Rapport de synthèse de l’Université annuelle du PPS

«Les impératifs d’un modèle de développement démocratique, efficient et équitable»

Le PPS a organisé le 13 octobre son université annuelle sur «Les impératifs d’un modèle de développement démocratique, efficient et équitable» avec la participation  d’éminents spécialistes et experts. Cette rencontre intervient à point nommé pour apporter des réponses, ou tout au moins des esquisses de réponses, à la problématique générale de développement de notre pays et aux attentes multiples des citoyens en matière d’emploi, d’accès aux services publics de qualité et de respect de leur dignité.

L’ouverture de cette journée fut marquée par l’intervention du Secrétaire Général du PPS qui a donné le ton et rappelé les termes du débat. Après avoir souligné les réalisations du Maroc au cours des deux dernières décennies notamment dans le domaine des infrastructures physiques,  de la densification   du tissu productif, de la diversification relative de nos partenaires extérieurs à travers l’ouverture du Maroc sur les pays émergents et le continent africain, l’adoption d’une nouvelle constitution etc… il   s’est longuement appesanti sur les limites du modèle de croissance en cours : peu inclusif socialement, peu créateur d’emplois, générateur de multiples dysfonctionnements en matière de distribution de la richesse tant entre couches sociales qu’entre unités territoriales. Ce qui a amené le SG du PPS à annoncer cinq piliers/déterminants devant constituer l’ossature d’un modèle de développement démocratique,   conciliant efficacité économique et justice sociale :

1-Mettre l’homme au cœur du processus économique en le considérant comme étant le moyen et la finalité dans le processus du développement. Par conséquent, il est illusoire de séparer l’économique du social car ces deux niveaux sont intimement liés et l’un ne va pas sans l’autre.

2-La nécessité de prendre en considération les facteurs non économiques dans le développement. A ce titre, il est vain de reproduire à l’identique des modèles de développement «clé en main», ce qui n’exclue nullement de s’inspirer des différentes expériences des peuples en la matière.

3-Le rôle stratégique de l’Etat  dans la phase actuelle que traverse notre pays. En effet, nous avons besoin d’un Etat fort mais démocratique jouant parfaitement son rôle de stratège, de facilitateur et d’investisseur. A côté de l’Etat, le secteur privé,  trouve toute sa place et il est appelé à se développer davantage en respectant les règles de transparence, de concurrence saine et de respect des droits sociaux des travailleurs.

4-La mise en place d’une gouvernance démocratique, ce qui passe par le respect de l’indépendance des instituions, la redéfinition des responsabilités des différents acteurs, la clarification des rôles entre l’acteur politique et l’acteur économique, l’activation du principe de la reddition des comptes et l’application stricte de la constitution.

5-L’égalité entre les citoyens et les territoires. Cette égalité concernera l’égalité femme-homme à tous les niveaux, l’égalité devant la loi, l’égalité  devant l’impôt, l’égalité en matière d’accès aux services publics et à la protection des citoyens par les services de l’Etat, l’approfondissement  de la régionalisation et de la dimension territoriale du développement.

Les différentes interventions ont tourné autour de ces problématiques. Les idées exprimées, avec force,  peuvent être regroupées en trois axes principaux :

  • Une croissance forte, durable et inclusive

Il a été constaté que le Maroc n’a pas tiré profit, comme il l’espérait, de la mondialisation et des accords de libre-échange qu’il a signés avec un ensemble de pays. Son tissu productif national en a sévèrement pâti. Il convient dès lors de procéder à une révision de ces accords dans le sens de protéger davantage nos  entreprises et d’opter pour une ouverture maitrisée qui ne pénalise pas notre tissu productif somme toute fragile.

Par ailleurs, et dans le même ordre d’idées, il faut valoriser les acquis des programmes sectoriels à l’œuvre en particulier  dans l’industrie et l’agriculture tout en repensant les priorités et les objectifs,  dans le sens de l’indépendance économique nationale pour le premier (PAI)  et de la souveraineté alimentaire et la rationalisation de nos ressources naturelles  pour le second(PMV). Il est impératif, pour notre pays,  de se doter d’une base technologique nationale pour pouvoir remonter dans la chaine des valeurs et maximiser le taux de l’intégration  et la valeur ajoutée nationale.

Le rôle de l’Etat ne devrait pas se limiter à distribuer des subsides au secteur privé, mais au contraire, il est appelé à occuper une place stratégique dans le processus de l’industrialisation par le biais d’un secteur public assaini et fonctionnant selon les règles de transparence et de concurrence. Un partenariat public privé serait plus que souhaitable, surtout dans les secteurs de pointe nécessitant une technologie sophistiquée et une main d’œuvre hautement qualifiée dont le Maroc doit absolument se doter pour être compétitif sur le marché mondial.

Les secteurs traditionnels doivent mériter, à leur tour,  toute l’attention des pouvoirs publics, particulièrement les secteurs d’activité relevant de l’ESS qui recèlent un potentiel non négligeable en matière de création d’emplois et de valeur ajoutée.

