«Notre espace est ouvert à tous les fans de la création»

A l’occasion de la Fête du Trône, la Galerie la Kasbah d’Essaouira abrite du samedi 30 juillet au 25 août 2016 les œuvres plastiques de Philippe Veyrier et Abdellah Oulamine, deux artistes singuliers au Maroc comme à l’étranger. Cette exposition-hommage est dédiée au parcours créatif de l’artiste Brahim Mountir (né à Tidzi, au pied de la montagne et au milieu des arganiers du pays Hahî) qui a perdu la vue à cause de son diabète. Entretien avec Kebir Attar, fondateur de la Galerie La Kasbah à Essaouira.

Question : Comment défendez-vous l’originalité  de cette exposition organisée en hommage à l’artiste  Brahim Mountir?

entretien  expoKebir Attar : Le choix de cet artiste hors pair n’est pas un simple hasard. C’est un acte de reconnaissance à l’égard de son parcours artistique novateur. Il est catalogué parmi les artistes majeurs d’Essaouira, grâce à sa grande sensibilité et son esprit curieux. Un artiste – abeille reconnu pour ses estompes à base de pollen comme disait l’écrivain ethnologue Abdelkader Mana (Rivages d’Essaouira). Il lui a confié : «Mon travail, c’est à la fois le printemps et le dindon ! (rire) L’encre, je le tiens des fleurs du printemps et mon pinceau est une plume du dindon ! On reste toujours avec la nature parce qu’il n’y a pas mieux que la nature. L’encre et la matière, je les fabrique moi-même une fois par an à partir du coquelicot (rouge) d’une fleure bleue que les berbères nomment « l’œil d’une romaine » et de toutes les autres couleurs du printemps. Si je ne garde que le rouge, j’aurai une couleur un peu forte pour mon goût, de même que si je garde le jaune ou le bleu à l’état pur. Avec l’extrait de mélange de toutes les couleurs de la prairie, j’obtiens une couleur rose que je laisse stagner un bon moment. Au bout d’un an, elle vire au marron-sombre. Une couleur qui ne change plus, mais plus elle vieillit, plus elle devient belle».

Avez-vous initié le cycle de «reconnaissance et de gratitude» par l’exposition des œuvres de Philippe Veyrier et Abdellah Oulamine?

Notre galerie a le grand plaisir de présenter les œuvres de Philippe Veyrier et Abdellah Oulamine qui, particulièrement, interpellent notre attention et révèlent aux yeux des passionnés une formidable aventure artistique que nous voulions à notre tour transmettre au public. Des  tableaux poignants  illustrant la qualité de leurs  recherches plastiques.

Nous sommes convaincus que leur langage envoutant s’inscrit dans une dynamique d’innovation et de renouveau en termes de picturalité, tout en gardant la noblesse expressionniste de la pratique picturale. L’idée étant de valoriser davantage cette peinture de haute facture, qui fait la fierté des arts plastiques d’ici et d’ailleurs. La qualité de leur univers visuel rime si bien avec la qualité de notre espace patrimonial qui se veut un lieu d’ouverture, de retrouvailles, d’échange et de partage : une plate-forme interculturelle et polyvalente. D’ailleurs, pour illustrer parfaitement cette vision transversale, la Galerie «la Kasbah » est aménagée telle une demeure de la mémoire avec différents espaces autonomes.

Un mot sur l’esprit de votre galerie?

Le nouveau concept de cet espace interdisciplinaire allie art et culture, authenticité et modernité, création et créativité.  Il est ouvert à tous les passionnés et les fans de la création, styles et tendances confondus. Il s’agit d’un espace dédié à la promotion de la culture artistique dans sa diversité et sa singularité. Un véritable hommage à l’art au pluriel et aux créateurs modernes et contemporains.

Notre galerie s’inscrit dans une démarche participative motivée par une sensibilité forte à la richesse de notre mémoire visuelle, et s’inscrit ainsi dans une vision de valorisation de notre capital immatériel. Cette démarche interactive repose sur deux volets complémentaires : volet  des  expositions permanentes et temporaires et un autre volet  riche en activités  pédagogiques et  socioculturelles. Le but majeur  de la direction  étant de faire  connaitre notre richesse artistique  et de faire valoir notre potentiel créatif, tout en contribuant à l’essor des arts visuels d’ici et  d’ailleurs.

Hassan Moutaki

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