Petr Pavel, nouveau président de la République tchèque

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

A l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle qui s’est déroulée, en Tchéquie, ce samedi 28 Janvier, et à laquelle ont participé 70,25% des 8,4 millions d’électeurs, après une campagne acrimonieuse marquée principalement par la controverse concernant l’Ukraine, c’est l’ancien général Petr Pavel, 61 ans, qui, après avoir recueilli 58,32% des suffrages exprimés contre 41,67% pour son rival, le milliardaire et ancien Premier ministre Andrej Babis, va succéder au président Milos Zeman dont les liens avec Moscou sont devenus très ambigus depuis l’invasion de l’Ukraine.

Ancien président du comité militaire de l’OTAN, Petr Pavel, qui est un héros de la guerre de Bosnie, s’était fait connaître du grand public, en 1993, lorsqu’il avait volé au secours des soldats français assiégés par les Serbes avant d’occuper le poste de chef de l’Etat-major Tchèque puis d’accéder à la présidence du comité militaire de l’OTAN.

Après avoir reçu les félicitations d’Andrej Babis, le président élu a tenu à « remercier ceux qui ont voté [pour lui] mais, également, ceux qui ne l’ont pas fait et qui sont venus aux urnes, car ils ont clairement indiqué qu’ils honoraient la démocratie et se souciaient du pays ». Il poursuivra en déclarant que les « valeurs telles que la vérité, la dignité, le respect et l’humilité ont gagné dans cette élection ».

Ainsi, après le dramaturge dissident anticommuniste, Vaclav Havel, qui avait dirigé le pays de 1993 à 2003, puis l’économiste Vaclav Klaus qui en avait pris les rênes de 2003 à 2013 et, enfin, Milos Zeman, dont le dernier mandat expire en mars prochain, l’ancien général deviendra le quatrième président de la république tchèque depuis qu’elle a été érigée en Etat indépendant après s’être détachée pacifiquement de la Slovaquie, en 1993, soit quatre années après que la Tchécoslovaquie ait quitté l’orbite de Moscou.

Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que, bien que son rôle soit essentiellement honorifique, c’est le président de la république qui, en application des dispositions de la Constitution tchèque, assure le commandement suprême des forces armées et choisit le gouverneur de la banque centrale et les juges constitutionnels.

En outre, bien qu’il ait été, tout comme son rival politique Andrej Babis, membre du Parti communiste dans les années 1980 lorsque la Tchécoslovaquie était sous la tutelle de Moscou, Petr Pavel est, désormais, un ardent défenseur de l’appartenance de la République tchèque à l’Union européenne et à l’OTAN.

Le nouveau président tchèque qui a toujours soutenu les mariages homosexuels et les adoptions d’enfants par les couples de mêmes sexes, a promis d’aider l’Ukraine dans sa guerre contre Moscou et d’appuyer la candidature de Kiev au titre de son adhésion à l’Union européenne tout en rappelant, néanmoins, que cette dernière devra « d’abord remplir toutes les conditions » nécessaires dont principalement celles afférentes à la « lutte contre la corruption ».

En appréciant son « soutien à l’Ukraine et à (sa) lutte contre l’agression russe », le président Volodymyr Zalensky, a félicité Petr Pavel et formulé le souhait d’œuvrer ensemble « au bénéfice des peuples ukrainien et tchèque et dans l’intérêt d’une Europe unie » alors qu’en rappelant, de son côté, que la France et la République tchèque « sont liées par des valeurs profondément européennes dans leur soutien à l’Ukraine », le président Emmanuel Macron a déclaré que le nouveau président tchèque serait « le bienvenu à Paris ».

Enfin, en saluant le « ferme attachement [de M. Pavel] aux valeurs européennes », la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tenu à préciser que son « expérience en matière de sécurité, de défense et de relations extérieures sera précieuse pour maintenir et renforcer l’unité de l’Europe au service de l’Ukraine ».

Toutes ces déclarations ne faisant que confirmer – s’il en était encore besoin – que Petr Pavel est un fervent partisan d’un soutien militaire à l’Ukraine, il va de soi que le Kremlin est bien loin d’applaudir à son élection à la tête de la République tchèque mais attendons pour voir…

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