En tout état de cause, la dimension écologique et la préservation de l’environnement et de nos ressources  doivent  être présentes  à tous les niveaux. Le Maroc, qui fait partie des pays lourdement menacés par les variations climatiques,  doit s’y préparer  avec sérieux et détermination en recourant massivement à l’investissement durable et à l’économie verte.

La question du financement de l’économie revêt une importance capitale. La priorité doit être donnée à la mobilisation des ressources locales pour ne pas hypothéquer l’avenir de notre pays et remettre en cause son indépendance. A ce titre, il faut introduire de nouveaux instruments financiers, dynamiser davantage la bourse des valeurs,  créer de nouveaux mécanismes d’encouragement à l’épargne et à l’investissement comme il faut procéder à une réforme fiscale globale,  englobant la fiscalité locale,  sur la base des principes  de l’efficience, l’innovation  et l’équité.

  • Une vision globale et novatrice de la problématique sociale

En partant de l’idée exprimée précédemment selon laquelle la satisfaction des besoins fondamentaux de la population doit être la finalité principale, voire unique, de l’acte économique, il faut repenser les politiques sociales sous cet angle.  Le développement n’est rien d’autre que le bien-être  qu’il pourrait apporter à l’homme et il se mesure par un ensemble d’indicateurs relatifs à la vie des citoyens. Et là où l’Etat, entendu au sens large, doit jouer un  rôle de premier plan, c’est bel et bien sur le plan social et les ingrédients qui rentrent dans  la formation du « capital humain » : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir des connaissances et avoir un niveau de vie décent.  Investir dans l’homme, c’est non seulement lui assurer une vie décente, mais c’est une condition sine qua non pour accroître  la productivité et relever, par conséquent,  les défis de compétitivité et améliorer le positionnement du Maroc à l’international. La création d’un guichet social unique (GSU) est une mesure importante pour assurer l’efficacité de l’action sociale et les synergies entre les différents programmes en faveur des couches pauvres et déshéritées.

La création des emplois en nombre suffisant et de  qualité  s’avère une nécessité pour garantir la dignité des citoyens et lutter contre la pauvreté et la marginalisation de la jeunesse. Si la croissance économique est une condition indispensable à la  création des emplois, il faudrait prospecter d’autres voies et faire feu de tout bois pour tendre  à moyen terme vers une situation de  plein emploi.

L’instauration d’un dialogue social constructif et institutionnalisé en créant un cadre permanent de concertation entre les partenaires sociaux est un gage de la stabilité sociale tant au niveau des entreprises qu’au niveau de l’Etat. Il  faut envisager la mise en place d’un véritable pacte social définissant le rôle et les obligations des différentes parties en vue d’asseoir un compromis positif entre le travail et le capital.

La justice sociale constitue l’objectif ultime du modèle de développement tel que nous l’envisageons. Elle se  décline au moins à trois niveaux : entre les couches sociales, entre les territoires et entre les générations.

  • Gouvernance, Etat de droit et institutions

La force des Etats se mesure par la qualité de leurs  institutions et le style  de la  gouvernance mis en place, c’est-à-dire par le respect des règles démocratiques dans l’exercice du pouvoir qu’il soit d’ordre politique ou économique.

Un Etat de droit suppose l’existence des institutions fortes, réellement représentatives  et crédibles. Il suppose  l’égalité des citoyens devant la loi et la généralisation de la reddition des comptes.  Seule la concurrence,   sur la base des règles clairement définies,  peut tirer la société vers le haut et mettre fin aux privilèges et aux différents passe-droits.

La centralisation et la déconcentration doivent aller de pair  pour créer une dynamique territoriale et réveiller l’intelligence  des territoires. Le chantier de régionalisation, encore balbutiant, est porteur de beaucoup d’espoir et d’opportunités. Il faut le mener jusqu’au bout sans aucune hésitation pour donner à la région une existence réelle et palpable.

Les instances de régulation et de gouvernance prévues par la constitution doivent être fonctionnelles et dynamisées  d’une façon régulière pour donner du souffle à la démocratie.

Le monde avance à une vitesse faramineuse. Pour rester dans la course, nous n’avons d’autre choix que celui de travailler, de déployer notre intelligence individuelle et collective. Nous avons l’obligation  patriotique d’offrir à notre peuple un projet viable et une alternative démocratique  pour au moins les deux prochaines décennies. Un tel projet serait de nature à redonner confiance aux citoyens et à créer un climat favorable à la mobilisation populaire pour donner un nouveau souffle démocratique à notre pays.

Telles sont les conclusions  principales que l’on peut retenir de cette rencontre. Au nom du PPS,  je réitère nos vifs remerciements à l’ensemble  des participants pour la qualité de leur intervention. Nous émettons l’espoir de voir les travaux de cette université publiés très prochainement pour animer le débat national  dont notre  pays a grandement besoin.

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