Le Parlement européen a décidé, ce jeudi 26 Octobre, de décerner le Prix Sakharov 2017 «pour la liberté de l’esprit» à l’Assemblée Nationale Vénézuélienne. Ce prix, du nom de l’ancien dissident soviétique Andreï Sakharov – Prix Nobel 1975 – et doté d’une enveloppe de 50.000 euros, sera remis à cette institution lors d’une cérémonie officielle le 13 décembre prochain à Strasbourg. Mais pourquoi un tel choix et sur quoi le Parlement européen s’est-il appuyé pour attribuer une telle récompense à l’Assemblée Nationale d’une république fédérale d’Amérique du Sud?
Le Venezuela est en proie depuis plusieurs mois à une très grave crise économique et politique. Or, bien que les nombreuses manifestations des opposants au régime du Président Madurose soient soldées par près de 125 morts, celles-ci n’ont pas empêché le pouvoir du Président Maduro d’organiser le 15 Octobre dernier des élections régionales entachées de «très graves irrégularités» et de remporter, ainsi, dix-sept des vingt-trois régions que compte le pays.
Ainsi ce serait donc pour distinguer l’action de l’Assemblée Nationale du Venezuela «privée de tout pouvoir législatif» ainsi que les nombreux opposants emprisonnés que le Parlement européen a décidé d’attribuer ce prix à ladite Assemblée en prenant soin de rappeler, au passage, que d’après le dernier rapport du Foro Penal Venezolano (Forum pénal vénézuélien), une importante organisation vénézuélienne de défense des droits de l’homme, « le nombre de prisonniers politiques s’élèverait à plus de six cents.
Il est à rappeler que, dans le cadre d’une tournée européenne entreprise à l’effet de sensibiliser l’opinion publique du vieux continent sur le conflit qui les oppose au Président Nicolas Maduro, le Président et le Vice-Président de l’Assemblée Nationale vénézuélienne avaient été reçus à l’Elysée en Septembre dernier.
Force est de constater, toutefois, que cette distinction qui rend hommage aussi bien à l’Assemblée Nationale du Venezuela, dominée par l’opposition, qu’à l’ensemble des prisonniers politiques, survient à un moment où l’opposition au Président Maduro semble être plus divisée que jamais.
En effet, alors que le gouvernement vénézuélien avait menacé de destituer les gouverneurs qui ne prêteraient pas serment devant l’Assemblée Constituante, quatre des cinq gouverneurs régionaux relevant de l’opposition et élus lors du scrutin controversé du 15 Octobre dernier ont, tout de même, consenti à prêter serment ce lundi devant une institution composée exclusivement de partisans du Président et ce, bien que la Table pour l’Unité Démocratique (MUD), une coalition d’une trentaine de partis allant de la gauche modérée à la droite, avait contesté la légitimité de cette Assemblée ; une «trahison» violemment dénoncée ce mardi par l’ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles.
Enfin, Guy Verhofstadt, de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (groupe des libéraux au Parlement européen) qui estime que «ce prix soutient les forces démocratiques pour un Venezuela démocratique a appelé, à cette occasion, la communauté internationale à se rallier au peuple vénézuélien dans sa lutte pour la liberté.
Nabil El Bousaadi
