Un nouveau bras-de-fer entre Washington et l’autorité Palestinienne

Jamais aucun locataire de la Maison Blanche n’a fait autant parler de lui que le 45ème Président des Etats-Unis et, de surcroit en moins d’une année. En effet, après avoir clamé son souhait de faire sortir les Etats-Unis des accords de Paris, de ceux dits du nucléaire iranien, de l’UNESCO et de tant d’autres encore, voilà Donald Trump qui s’acharne à faire sortir son pays des accords de paix israélo-palestiniens.

Rompant le 6 décembre dernier avec ce consensus international qui, en vertu du corpus separatum par lequel, en 1947 et dans le cadre du plan de partage de la Palestine, l’O.N.U avait conféré à la ville sainte de Jérusalem un statut unique qui ne la mettait ni sous souveraineté arabe ni sous souveraineté juive et encourageant les dirigeants israéliens à poursuivre, sans relâche, l’édification d’habitations pour les colons au mépris des lois et règlements internationaux et des nombreuses résolutions onusiennes, le nouveau Président américain a, d’un seul coup, dénoncé la politique de «neutralité» que les Etats Unis mènent dans la région depuis près d’un demi-siècle…

Aussi, pour montrer leur profonde désapprobation, les responsables palestiniens ont choisi de ne point recevoir le vice-président américain Mike Pence lors de la tournée qu’il a effectué du 20 au 23 Janvier en Egypte, Jordanie et Israël ; ce que Donald Trump a considéré comme étant «un manque de respect» envers un haut responsable de l’administration américaine alors que Hanane Achraoui, la haute dirigeante de l’OLP voit, pour sa part, dans le refus de rencontrer son oppresseur, un «simple respect de soi» et que Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de la Présidence palestinienne, rejette, de son côté, toute négociation sous médiation américaine tant que l’administration américaine ne reviendra pas sur sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat juif.

Profondément vexé, Donald Trump a déclaré, de Davos en Suisse où il assiste au Forum économique mondial, «Nous leur avons donné des centaines de millions  (et)  cet argent ne leur sera plus versé à moins qu’ils ne s’assoient et négocient la paix» avant d’ajouter, pour essayer d’arrondir les angles, qu’en tenant compte du fait que la question de Jérusalem reste «le sujet le plus difficile des négociations», son administration l’a retirée des pourparlers et compterait même faire une «excellente proposition de paix» car les israéliens «veulent faire la paix».

Mais de quelle paix le Président américain parle-t-il s’il a, d’un simple revers de manche, écarté toute idée de création de deux Etats en encourageant l’Etat sioniste à poursuivre impunément sa politique d’implantation des colonies et délibérément choisi de faire quitter à Washington le fauteuil de juge pour lui faire endosser l’habit de partie au conflit alors que les pourparlers israélo-palestiniens qui piétinent depuis les accords d’Oslo de 1993 n’ont pas bougé d’un iota depuis 2014 ?

Raisonnement difficile que celui qui consiste à essayer de comprendre les appréhensions d’un pyromane qui veut s’improviser pompier et qui se trouve être, par ailleurs, à la tête de la plus grande puissance de la Planète!

Nabil El Bousaadi

Top