Présentation de «Collectivités, Territoires et Mal-développement dans les campagnes marocaines» à Rabat

international et ancien professeur à la Faculté des Lettres de Rabat. Le nouvel ouvrage a été présenté, notamment par Moulay Ismail El Alaoui, universitaire et ancien ministre, Driss Merzabi, Consultant ruraliste et Moussa Kerzazi, géographe.
Assistaient à  cette présentation de nombreux professeurs ainsi qu’un grand nombre d’étudiants.
Dans son introduction, Moulay Ismail El Alaoui a signalé d’emblée que cet ouvrage qui est un document de référence pour tous ceux qui s’intéressent à la campagne marocaine pose la problématique de la difficile évolution de ce monde rural qui, tiraillé entre le conservatisme et le progrès, a fini par générer ce mal-développement dont parle l’auteur.
Et l’orateur de poursuivre en signalant que dans son travail, l’auteur insiste sur les problèmes de migration, c’est-à-dire du départ des populations vers un ailleurs, rappelant que  ces déplacements n’ont jamais été enrichissants et qu’au contraire, ils sont restés marginaux au niveau du développement de la connaissance.
Evoquant le Programme d’ajustement structurel qu’avait été contraint d’adopter le pays au début des années 80 du siècle dernier, l’orateur rappelle que tous les secteurs sociaux avaient pâti de cette décision qui avait donné lieu à un éclatement des anciennes structures sociales.
Prenant la parole, Driss Merzabi a rappelé que l’auteur, ruraliste convaincu et résolu, prônant l’importance du travail sur le terrain et l’écoute de la population,  déplore que dans le monde rural, moult projets aient été conduits sans aucune concertation avec les collectivités territoriales, c’est-à-dire avec les populations et qu’il aurait été plus judicieux d’encourager les initiatives créatrices, lesquelles restent  la condition sine qua non d’un véritable développement rural.
A titre d’exemple, pour contrecarrer la dégradation écologique, il est indispensable d’organiser des concertations entre la population et les services publics de manière à aboutir à de véritables schémas d’aménagement et de redonner à ces collectivités restructurées les pouvoirs d’une gestion intégrée de leur territoire en promouvant une articulation convenable entre les collectivités et les communes.
Dans ce cadre, la sauvegarde des cédraies du Moyen-Atlas et la valorisation du potentiel de cette montagne impliqueraient la formation de groupements d’agro-pasteurs. D’ailleurs, les aspects les plus évidents de la dégradation des forêts sont le point de départ de la réflexion de l’auteur. Et l’orateur de rappeler, à ce titre, que plusieurs modèles d’organisation ont été proposés pour concilier la conservation des massifs boisés et l’augmentation des productions ligneuses (exigence d’intérêt national) avec la satisfaction des besoins de la population locale en combustibles végétaux et en fourrage mais qu’ils n’ont jamais été mis en œuvre.
Il a également signalé, par ailleurs, que l’édification des barrages s’est faite sans que soit engagés les aménagements capables de pallier l’érosion à l’amont à telle enseigne que les retenues ont fini par s’envaser.
Un examen attentif des pratiques coutumières montre que les collectivités anciennes respectaient deux principes longtemps oubliés et que les politologues commencent à peine à découvrir ; à savoir, le principe de subsidiarité et celui du développement soutenable.
Ainsi, ce mal-développement dont parle l’auteur et qui n’est pas spécifique au Maroc mais planétaire consiste à gaspiller les ressources, malmener les forêts, le sol, l’eau etc…contribuant ainsi à entretenir des dysfonctionnements  qui accroissent les inégalités.
Dans son intervention, Moussa Kerzazi qui reconnait en l’ouvrage de Gérard Fay une excellente réalisation scientifique, se demande si les mouvements migratoires contribuent à un développement ou à un appauvrissement et rappelle que la nouvelle génération qui n’adhère pas à l’activité agricole aspire à une meilleure qualité de vie dès lors qu’elle voit ses ainés qui se sont expatriés dans les pays d’Europe revenir au Douar passer des vacances de «riches» à bord de belles voitures et drapés de beaux habits.
Expert auprès de la FAO, Gérard Fay a fait, dans son ouvrage, de nombreuses recommandations pertinentes à même de transformer ce mal-développement en un développement durable.
A l’issue de ces interventions, un débat très animé et très instructif a eu lieu entre l’auteur, les intervenants et l’assistance.

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