PCF: Fabien Roussel face à d’épineux défis

Le 38ème Congrès national du Parti communiste français (PCF) a porté Fabien Roussel à la tête du parti, en remplacement de Pierre Laurent, qui avait accompli deux mandats, soit huit ans,  en tant que secrétaire national.

Le nouveau dirigeant du PCF a obtenu 442 voix des 569 votants, alors que 127 bulletins ont été comptabilisés blancs ou nuls. Sans aucune voix contre.

Mais, déjà, depuis le mois d’octobre dernier, avec la mise à l’écart de la motion d’orientation stratégique défendue par Pierre Laurent (par 42,1% des votes des adhérents en faveur de Fabien Roussel contre 37,9%), les communistes français ont choisi le changement pour tenter de reprendre du souffle, après quelques décennies de perte de vitesse vertigineuse. Par ce vote, les adhérents ont mis la direction sortante en minorité, même si Pierre Laurent, qui sera président du Conseil national, et de nombreux dirigeants sortants, garderont leurs fauteuils au sein du Conseil national, le nouveau Comité central…

Car depuis le score réalisé, en 1969, après le départ du général De Gaule, par le candidat Jaques Duclos (21, 27% des voix à la présidentielle, devançant le candidat Gaston Defferre de la SFIO – qui donnera naissance au futur Parti socialiste- gagnée par Georges Pompidou), le PCF, depuis l’alliance avec le parti socialiste français et la signature du programme commun de gouvernement, a, progressivement, perdu beaucoup de terrain et d’influence au niveau de l’opinion publique française.

L’érosion avait commencé, exactement, en 1978, avec l’échec du programme commun de gouvernement, et concrétisée lors de l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée, en 1981.

Depuis, le premier parti de gauche de France n’a cessé d’accumuler échec après échec et a accusé, valeur d’aujourd’hui, la perte de 400 000 adhérents…

Il faudra dire que les tentatives de redressement du PCF n’ont abouti qu’à un affaiblissement, chaque jour plus, du parti qui revendiquait tous les qualificatifs… (parti du peuple de France, de premier parti de France, du premier groupe parlementaire…).

Aujourd’hui, le PCF est, hélas, loin des scores historiques de l’après guerre, qui le plaçaient comme premier parti de France, avec, en 1946, 28,26 % des suffrages et 182 sièges à l’Assemblée nationale.

L’on est également loin des résultats législatifs de 1973, quand le PCF obtenait 21,34 % des voix, ( le PS ne comptait que 19,18 % ou encore de 1974, quand il sera devancé par le PS avec 26,28 contre 22,83)…

Le dernier score du PCF est celui obtenu au scrutin législatif de 2017 (2,7%), suivi de mauvais sondages pour les futures élections européennes.

C’est dire que le nouveau secrétaire national et la toute fraiche direction auront la lourde charge, d’abord, de stopper l’hémorragie et, ensuite, renouer et réconcilier le parti avec les Français.

Cela passe, selon le nouveau dirigeant, par l’adhésion du parti aux mouvements revendicatifs que vit la France, dans la conjoncture politique et sociale actuelle.

Déjà, Fabien Roussel tend la main aux «gilets jaunes» et à tous ceux qui souffrent de la hausse du coût de la vie dans l’Hexagone.

Un intérêt particulier est accordé au «mouvement contre la vie chère et l’injustice sociale et fiscale», un peu oubliés par les militants du parti…

En clair, comme il l’a déclaré le PCF est «résolument aux côtés des travailleurs, des retraités assommés par la hausse des prix des carburants, qu’ils portent ou non un gilet jaune».

Mais la bonne volonté ne saurait, à elle seule et sans une stratégie dûment pensée, refaire vivre ce grand parti de ses cendres. Car, à défaut d’homme providentiel,  le PCF a aussi et surtout besoin d’une grande présence sur le terrain.

Mohamed Khalil

Les scores du PCF aux présidentielles

1969 : Jacques Duclos (21,27%)

1981 : Georges Marchais (15,35%)

1988 : André Lajoinie (6,76)

1995 : Robert Hue (8,64%)

2002 : Robert Hue (3,37%)

2007 : Marie-George Buffet (1,93%)

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