Rabat et Salé… les navires dédiés au transport entre vents et marées

Entre les deux rives, Rabat et Salé, une histoire commune et des liens humains forts. En effet, les moyens de transport anciens et modernes qui lient les deux villes sont de nos jours nombreux et divers : taxi, bus, tramway. Il existe aussi de petits navires faisant la navette en traversant la vallée du Bouregreg.

 A deux pas de la Kasbah des Oudayas et de l’ancienne médina de Rabat, se trouvent des dizaines de bateaux de pêche et de navette. Une activité qui ne date pas d’aujourd’hui, mais dont la rentabilité reste mitigée.

Le temps a passé, les deux villes limitrophes se sont développées, de même que leur population qui se déplace quotidiennement entre les deux villes. Le transport entre les deux villes historiques s’est renforcé au cours du temps et celui par l’eau a perduré.  Beaucoup de familles vivent des gains de cette ancienne profession. Généralement, ce sont des anciens marins qui pratiquent cette activité au crépuscule de leur carrière.

«J’ai commencé à travailler dans ce domaine depuis l’âge de 10 ans. Dans le temps, on travaillait avec les navires des pêcheurs de sardines. Les gens vivaient ici de la pêche. Vers les années 90, les bateaux sont partis. Depuis, nous travaillons avec ces navettes entre les deux rives», confie Ismail, 40 ans, ancien marin exerçant le métier.

«Nous essayons à travers ce métier de gagner notre pain quotidien et d’assurer une meilleure vie aux nôtres.  C’est dur d’ailleurs !  Ce métier était auparavant rentable. Car, jadis, il y avait des casernes militaires, des terrains de foot… et  il y avait une population et une activité commerciale. Aujourd’hui, il n’y a plus rien. C’est une clientèle qui est très limitée qui traverse la ville de Salé à Rabat à travers les bateaux. Certains ne sont intéressés que par une randonnée dans la vallée du Bouregreg», poursuit-il. «Ici, nous vivons uniquement grâce aux touristes marocains. C’est rare que des étrangers viennent pour une visite», explique t-il. Selon lui, cette activité bat son plein pendant la saison estivale et les vacances. Chaque transporteur peut ainsi gagner avec son navire entre 250 dh à 300 dh par jour, souligne Ismail. En hiver, l’activité est plutôt en stand-by.

Pour une randonnée, les prix sont fixés à 40 dhs, 50 dhs ou 80 dhs. «Il y en a qui sont généreux et nous donnent plus que le tarif», souligne t-il.

Au total, ce sont 72 navires divisés en deux des deux côtés de la rive qui assurent le transport. «Nous sommes bien organisés, mais il n y a plus de travail. En fait, il y en a qui exercent d’autres métiers, notamment quand il n’y a plus d’activité. En revanche, on se donne rendez-vous ici quand l’activité croit pendant l’été notamment», souligne l’ancien marin.

Ba Kassem, 60 ans, pour sa part, pratique ce métier depuis 40 ans. «Auparavant, il y avait du travail. Aujourd’hui, ce mode de transport connait de plus en plus une régression», nous précisée t-il.

Avec le ramadan, notamment pendant la nuit, l’espoir des marins renait, confie t-il. «Je suis optimiste pour l’avenir de ce métier d’ici quelques années notamment avec le nouveau projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg», conclut-il.

Mohamed Nait Youssef

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