Ould Houmane: un artiste authentique

A l’occasion du mois sacré du Ramadan et à l’approche de la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 de football qui seront prochainement à la 3e journée de la phase des groupes, dernier Cap avant d’aller en Russie, pour les cinq pays gagnants du Continent dont le Maroc, on vous propose de revisiter ensemble le parcours de certains joueurs ayant accompagné l’équipe nationale en Coupes du Monde (1970 et 1986 au Mexique, 1994 aux Etats-Unis et 1998 en France).

Mohamed Jarir de son vrai nom et plus connu sous son pseudonyme, Ould Houmane, est l’une des légendes ayant s’illustré au panthéon du football marocain aux échelons national et international.

Né le 30 novembre 1944 au quartier Derb Soltane de Casablanca, Ould Houmane a fait ses débuts au Raja en 1955 à l’âge de 8 ans sous la houlette de Feu Abdelkader JalalAl Aazbaqui l’a déniché pour faire partie de la catégorie des minimes avant de continuer sa progression chez les Cadets et Juniors du club des Verts.

Sa première apparition chez les grands fut lors de la saison 1962-63. Peu après, Ould Houmane va devenir titulaire à part entière et va s’illustrer au fil des années pour prendre le nom de Maâlem de l’équipe du Raja qui portait également le surnom des Diables Verts. Le mérite revient à son talent inné mais aussi et surtout au coach Père Jégo qui lui a ajouté la touche technique nécessaire. Car Ould Houmane opérait en demi-défensif actif en débordant de tout terrain avant que le Père ne le repère, remarquant ainsi ses capacités offensives, pour l’avancer d’un cran et le placer dans la zone d’opération en compagnie de l’autre stratège des Verts de l’époque, Hamid Bahij.

Ce fut le véritable début pour Ould Houmane qui allait tracer son chemin vers la gloire en formant un autre duo d’attaque réputé avec Saïd Ghandi dans une formation composée des illustres Petchou, Benene, Braeja, Milazzo, Moussa, Aliouate… et bien d’autres.

En 1967 où il a été déjà propulsé avant de pointe, Ould Houmane joueur élégant, spécialiste du jeu de passe en «une-deux», a réussi le titre de 1er buteur du championnat avec 18 buts, ex-acquo avec Chiadmi du Difaâ Jadidi.

Durant plus d’une décennie, Oulda Houmane qui fut capitaine incontesté, va réussir plusieurs bonnes prestations avec le du Raja même s’il n’y avait beaucoup de titres remportés. Le Raja de l’époque favorisait le jeu spectaculaire inspiré du style brésilien, l’art et la manière, au lieu de la victoire. Il ne s’intéressait pas tellement aux titres. Son premier sacre de champion du Maroc remontait à la saison (1959-1960),sacre qui lui a été chipé après une polémique créée par  la Fédération (FRMF) qui a décidé de faire jouer un tournoi triangulaire entre les trois premières équipes ex-æquo en termes de points du championnat, Raja, FAR et KAC. Le Raja qui était en tête avec la meilleure différence de buts et le meilleur goal-average particulier, ce qui lui donne automatiquement le titre selon les textes officiels de la FIFA, a refusé de participer audit tournoi tripartites en signe de protestation contre cette décision injuste. Ce rendez-vous préfabriqué s’est donc transformé en un match-barrage opposant les militaires aux Kénitréens qui se sont imposés pour remporter un titre toujours incontesté.

C’est ainsi que les coéquipiers d’Ould Houmane, finaliste de la Coupe du Trône face au RAC qui s’est imposé en 1986, vont patienter jusqu’à 1974 pour remporter ce Trophée contre le MAS et récidiver en 1977 au détriment du DHJ sur le même score de (1-0). Pour le premier titre rajaoui de champion du Maroc, il remontait à 1988 avec la contribution de certains joueurs ayant été formés par Ould Houaman, qui allaient confirmer une année après en remportant le premier sacre africain de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions. Bien avant cette époque-là, Ould Houmane ne jouait plus et s’est recyclé en entraineur pour prendre la destinée technique de son équipe préférée à plus d’une reprise entre 1977 à 1983 où il a eu le mérite d’avoir lancé plusieurs joueurs de renom, tels les Abderrahim Hamraoui, Redouane Hajri, Maataoui Tijani etc… avant d’aller faire la même chose chez d’autres clubs tels le TAS, l’Etoile Jeunesse, la Régie des Tabacs…

Si donc Ould Houmane avait réussi une grande carrière en tant que joueur (plus de 14 ans avec le Raja) puis entraineur dans différents clubs, sa consécration mondiale étaitlors de la première participation du Maroc en Coupe du monde au Mexique en 1970. Faisant partie d’une belle ossature composée de feu Bamous, Allal, Ammar, Hajjami, Filali, Boujemaâ, Maâroufi, Faras, Ghazouani, Ghandi… et bien d’autre menés par le Yougoslave Blagoje Vidinić, entraineur des Lions de l’Atlas de cette époque, Ould Houmane va en effet prendre la distinction de marquer le premier but marocain et africain dans cette prestigieuse épreuve face à l’Allemagne du maestro Beckenbauer. Les Lions qui ont tenu la dragée haute aux Allemands menés au score en première mi-temps, vont céder difficilement en seconde partie (2-1) avant de subir une seconde défaite déméritée face au Pérou (3-0) et d’achever sur un match nul (1-1) devant le Bulgarie grâce au but de Ghazouani.

Voila en somme le parcours d’un grand artiste et d’un footballeur infatigable qui est à saluer et qui ne mérite vraiment pas d’être aujourd’hui oublié de tout le monde. Des témoignages de reconnaissance, de sympathie et d’amitié sont d’une grande importance pour le moral de ce grand artiste dont le nom restera gravé dans l’histoire du football national.

Rachid Lebchir

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