Sécurité des patients
Ouardirhi Abdelaziz
Le 17 Septembre 2023 a marqué la 5 ème édition de la journée mondiale de la sécurité des patients. Cet évènement institué par l’organisation mondiale de la santé (OMS) en 2019, est célébré dans le monde entier. Il a pour objectif de promouvoir la sécurité des soins. Le thème de l’édition 2023 est : « faire des patients les acteurs de leur propre sécurité ».Au Maroc, la sécurité des patients n’est pas une approche récente, notre pays accorde depuis de longues années un très grand intérêt aux patients, et il place le malade au centre du système de santé, des prestations de soins et de toutes les préoccupations des professionnels de santé.
Une action mondiale pour la sécurité des patients
La 72 ème assemblée mondiale de la santé a adopté en mai 2019 la résolution WHA72.6 intitulée « Action mondiale pour la sécurité des patients ».
Dans cette résolution, l’Assemblée priait le Directeur général de mettre en avant la sécurité des patients en tant que priorité stratégique fondamentale dans les travaux de l’OMS en matière de couverture sanitaire universelle, approuvait l’instauration d’une Journée mondiale de la sécurité des patients, qui serait célébrée le 17 septembre de chaque année.
Depuis cette date, tous les pays et partenaires internationaux dont le Maroc, sont appelés à faire preuve de solidarité et à mener une action concertée pour améliorer la sécurité des patients. La campagne mondiale, qui porte chaque année sur un thème particulier, vise à mieux faire connaître au grand public et à mieux faire comprendre au niveau mondial le problème de la sécurité des patients et à mobiliser les parties prenantes pour éliminer les préjudices évitables dans le cadre des soins de santé et ainsi améliorer la sécurité des patients.
Qu’est ce que la sécurité des patients ?
La sécurité des patients est définie comme l’absence de préjudice évitable pour un patient et la réduction à un minimum acceptable du risque de préjudice inutile associé aux soins de santé.
Dans le contexte plus large des systèmes de santé, la sécurité des patients est un cadre d’activités organisées qui crée des cultures, des processus, des procédures, des comportements, des technologies et des environnements dans le contexte des soins de santé, aptes à réduire systématiquement et durablement les risques, l’occurrence des préjudices évitables, la probabilité d’erreurs et l’impact des préjudices quand ils se produisent.
Quelles sont les sources courantes des préjudices
Selon le rapport établi par l’OMS, on relève que plusieurs études, et articles de magazines spécialisés au niveau mondial se sont penchés sur les sources courantes des préjudices subis par les patients, qui entrainent de lourdes conséquences, complications, handicapes et parfois la mort.
Pour avoir une vue, une idée sur ces différentes sources qui entrainent des préjudices aux patients, nous présentons ci-dessous quelques exemples répertoriés au niveau mondial.
1 / Il s’agit entre autres des erreurs de prescription. Les préjudices liés aux médicaments touchent le patient sur 30 dans le cadre des soins de santé.
2 / On relève aussi que les infections associées aux soins de santé, dont le taux s’établit à 0,14 % au niveau mondial (et augmente de 0,06 % par an), entraînent une prolongation de la durée des hospitalisations, des handicaps de longue durée, une résistance accrue aux antimicrobiens, une charge financière supplémentaire pour les patients, les familles et les systèmes de santé, et des décès qui pourraient être évités.
3 / Les états septiques figurent aussi parmi les sources courantes des préjudices. Il est utile de rappeler ici pour nos lecteurs, que l’état septique est une affection grave, 23,6 % des cas d’état septique pris en charge dans les hôpitaux, étaient associés aux soins de santé, et environ 24,4 % des patients touchés en sont morts.
4 / Il y a aussi malheureusement les erreurs de diagnostic. Ces erreurs se produisent dans 5 % à 20 % des rencontres entre médecin et patient .Selon des études effectuées par des médecins, des erreurs de diagnostic préjudiciables ont été constatées dans 0,7 % des admissions d’adultes.
5 / Les escarres sont des lésions de la peau ou des tissus mous. Elles apparaissent en raison de la pression exercée sur certaines parties du corps pendant une longue période. Si elles ne sont pas prises en charge rapidement, elles peuvent entraîner des complications mortelles.
6 / Les pratiques d’injection à risque. Chaque année, 16 milliards d’injections sont pratiquées dans le monde et les pratiques d’injection à risque exposent les patients et les personnels de santé à des risques d’effets indésirables infectieux et non infectieux.
7 / Les chutes sont les événements indésirables les plus fréquents dans les hôpitaux. Leur taux de survenue est compris entre 3 et 5 pour 1000 jours d’hospitalisation, et plus d’un tiers de ces incidents entraînent des traumatismes, qui ont une incidence négative sur l’issue clinique et augmentent la charge financière pour les systèmes de santé.
Améliorer les relations patient-soignant
Pour inverser la tendance, éviter tous risques pour le malade, assurer sa sécurité, les professionnels de santé doivent tout mettre en œuvre pour favoriser une relation de confiance patient-soignant pour mieux sécuriser les conditions de prise en charge des malades, respecter les bonnes pratiques et les protocoles des soins qui sont prodiguer, informer le patient tout en insistant sur les recommandations à respecter concernant son traitement, les rendez-vous, l’alimentation…..
Tous ces éléments sont essentiels et demande de la part du médecin, une grande écoute, une disponibilité, un soutien, du réconfort, qui sont autant de qualités qui constituent un socle dans une relation solide, humaine, respectueuse entre soignant et patient. Pour réussir dans cette voie, il faut communiquer avec son malade.
Importance de la communication dans la sécurité des patients
Dans la pratique médicale, quel que soit le secteur d’activité du praticien public ou privé, aucun n’acte, aucune prestation, examen, auscultation, ne peut revêtir une importance, ou avoir une signification pour le patient, si le médecin ne communique pas avec son malade.
Dans le domaine médical, la qualité des premiers contacts, les informations que le patient inquiet attend sur sa maladie, son traitement, son avenir, la confiance qu’il porte à son médecin ne dépendent que de la qualité de la communication entre soignant-soigné.
Les patients sont devenus mieux informés, ils savent beaucoup de choses sur leur maladie avant de consulter un médecin.
Ce qu’ils attendent du praticien, c’est plus de clarté, plus de précision, une meilleure connaissance de leur état de santé. Dans ce cas de figure, le médecin contribue à mieux sensibiliser ses patients, à les rendre plus responsables, mieux outillés pour devenir des acteurs actifs dans le processus de prévention de plusieurs maladies.
Il est clair que la communication représente un levier de réforme du système de santé visant l’amélioration de la qualité de la prise en charge, de l’accompagnement et de la sécurité des usagers et des patients, et partant c’est un devoir déontologique pour tout médecin.
En conclusion, la sécurité des malades est une responsabilité partagée de tous les professionnels de santé (médecins-infirmiers ), et ce, en se basant sur les valeurs suivantes : la mission noble de l’hôpital afin d’assurer la qualité des soins dispensés aux patients, de veiller constamment à l’amélioration continue des soins de jour comme de nuit, en milieu hospitalier ou au niveau des centre de santé .
La sécurité des patients, consiste aussi à donner à tous les Marocains les mêmes chances quand la maladie les rattrape, quand ils sont diminués physiquement et psychologiquement. Il faut que tous fassent l’objet d’un grand intérêt, qu’ils soient soignés équitablement et qu’ils puissent avoir droit à la même qualité des soins.
La sécurité des patients, et des soins de santé sécurisés, consiste à n’exclure personne, de ne pénaliser aucun citoyen sous aucun prétexte.