personne responsable ne souhaite que notre pays entre dans «une zone de  trouble», a-t-il averti. 

 Cela étant, «nous avons ô combien besoin aujourd’hui et plus que jamais d’une classe politique et d’un mouvement associatif qui devraient inscrire leurs actions dans une démarche interactive en s’appropriant l’espace médiatique afin de communiquer avec les citoyens», a-t-il prôné. C’est ainsi qu’il a appelé le gouvernement à retrousser les manches en faisant preuve de courage et de présence politique plus forte au lieu de sombrer dans une faiblesse communicationnelle, a-t-il déclaré avec insistance.

Les Marocains attendent des mesures palpables

Dans ce sens, le leader du Parti du Livre a prévenu contre les campagnes de dénigrement de l’action des partis politiques, car la démocratie ne peut se concevoir sans un champ politique fort.

Malheureusement, force est de constater que les problématiques de la démocratie ou  des libertés, entre autres, ne sont point inscrites sur l’agenda gouvernemental.

S’agissant de l’amélioration des conditions de vie, le dirigeant du PPS a souligné que les Marocains attendent des mesures palpables et non pas des promesses. Il est vrai que des efforts ont été déployés pour soutenir plusieurs catégories sociales, notamment  des entreprises, mais cela n’est pas suffisant.

Comme quoi, l’heure est à la solidarité, a-t-il déclaré avec insistance. Benabdallah a fait ainsi allusion à certains opérateurs de distribution des hydrocarbures, qui sont tenus par obligation morale à faire montre d’un élan de solidarité à l’égard du pays. Il ne faut pas omettre que  ces mêmes opérateurs ont réalisé des superprofits s’élevant à plus de 38MMDH, a-t-il fait remarquer. Et le gouvernement ne manque pas d’atouts pour ajuster la situation en agissant, par exemple,  sur la composition du prix des carburants. Et ce n’est pas tout, le responsable du PPS a appelé l’Exécutif à départir de son mutisme  en engageant des réformes  ayant une dimension politique afin de crédibiliser l’action politique. Cette crédibilité passe impérativement par  la valorisation de l’action des acteurs politiques, notamment les partis politiques qui ont fait l’objet d’un black-out médiatique, notamment les chaînes de télévision lors de la période pandémique et ce en dépit des efforts déployés par les partis et le sens de solidarité dont ils expriment à l’égard des citoyens. Cette image injuste qu’on voulait relayer à travers les médias, c’est comme si on voulait dire que les partis ne servent à rien, a-t-il déclaré non sans amertume.

Respecter le choix démocratique

Il va sans dire, a-t-il poursuivi, que le choix démocratique fait partie des constantes de la nation comme le dispose la Constitution du Royaume, sinon à quoi servent les élections si ce n’est que de faire émerger une élite, capable de  gérer la chose publique. Comme quoi les attentes sont énormes et le gouvernement est sensé remplir ses attributions qui lui sont garanties par la loi suprême du pays en occupant fortement l’espace politique et être à la hauteur de ses engagements émis lors de la campagne électorale.   Alors qu’il ne cessait de scander haut et fort le slogan de l’Etat social, Benabdallah a rappelé que ce concept qui appartient au registre de la pensée socialiste progressiste consiste, en fait, à défendre le principe du service public et devrait être une priorité de l’agenda gouvernemental, aussi bien au niveau du système éducatif que celui de la santé (école, hôpital).  C’est ainsi, qu’il a invité le gouvernement à rattraper son retard et aller au terrain afin de réussir sa mission. Sans sombrer dans une approche nihiliste, le leader du PPS a émis le souhait que ce gouvernement apportera une valeur sûre en respectant son programme électoral, sa déclaration prononcée devant les élus de la nation, sans oublier les mesures incluses dans la loi des finances.

Préserver l’identité du Parti

S’agissant des préparatifs pour le prochain Congrès national, le Secrétaire général du PPS a mis l’accent sur le fait que l’un des enjeux majeurs de ce rendez-vous crucial est celui de préserver l’identité du parti et son autonomie décisionnelle, tout en étant un parti socialiste ouvert et innovant, abstraction faite des personnes. Le Secrétaire général du PPS a rappelé dans ce sens la démarche adoptée pour les préparatifs du prochain Congrès, une démarche qui s’inscrit aux antipodes de l’approche classique et tient à impliquer tous les forces du Parti, (dirigeants, militants, secrétaires locaux et provinciaux, organisations parallèles et élus…). Et d’ajouter que le Congrès aura la tâche de réfléchir sur les mécanismes qui renforcent le rôle du Parti pour qu’il soit davantage utile sans trahir son histoire qui remonte à 80 ans, marquée par un combat militant pour la défense de la démocratie et les institutions élus. Le souci primordial est celui de faire respecter les attributions des institutions élues (régions, communes…) et renforcer la présence des Partis politiques loin de toute logique saisonnière.

En fait, le document trace les pistes permettant l’amélioration de l’action du Parti, que ce soit  sur le plan de communication ou de son fonctionnement à travers l’implication de tous les militants afin de renforcer la démocratie interne, la redéfinition des droits et devoirs des militants,  le renforcement de la liberté d’expression conformément aux règles et statuts du Parti… Bref, l’objectif escompté consiste à conforter l’identité du Parti, son référentiel et son autonomie dans le cadre de la légalité, a-t-il affirmé.

Notons par ailleurs que l’ouverture du débat a été assurée par Loubna Srhiri, députée du PPS et Secrétaire générale de la section provinciale du Parti à Aïn Chock.

La militante du PPS a mis l’accent sur le fait que le Parti entame les préparatifs pour le XIe  Congrès dans un climat de mobilisation et dans le cadre du respect des institutions du parti et ses statuts, tout en étant soucieux de mettre en œuvre le principe de la démocratie interne, en procédant par une réflexion collective qui est basée sur une démarche participative. En somme, le XIe Congrès vise à instaurer une dynamique pour améliorer les mécanismes organisationnels pour qu’elles soient efficientes et efficaces.

Khalid Darfaf

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