Pékin réforme la « Loi fondamentale » de Hong Kong

Attendons, pour voir…

Le vent de révolte qui avait commencé à souffler sur l’île de Hong Kong, en 2019,  a mis les autorités de Pékin devant la nécessité d’une « reprise en main » musclée de l’ancienne colonie britannique alors même que cette dernière bénéficiait d’une semi-autonomie en application de la clause « un pays, deux systèmes » dûment fixée par l’acte l’ayant rétrocédée, en 1997, aux autorités de Pékin.

C’est à ce titre que ce mardi et sans même que le LegCo (Parlement hongkongais) n’ait été consulté, le Président Xi Jinping  a  promulgué une loi modifiant la Loi fondamentale (Basic Law) ; cette mini-constitution qui garantissait à Hong Kong des libertés inconnues dans le reste de la Chine.

Si les détails de cette loi n’ont pas été dévoilés aux 7,5 millions d’habitants de ce territoire du sud-est de la Chine et qu’elle avait été votée à l’unanimité des 167 membres du comité permanent du Parlement chinois deux semaines auparavant, il convient de relever que Carrie Lam, la cheffe pro-chinoise de l’exécutif de Hong Kong s’en est félicité car, à ses yeux, avec cette réforme, « la politisation excessive de la société et le clivage interne qui a déchiré Hong Kong vont pouvoir être atténués ».

Reconnaissant que tous les amendements proposés ont été votés à l’unanimité, Tam Tiu-chung, le seul représentant de Hong Kong au sein de l’organe décisionnel suprême du Parlement chinois, tiendra à signaler, par ailleurs, que cette loi prévoit de faire passer de 70 à 90 les membres du LegCo.  Mais si, parmi ceux-ci, seuls 20 sièges seront, attribués au suffrage universel direct à des candidats qui, au préalable, auront été « approuvés » par « le Comité pour la sécurité nationale et la police de la sécurité nationale », c’est dire que, désormais, c’est le pouvoir chinois qui jugera le « patriotisme » des candidats. Pour le reste, 40 sièges seront attribués par un comité de personnalités réputées pro-Pékin alors que les occupants des 30 derniers sièges seront désignés par des groupes socioprofessionnels selon un système « alambiqué » qui avait déjà cours et qui avait toujours été favorable au gouvernement central.

Mais même si, lors d’une conférence de presse, Zhang Xiaoming, un haut responsable du bureau des affaires de Hong Kong et de Macao du gouvernement chinois, a justifié cette « réforme » par le « chaos » qui s’était emparé, en 2019, de l’ancienne colonie britannique lors des manifestations contre le gouvernement chinois, force est de reconnaître que l’une des principales revendications des manifestants était justement l’avènement du suffrage universel.

Or, en empruntant un chemin radicalement opposé visant à marginaliser complètement l’opposition hongkongaise et en orchestrant, depuis lors, une implacable répression, Pékin a été accusé, par Londres, d’avoir renié la déclaration sino-britannique ayant présidé à la rétrocession de l’ancienne colonie britannique aux autorités chinoises. 

Enfin, après l’adoption, en juin dernier, de la fameuse loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, la réforme de ce mardi vise non seulement à accentuer les prérogatives du pouvoir central chinois dans l’île mais aussi à y marginaliser totalement le rôle de l’opposition locale en s’inscrivant dans la continuité des efforts que ne cesse de multiplier la Chine pour consolider son emprise sur cette importante place financière. Y parviendra-t-elle ? Tout plaide en sa faveur hormis la communauté internationale mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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