Rif: Le ministre de la Santé diagnostique le «cancer»

Bientôt une étude verra le jour sur la situation du cancer dans les provinces du Nord. C’est ce qu’a révélé le ministre de la Santé, le professeur El Housseine Louardi. Cette étude, première en son genre ambitionne d’établir un diagnostic précis et spécifique sur le lien de causalité entre le cancer et le gaz moutard.  D’ailleurs, le Rif a été souvent présenté comme la région où la prévalence du cancer est la plus élevée parmi l’ensemble des régions du royaume.  Pour l’heure, rien n’est prouvé scientifiquement, et la relation de cause à effet entre le cancer et le gaz moutard relève des «qu’en-dira-ton», affirme-il.  Autrement dit, «aucune étude n’a démontré jusqu’à présent cette éventualité», note-il en substance.

K.D

 

Le ministère de la Santé lance une étude sur le gaz moutarde dans le Rif

C’est l’une des vieilles blessures du Rif : près d’un siècle après les bombardements chimiques du colonisateur espagnol dans le nord du Maroc, que Madrid n’a jamais officiellement reconnus, des habitants affirment en porter encore les séquelles, avec un taux de cancer élevé.

C’était en 1925, au lendemain d’une deuxième défaite de l’armée espagnole face au chef de la rébellion Abdelkrim el-Khattabi dans le Rif.
Craignant que les faits d’armes de Khattabi menacent leurs velléités colonialistes, les deux pays forment une coalition pour mater la résistance rifaine.
C’est dans ce contexte que l’Espagne emploie contre le Rif des armes chimiques -du gaz moutarde, également appelé «ypérit»- fournies par l’Allemagne, obligeant les insurgés à rendre les armes.
Les faits sont établis par nombre d’historiens comme le Britannique Sébastian Balfour ou l’Espagnol Angel Viñas, mais n’ont jamais été reconnus par les pays impliqués, Espagne en tête, dont les députés avaient rejeté en 2007 un projet de loi sur de possibles compensations économiques individuelles aux descendants des populations victimes de ces bombardements.
Près d’un siècle plus tard, des habitants d’Al-Hoceïma, jurent subir encore les conséquences du gaz moutarde.
Ce « sentiment est très fort chez les habitants », confirme le maire de la ville, lui-même médecin radiologue.
« Demandez à n’importe qui ici, vous verrez qu’il a quelqu’un dans son entourage emporté par un cancer ! », lâche Toufiq, la vingtaine, réceptionniste dans un hôtel à Al-Hoceïma. « Le poison de la guerre coule sur nos terres et le sang de nos parents », renchérit son collègue Adil.
Mais « aucune étude n’a démontré jusqu’à présent cette éventualité » du lien gaz moutarde et cancer, répond avec prudence le ministre de la Santé El HoucineLouardi, interrogé par l’AFP. « Il y a beaucoup de qu’en-dira-t-on » sur le sujet.
Ancien doyen d’une faculté de médecine, lui-même originaire d’Al-Hoceïma, M. Louardi assure que son département vient précisément de lancer une étude -la première du genre- sur la question, dont les résultats doivent être dévoilés « dans une dizaine de jours ».

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