Obésité morbide : 10 millions de Marocains en surpoids

La fréquence de l’obésité au Maroc a connu une augmentation significative depuis quelques années.  Selon les résultats d’une étude nationale de l’anthropométrie conduite par le Haut Commissariat au Plan (HCP), 10 millions de Marocains sont en surpoids et 3, 6 millions sont en situation d’obésité morbide. Pour informer et sensibiliser les citoyens sur les moyens préventifs et le traitement de l’obésité, le docteur El Hassan Tazi,  spécialiste en chirurgie esthétique et de la prise en charge de l’obésité, a présenté devant un parterre de journalistes (presse écrite et audio-visuelle) une importante conférence sous le thème : «le défi de l’obésité».

Qu’est ce que l’obésité?

L’obésité est définie habituellement comme un excès de poids par augmentation de la masse graisseuse d’un individu. Selon l’OMS, on peut définir l’obésité d’une personne en fonction de son IMC (indice de masse corporelle) en divisant son poids (exprime en kg) par sa taille au carré (exprimée en m).

Le surpoids est atteint quand l’indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids au carré de la taille en mètre) dépasse 25. L’Organisation Mondiale de la santé a défini l’obésité en fonction de  la classification suivante :

Pour la corpulence normale, l’ l’indice de masse corporelle (IMC) se situe entre18 à 2. Quant à la Surcharge pondérale ou embonpoint, l’IMC est situé entre  25 à 30. Pour l’obésité modérée, l’indice de masse corporelle (IMC) est entre 30 à 34. Pour ce qui est de l’obésité sévère, l’indice de masse corporelle (IMC)  se trouve entre 35 à 39.

Quels sont les risques lies à l’obésité?

L’excès pondéral est responsable de  morbidités accrues (diabète sucre, hypertension, dyslipidémies, maladies cardio-vasculaires, accidents vasculaires cérébraux, arthrose, apnées du sommeil, lithiase biliaire et certain cancers). Les risques de mortalité sont augmentés, d’autant plus que l’obésité est sévère et précoce. Les risques de maladie associés dépendent de l’âge et des pathologies déjà présentés. Sur le plan psychologique et social, l’obésité représente une gène fonctionnelle dans la vie de tous les jours. Elle crée des difficultés à l’embauche et de fréquentes mises en invalidité pour raisons médicales. Elle est source de discrimination sociale chez l’adulte comme chez l’enfant et entraine souvent une dépression.

Un réel problème de santé publique

Parler de l’obésité, des complications inhérentes à cette pathologie, c’est avant toute chose se tourner vers le passé, dans les années 60 et 70, où l’obésité au Maroc était toute relative, n’inquiétait  pas outre mesure, car le nombre de cas était presque insignifiant.

Mais 40 ans après et plus particulièrement  en 2016, on se trouve face à  un réel problème de santé. En effet, ce sont 10 millions de Marocains qui sont en surpoids et 3,6 millions qui sont en situation d’obésité morbide. L’obésité entraine un cortège de comorbidités, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, certains cancers (colon, sein) et certaines complications respiratoires, sans compter l’impact psychologique et les effets néfastes sur la qualité de vie.

Pire encore, selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 14% des enfants Marocains scolarisés souffrent d’obésité. Nous sommes face à un réel problème de santé publique, auquel il s’agit de faire face en prenant en compte toutes les données susceptibles de modifier la tendance et d’infléchir la courbe de l’obésité dans notre pays.

Plaidoyer pour lutter contre l’obésité

Jamais dans l’histoire de notre pays,  pareille évolution n’a été observée, ce qui bien entendu inquiète, surtout quand on connait les conséquences et les complications fâcheuses sur l’état de sant2 des individus qui souffrent d’obésité.

Pour le docteur El Hassan Tazi , l’enjeu est de taille et une mobilisation générale devient aujourd’hui nécessaire et urgente pour assurer aux malades atteints d’obésité une meilleure prise en charge globale, qui requiert les compétences et l’implication de l’ensemble des différents professionnels de santé, œuvrant de façon complémentaire et coordonnée, dans le respect des patients, pour les aider dans leur parcours à tous les âges de la vie.

Le docteur Tazi a fait un véritable plaidoyer , appelant de tous ses vœux une implication gouvernementale face à ce fléau des temps modernes, une implication dont l’objectif et de prévenir et de traiter adéquatement l’obésité, car dira le conférencier : « si nous inversons la tendance, si nous freinons l’augmentation  des prises de poids, si nous luttons contre l’obésité, nous n’en tirerons que des bénéfices de santé pour notre population et des économies considérables pour notre pays, pour nos caisses de mutuelle et d’assurance maladie…».

A l’évidence, cette initiative citoyenne de s’impliquer activement dans la lutte contre l’épidémie de l’obésité, est une action louable qui va permettre de faire encore prendre conscience à tous de la menace  que représente l’obésité.

L’obésité infantile

La grande majorité des parents sont conscients des effets néfastes d’une mauvaise alimentation, de la prise excessive de poids, de l’obésité et de ses complications et  des retombées négatives sur la santé de leurs enfants.

Mais la réalité de tous les jours, dans le quotidien des uns et des autres, de nombreuses familles est toute autre.

En effet, on a beau dire et répéter que le surpoids et l’obésité infantile sont des facteurs de risque et que de ce fait, il est important de donner à ses enfants une alimentation équilibrée. Toutefois, les parents font le contraire.
A côté des friandises, des gâteaux à la crème, des pizzas, des Macdo, des sodas, des nombreux verres de thé fortement sucrés, du beurre, fromage, Mssamen, Batbout, crêpes au miel et autres produits gras que l’on donne à tous les repas, il y a le manque d’activité physique qui n’arrange rien. C’est dire tous les problèmes de santé qui peuvent découler de telles habitudes alimentaires, surtout au sein des familles qui maintiennent certaines traditions culinaires qui privilégient les tagines, les sauces…

Pour une approche préventive

Il faut encourager votre enfant à pratiquer une activité physique adaptée à son âge. Il pourra éventuellement faire du sport avec ses camarades, aller à pied à l’école.
Evitez autant que possible les déplacements en voiture pour des petites courses. Encouragez vos enfants à monter les escaliers au lieu de prendre l’ascenseur, ne les laissez pas tout le temps collés devant le poste de télévision ou accrochés toute la journée à  leur ordinateur ou console de jeux, des gadgets qui figurent aussi au banc des accusés, comme des facteurs de sédentarité.

Il est important d’avoir une attitude cohérente, ne pas être dans l’obsession ou la culpabilisation permanente et ne jamais prendre un enfant obèse ou en surpoids sous l’angle de l’accusation.
Il faut essayer de comprendre et de donner des règles de bon sens sur l’alimentation. Nous devons revenir aux bases de l’équilibre alimentaire, à la cuisine à l’huile d’olive, aux légumes et aux fruits, à la cuisine méditerranéenne qui autrefois était la règle au sein de tous les foyers au Maroc, c’est la voie la plus indiquée pour lutter contre l’obésité. Apprendre aujourd’hui aux jeunes enfants tous les bienfaits d’une alimentation saine et équilibrée contribuera certainement à en faire des individus sains pour demain.

La lutte contre l’obésité est l’affaire de tous. Nous sommes tous concernés : parents, écoles, société, médias. Chacun peut et doit jouer son rôle pleinement et apporter sa contribution, car la lutte contre l’obésité n’est pas et ne sera jamais celle du ministère de la Santé tout seul, mais celle de toute notre société.

Ouardirhi Abdelaziz 

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