Said Chraibi, le virtuose

Quelle mouche a donc piqué la mort ? C’est le mauvais temps pour les arts et les artistes. En effet une autre étoile de la musique marocaine vient de s’éteindre, Said Chraibi.   Artiste autodidacte, il s’est attaché au luth depuis sa tendre enfance. A l’âge de 13 ans, il commençait déjà à caresser les cordes et à séduire par ses mélodies. Il fallait attendre quelques années pour que le musicien décroche le fameux prix du plectre d’or et celui du luth à Bagdad.

La musique n’a pas de frontières : c’est la langue de l’humanité. Said a porté son art vers d’autres cieux et d’autres scènes mondiales. «Nous sommes très affectés. Sa mort est une grande perte pour la musique marocaine. Il était au sommet de son art», regrette son frère Rachid Chraibi dans une déclaration à Albayane. Il venait, ajoute-t-il, d’enregistrer une vidéo avec le Maestro qui, lui aussi, nous a quittés dernièrement, et j’espère qu’à travers sa fondation l’on puisse donner plus d’ampleur à son art ainsi qu’au patrimoine maroco-andalou. Au Maroc, l’artiste s’est produit dans de nombreux festivals et manifestations dédiés à la musique, notamment à travers le Festival international des musiques sacrées de Fès, le Festival Mawazine et bien d’autres. Il laisse derrière lui un répertoire musical étoffé, riche et varié, avec plus de 500 œuvres de tous les styles, dont principalement le maroco-anadalou. Said Chraibi se classe parmi les meilleurs luthistes du monde arabe. Artistes aux multiples facettes, le défunt était également compositeur. Il a composé, entre autres, « C’est un grand ami à moi ». Le monde vient de perdre un grand artiste du monde arabe, le virtuose Said Chraibi. Entant qu’artiste, je le classe dans le cercle des grandes figures de proue de la musique mondiale qui ont fait vibrer les mélomanes. Le Conseil national international de la musique, en partenariat avec l’Unesco lui a décerné le premier trophée du Zeryab des virtuoses parrainé par l’Unesco. Dans ce cadre, il y a une anecdote qui me vient à l’esprit concernant ce grand homme à propos du prix du Zeryab : un journaliste m’avait demandé pourquoi j’avais choisi Said Chraibi pour cette première édition du prix international. J’ai répondu en toute spontanéité : c’est parce que le Maroc possède un des plus grands virtuoses du luth au monde », déclare Hassan Megri, président fondateur du Comité national de la musique du Maroc et membre du Conseil international de la musique à l’Unesco.

Mohamed Nait Youssef

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