Pascal Peyrat: «Notre part de contrat a été menée jusqu’au bout»

Enseignement catholique au Maroc

«L’objectif commun à toutes les écoles de l’ECAM,  consiste à mener à  bien notre mission éducative  en dehors de toute visée mercantile», souligne Pascal Peyrat, directeur administratif du secrétariat général de l’ECAM, en réaction à notre article publié le 25 juin dernier sur notre site https://albayane.press.ma, portant sur les protestations des parents d’élèves.

Il va sans dire, selon Peyrat, que l’ECAM, tout en étant fidèle à ses valeurs, a tenu, depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, à remplir son contrat en tenant compte d’un jeu de contraintes nouveau, indépendant de sa volonté et pour le moins inattendu. Devoir morale oblige, confie-t-il.  Rétorquant à certains critiques, notre interlocuteur explique  que les protestations des parents d’élèves concernant les réductions généralisées, la qualité de l’enseignement dispensé pendant le confinement et la prétendue fermeture au dialogue ne sont pas justifiées. Concernant les réductions généralisées, Pascal Peyrat précise : «Nous comparer à d’autres établissements scolaires qui exigent des frais de scolarité sans commune mesure avec les frais de scolarité des écoles de l’ECAM  est un non-sens». Chiffres à l’appui,  Pascal Peyrat indique que «les charges fixes des écoles de Mohammedia, le Nid Familial et Jacques Hersent, représentent plus de 95% des recettes, l’essentiel concernant les frais de personnel.

«En moyenne, dans nos écoles, les frais de personnels représentent de 75 à 85% des recettes». La complexité du  modèle économique des écoles de l’ECAM, repose sur une maitrise drastique des charges, seul paramètre permettant de maintenir  des frais de scolarité modérés  et un enseignement de qualité. Autre point non moins important, l’argent gagné est majoritairement réinvesti  dans la maintenance des bâtiments et des équipements, dans la formation des enseignants et le développement des outils numériques et pédagogiques.  «Un tel modèle fait qu’il est impossible de faire des réductions généralisées, car alors la santé financière des écoles serait remise en cause», note-t-il avec insistance, avant de mettre l’accent sur le fait  que «le Secrétariat Général de l’ECAM a veillé depuis le début de la crise à ce que la totalité des salaires de  l’ensemble des personnels des établissements soit payée, bien que nous n’ayons encaissé que 50% des frais de scolarité du dernier trimestre, en moyenne».

«Nous n’avons pas souhaité ajouter de la crise à la crise, mais aujourd’hui, certaines écoles font de fait, face à un grave problème de trésorerie», précise-t-il.  Abondant dans le même ordre d’idées, le Directeur Administratif affirme qu’il n’y a «aucune raison  que ceux qui n’ont pas été affectés par la crise s’exonèrent du paiement des frais de scolarité. En réglant les frais, ils vont permettre de faire jouer la solidarité entre familles, et maintenir par conséquent la continuité des cours et le bon fonctionnement des écoles».

D’ailleurs« L’ECAM ne reçoit aucune aide financière, et n’en a reçu aucune pendant le confinement ; nos écoles vivent du paiement des frais de scolarité et d’inscription», avance notre interlocuteur. «A ce propos, et concernant nos écoles de Mohammedia, avec moins de 20 % des parents qui se sont acquittés des frais de scolarité de mois d’avril, mai et juin, nous sommes actuellement inquiets quant à la possibilité d’ouvrir les écoles en septembre», ajoute-t-il.

Pour revenir sur les demandes de réductions généralisées voire de gratuité, Pascal Peyrat  souligne : «nous avons dit dès le début de la crise, que nous n’en ferions pas mais que nous recevrions tous les parents touchés par le confinement et qui en feraient la demande.  A ce jour, plus de 80 demandes de réduction sont en cours d’examen, rien que pour  «Le Nid Familial», et plusieurs centaines de dossiers ont été ou sont en cours de traitement  dans l’ensemble des écoles de l’ECAM». Cependant, «une fois les réductions accordées, certains parents partent sans pour autant régler les frais, ce qui ne solutionne pas le problème de l’encaissement et laisse planer bien des incertitudes», note-t-il.

L’enseignement à distance, un métier à part

S’agissant de certains critiques concernant l’enseignement à distance, Pascal Peyrat est on ne peut plus clair : « Nous sommes face à deux modes d’apprentissage différents, et les enseignants, du jour au lendemain, ont du s’approprier les codes d’un nouveau métier. Cela n’a pas empêché nos enseignants d’assurer la continuité pédagogique demandée par le gouvernement, et je les remercie pour les efforts accomplis. La mission a été remplie, jusqu’au dernier jour de cours et  nous avons fait notre part du contrat, encore une fois, dans un environnement contraint».

Aussi, poursuit-il, « dès le début du confinement, l’ECAM a choisi de privilégier l’ENN (Espace Numérique Nomade), mais rien n’empêchait les enseignants d’ajouter d’autres outils comme Whatsapp ou Zoom, afin de permettre un enseignement davantage synchrone, ce que beaucoup ont fait. » « Nous avons aussi fait évoluer en permanence notre ENN pour le rendre plus interactif.  A titre indicatif, notre plateforme électronique a enregistré environ 30 millions de connexions et les enseignants ont produit plus de 29 500 fichiers et documents pédagogiques »», répond le Directeur Administratif du Secrétariat général de l’ECAM.

Pour lui, on ne peut pas évaluer l’enseignement ainsi dispensé mais on peut évaluer les outils, et l’implication de chacun au travers des connexions. «La véritable évaluation de l’apprentissage des élèves se fera à la rentrée, et déjà les écoles s’organisent pour rattraper les éventuels retards d’apprentissage, dès les premiers jours de septembre. Les cours de soutien nécessaires seront mis en place, avance-t-il. Et ce n’est pas tout, car il  «regrette le fait que certains parents puissent remettre en question la qualité de l’enseignement d’une école qui existe depuis des décennies, au travers du prisme de ce confinement». «C’est une vision tronquée et partisane».

Enfin, Pascal Peyrat rejette catégoriquement les accusations taxant l’ECAM d’avoir enterré les chances de toute option de dialogue, loin s’en faut. «Nous avons, dès le début du confinement, choisi de répondre aux difficultés financières des parents de façon individuelle car tout le monde n’a pas été impacté de la même façon par la crise. Encore une fois, au delà du fait que notre modèle économique ne nous permet pas d’appliquer des réductions généralisées, nous avons considéré qu’il n’était pas juste d’accorder les mêmes mesures pour tous.

Tous les parents qui en font la demande sont reçus par les directeurs ; cela représente un énorme travail  car ils étudient chaque dossier pour y apporter une solution juste, réduction, étalement ou gratuité», note-t-il en substance, avant de conclure que  «cette crise laissera sans doute des traces dans la relation entre parents et écoles,  mais j’ai confiance pour que chacun face preuve  de bonne volonté et de compréhension pour que la rentrée et l’année scolaire se passe bien».

Top