Rencontre entre Youssef Fadel et Ismail Ghazali

Les amoureux de la littérature marocaine n’ont pas raté le rendez-vous avec Youssef Fadel, l’un des noms célèbres du paysage culturel marocain, mais aussi arabe.

L’écrivain, dramaturge, metteur en scène, romancier et scénariste, dont le roman «un oiseau bleu et rare vole avec moi» a remporté le prix du Maroc du Livre 2014, a échangé lundi dernier avec le jeune écrivain Ismail Ghazali, une plume qui a pu s’imposer sur la scène littéraire grâce à ses deux romans : «La saison de la chasse aux blattes » (2013) et «La rivière mord sa queue» (2015).

«L’univers romanesque d’Ismail Ghazali est marqué par un souffle nouveau au niveau de la langue», a expliqué Youssef Fadel lors d’une rencontre lors du SIEL lundi dernier. «Chaque roman est différent de l’autre au niveau de la langue», a-t-il déclaré.

Ismail puise ses inspirations dans son enfance. «Je travaille sur les espaces avec beaucoup d’imaginaire. Je suis issu d’une région qui a souffert de la marginalisation et de l’oubli. Elle est quasiment absente des intrigues et des histoires du roman marocain», souligne Ismail Ghazali. Le jeune écrivain travaille sur les lieux et les espaces et creuse dans la mémoire. Pour lui, chaque expérience romanesque choisit sa propre langue. «Il n’y a pas un point de départ pour l’écriture. Il reste toujours ambiguë et inconnu parce qu’il prend forme en écrivant…même le temps de l’écriture reste inconnu», a-t-il confié. Et d’ajouter : «j’évite de m’aventurer dans l’écriture d’un nouveau texte, après avoir écrit un ancien texte». «L’effacement dans l’écriture est une technique importante dans l’écriture», estime de son côté Youssef Fadel. «Quand je finis mon roman, je l’envoie à mes amis écrivains pour revoir dont Ahmed Bouzfour ou encore Berrada», a fait savoir l’écrivain.

Dans les romans de Youssef Fadel, les animaux meublent les écrits et l’imaginaire. «Il y a beaucoup d’animaux dans mes textes. J’ai vécu dans un toit où il y avait des animaux. Cela a impacté mon univers romanesque», souligne l’écrivain. «Cette vie parallèle à celle de l’être humain avec ses détails est importante dans mon travail», a-t-il ajouté. Cet univers esthétique vise à enrichir le texte et l’imaginaire.

Pour Ismail, l’usage des animaux dans l’écriture romanesque a une dimension anthologique. Le jeune écrivain s’estime d’ailleurs chanceux. «L’écriture m’a sauvé la vie dans un contexte où les jeunes de ma génération délaissent leur sort aux bateaux de la mort», affirme Ismail.

Mohamed Nait Youssef

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