Portes fermées

Les chiffres augmentent beaucoup plus qu’au début de l’épidémie. Comme maintenant les biostatistiques et les courbes de régression n’ont plus de mystère pour personne, il apparaît clairement que le respect strict du confinement reste le seul moyen pour séparer les personnes atteintes de celles qui sont saines; et, arrêter ainsi la contamination et sa propagation exponentielle.

Avec la résolution sur la médication du mal, les décisions prises par les autorités responsables vont dans ce sens.

Sur le terrain, leur mise en œuvre s’améliore et leur application s’effectue avec des différences tenant de la population et de son degré de conscience sociale. Si l’espoir est grand d’arriver à faire changer les comportements, dans l’attente du changement des mentalités, des uns et des autres pour l’intérêt général de l’ensemble de notre peuple, il apparaît clairement que nous devons faire un effort sur nous-mêmes pour dépasser la situation actuelle de notre société. L’appréhension de l’ordre social n’est pas homogène à l’ensemble de la population dans notre beau pays.

C’est là une preuve de la dégradation de notre système éducatif qui véhiculait, dès l’indépendance du pays, les valeurs nécessaires à la cohésion sociale, á la promotion du savoir et à la prééminence de la souveraineté de l’Etat.

 Malgré le maintien de rares professions reliques, le charlatanisme était alors  combattu  sous toutes ses formes et par toutes les formes. Il s’est ainsi trouvé confiné dans des espaces où le folklore l’emportait de loin sur la conviction.

La régression de l’école publique et la marchandisation du savoir dans notre société, parallèlement à une irruption de l’identitaire passéiste ont permis au charlatanisme, non seulement de devenir une activité ayant pignon sur rue mais une expression sociale populiste qui fait des ravages auprès des résidus du néolibéralisme. Notre société s’est ainsi trouvée non seulement stratifiée avec ses inégalités qui ne cessent d’accroître, mais parcourue dans son ensemble par «une faille transformante» qui fait obstacle de plus en plus à son développement.

Les «décrochements» s’observent partout. Un parmi d’autres : Certains jolis minois de notre corps médical se sont exprimés à travers les médias et les réseaux sociaux. (Merci pour ce qu’ils fonts pour leurs patients et pour leur mobilisation). À leurs conseils relevant de l’hygiène, il n’est pas rare qu’ils associent des suggestions relevant de «ce qui ne les concerne pas».

Par ce biais, le conservatisme se maintient sans qu’il arrive à faire du confinement une condition civique, citoyenne et surtout acceptée. Le réajustement social ne peut se faire sans une éducation populaire généralisée qui vise l’acquisition et la propagation du savoir pour l’émancipation de toute aliénation.

Sur le terrain, la détresse d’une partie de la population qui vit au jour le jour dans l’informel est un problème qui ne laisse personne indifférent. Dans l’attente de ce qu’il adviendra de la solution que nos gouvernants ont trouvé pour ces indigents, la solidarité de notre peuple doit agir. De mille façons on peut assurer la dignité des uns et des autres sans atermoiement ni hésitation. La liste des personnes dans le besoin est connue dans chaque quartier. La générosité prime envers les siens, les proches et les voisins.

La situation de la paysannerie est plus dramatique. Il s’agit des femmes et des hommes de la ruralité mais aussi du cheptel qui souffre des conséquences d’une sécheresse non déclarée officiellement. Pour les deux années á venir, les conditions de vie de nos compatriotes ruraux seront rudes, car après l’épidémie il faut résister et se reconstituer suite à l’aléa climatique et ses nombreuses conséquences. De cela aussi il faudrait s’en occuper convenablement pour affronter les défis qui se posent à notre souveraineté nationale.

Le terreau social, par la misère et la médiocrité qu’il présente et l’usage du dogmatisme et du populisme devient aussi le réceptacle de graines de la violence. Celles et ceux qui veulent “que ça passe même par la casse” donnent de la voix. La vérité terrain montre la fausseté de cette approche.

Ainsi, les agents de l’autorité territoriale qui ont fait respecter la loi tout en faisant le buzz ont été respectueux envers l’autre, simples et sincères dans leur communication, responsables dans leurs comportements et fermes dans leur action. La négation des droits de la personne humaine ne conduit qu’à des drames sans résoudre aucunement les problèmes posés á l’ordre social. La consolidation des acquis sociaux et démocratiques est plus vulnérable en temps de crise qu’en période d’avancée des libertés fondamentales de la personne humaine.

Alors, portes fermées, restons tous chez nous. On fera ainsi le buzz à l’international ; on vaincra le virus et on préparera convenablement notre beau pays et sa population à l’après corona.

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