Un rapprochement inter-coréen salué par Trump

L’année 2018 pourra être perçue par l’Histoire comme étant celle de l’instauration de la Paix dans la Péninsule Coréenne dès lors que les frères ennemis du Nord et du Sud se sont mis d’accord ce premier vendredi de la nouvelle année pour se rencontrer mardi à Panmunjom, ce village frontalier où, le 27 Juillet 1953, avait été signé l’armistice qui avait officiellement mis fin à la guerre fratricide de Corée qui avait duré de 1950 à 1953. A noter, toutefois, qu’étant donné que  la Corée du Sud n’avait  jamais ratifié cet «accord», les deux pays sont toujours en guerre «sur le papier».

Ainsi, dès que le chef de l’Etat Nord-Coréen Kim Jong-un a, dans ses vœux aux Coréens, souhaité plein succès aux Jeux Olympiques que la Corée du Sud va abriter à partir du 9 Février prochain, souhaité que la Corée du Nord y participe et signalé l’entière disposition de Pyongyang  à  «tourner le dos au passé» pour améliorer ses relations avec son voisin du Sud et à contribuer activement à la mise en place des mesures nécessaires à une réunification de la péninsule, le fameux téléphone rouge transfrontalier fermé depuis Février 2016 s’est remis à fonctionner et Séoul a proposé la tenue ce mardi 9 Janvier 2018 de discussions de haut niveau entre les deux pays et même reporté à une date ultérieure les manœuvres militaires qu’elles entreprend chaque année avec l’armée américaine et qui, d’ordinaire, attisaient les frictions entre Séoul et Pyongyang.

Il n’en fallait pas plus pour pousser le Président américain, furieux après la sortie du fameux brûlot «Fire and Fury : Inside the Trump White House» où Michael Wolf dresse de lui, sur 336 pages, un portrait peu glorieux mettant en doute sa santé mentale, de sauter dans le train qui a démarré pour relier les deux Corées dans le but inavoué, mais cependant clair,  d’essayer de redorer son blason.

Interrogé par les journalistes, depuis la résidence présidentielle de Camp David, sur la possibilité d’engager une discussion, même téléphonique, avec Kim Jong-un, Donald Trump a déclaré qu’il n’y voyait aucun inconvénient ajoutant même qu’il adorerait voir les deux pays «aller au-delà des Jeux Olympiques»; des propos qui tranchent avec la rhétorique belliqueuse qu’il a coutume d’utiliser lorsqu’il évoque son homologue nord-coréen.

Le président américain s’est même permis de s’attribuer les mérites du rapprochement actuellement en cours entre les deux Corées, vivement salué par le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres, en déclarant que ce dégel n’aurait pas pu voir le jour si la Maison Blanche n’avait pas utilisé des «déclarations fortes» à l’intention du chef de l’Etat nord-coréen et veillé à l’application stricte de ces multiples trains de sanctions qui, en fin de compte, ont, de l’avis de Donald Trump, obligé Pyongyang à tendre la main à Séoul.

Espérant, par ailleurs, que les deux capitales arriveront «à une solution très pacifique», le président américain a même déclaré qu’au « moment opportun», les Etats-Unis «s’impliqueront» dans les discussions actuellement en cours entre le Nord et le Sud de la péninsule coréenne et ajouté que «si quelque chose peut ressortir de ces discussions, cela serait magnifique pour toute l’humanité».

Est-il de mauvaise foi que de dire que l’accueil «chaleureux» réservé, cette fois-ci,  par la Maison Blanche, au dégel  inter-coréen n’est que la résultante du fameux livre de Michaël Wolf qui s’interroge sur la capacité mentale du chef de la plus grande puissance mondiale ? N’allons pas trop vite en besogne et attendons la suite des évènements…

 Nabil El Bousaadi

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