Représentation

Ici et ailleurs, la représentation est en crise. Elle est brouillée à tous les niveaux. L’image complexe que l’on se fait de celui ou de celle qui est censée assumée la représentation se détériore. Cette dégradation donne pour certains l’impression d’un trop plein de transformations sociales; alors que pour d’autres, c’est la non mise en adéquation de ces évolutions les unes par rapport aux autres qui est en cause. S’il est certain que les objectifs différent au sein de notre société clair-obscur; il s’ensuit que l’appréciation des normes conduisant à la modernité, par les différents acteurs institutionnels, diffère aussi bien dans l’approche de leur définition que dans la volonté et la manière dont elles sont mises en œuvre.

L’incertitude vécue par le pays à l’occasion de la formation du gouvernement après le scrutin du 7 octobre 2016 donne à la représentation une autre finalité que celle de se soumettre à l’expression relativement majoritaire de la volonté populaire. Ainsi, au moment où la représentation politique est dénoncée dans son ensemble par son retard à porter l’ambition d’un projet de développement aussi grand que le continent, elle est utilisée pour assembler une «majorité» qui semble subjuguée par le film  «Qui perd gagne». Film où un professeur de mathématiques gagne deux fois de suite au loto !

C’est vrai qu’un « composé qui se dissout est toujours, à quelques égards, facteur de sa propre dissolution » ; alors que la représentation d’un processus démocratique, dont les avancées s’accommodent de sa trajectoire sinueuse, se trouve transformée de blocage en crise.

Le «professeur de maths» lui-même s’obstine dans sa représentation gouvernementale au système quaternaire alors que l’intérêt national réside dans la consolidation du processus démocratique sur la base de consensus permettant la mise en œuvre d’un programme gouvernemental qui répond aux aspirations légitimes du peuple marocain. C’est sur cette base que le gouvernement sera jugé et non point sur des fixations, aussi légitimes soient-elles, portant sur les personnes et les comportements. L’aspect cynique de la politique, sans la vulgarité, est ainsi autant que les «rapports humains qui impliquent dans une mesure significative des relations de pouvoirs, de domination ou d’autorité». L’offre politique dans notre pays est ainsi faite. Le jeu démocratique est de le comprendre et d’agir en conséquence pour améliorer cette offre et la rendre plus démocratique, «aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain».

Il est probable que ces propos ne puissent avoir l’écho pressenti, voire même qu’ils soient dépassés par la conjoncture. La témérité qu’ils expriment réside dans la conviction profonde que le développement de notre pays et la démocratie représentative (dans l’attente qu’elle soit participative) peuvent cohabiter ensemble dans la stabilité, la sérénité et l’enthousiasme. L’ingéniosité politique est de faire le tri entre l’essentiel et le subsidiaire. L’essentiel est dans la consolidation du processus démocratique et la poursuite des réformes, le subsidiaire se situe actuellement au niveau de la configuration du champ politique national où l’hégémonie d’une seule force politique ne peut tenir.

La représentation repose sur la conception collective du vivre ensemble que chacun(e) développe dans son quotidien. Elle se base sur une certaine conception des valeurs et «implique un rapport très particulier à la société, une éthique et une esthétique, voire une conception de l’homme dans le monde». Le choc provoqué par les images, relayées par les réseaux sociaux, d’une représentante consulaire en conflit avec une compatriote qui lui sert d’aide dans son ménage brouille la représentation de l’évolution de notre pays et de la transformation nécessaire de son administration, là où elle se trouve. Un congé administratif ne peut occulter le mal produit à l’encontre de son pays par un tel agissement. Nos compatriotes, marocain(e)s du monde, méritent mieux. Eux et elles qui constituent dans le quotidien la représentation du Royaume du Maroc dans les pays d’accueil.

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