Omar Al Bachir devant la justice…

Destitué par l’armée le 11 Avril dernier sous la pression de la rue et après un vaste mouvement de contestation déclenché par le triplement du prix du pain dans un pays à l’économie exsangue, l’ancien général Omar El Béchir, qui a présidé aux destinées du Soudan durant 30 ans après avoir été porté au pouvoir par un coup d’Etat, a été appelé à comparaître, devant la justice de son pays, pour répondre d’accusations de corruption et de possession illégale de devises étrangères.

Pour rappel, le 21 Avril dernier, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah Al Burhane avait déclaré que les nouvelles autorités avaient trouvé, dans la résidence du président déchu à Khartoum, plus de 113 millions de dollars, en devises. Or, en ayant décrété l’état d’urgence le 22 février, il avait lui-même rendu illégale la possession de plus de 5000 dollars en devises et, de ce fait, se trouve ainsi accusé, par la Cour de «possession de devises étrangères» outre le fait «d’avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale et d’avoir ordonné l’Etat d’urgence».

Déféré au parquet en charge des affaires de corruption à Khartoum, l’ancien chef de l’Etat soudanais est arrivé, ce dimanche et pour sa première apparition publique depuis son arrestation, au Tribunal de la capitale, drapé dans une jellaba blanche avec son légendaire turban blanc noué autour de la tête et escorté par un important dispositif militaire.

Cité par l’AFP, Aladdin Dafallah, un responsable du parquet a déclaré que, lors de cette comparution qui n’est que la première étape d’un long processus judiciaire, le président déchu a été «informé des accusations qui pèsent sur lui»; à savoir, corruption, possession illégale de devises étrangères et réception indue de cadeaux.

Ayant regagné sa cellule immédiatement après avoir pris connaissance des griefs qui lui sont reprochés, «Omar El Béchir comparaitra devant un tribunal la semaine prochaine» a déclaré le procureur général du Soudan, Al Walid Sayyed Ahmed. Ce dernier, qui n’a ni dévoilé la date exacte de l’audience ni évoqué l’enquête afférente aux 61 personnes ayant perdu la vie lors de la dispersion, le 3 juin dernier, par les forces de l’ordre, du sit-in organisé par les manifestants devant le QG de l’armée pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils, a tenu, tout de même, à préciser que la justice enquête, également, sur 41 chefs d’accusation visant d’anciens «symboles du régime».

Mais ce ne sont point-là les seules accusations auxquelles aura à faire face l’ancien homme fort du pays puisqu’il est également suspecté de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme et accusé du meurtre de plusieurs manifestants lors de la répression de la contestation populaire ayant abouti à son éviction.

Et même si, pour l’heure, il ne semble pas que les nouvelles autorités militaires du pays soient prêtes à le livrer à la justice internationale, Omar Al Bachir reste poursuivi par la Cour Pénale Internationale pour les crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre perpétrés lors de la guerre du Darfour qui aurait fait, selon les Nations-Unies, près de 300.000 morts.

Disons, enfin, pour terminer que si les déboires de l’ancien homme fort du Soudan ne font que commencer, ils s’annoncent très longs et attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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