Scène culturelle: la guerre des communiqués…

La scène culturelle et artistique nationale vit ces temps-ci dans le «chaos» pour ne pas dire des hauts et des bas. Visiblement, le secteur qui manque d’une vision claire, efficace et efficience a eu du mal à retrouver son éclat. En effet, les professionnels du secteur culturel ont démarré l’année de 2020, qu’ils aspiraient d’ailleurs prometteuse juste après le dernier remaniement gouvernemental, sur un ton marqué par les tensions et les divergences. Dernièrement, la guerre des communiqués a battu son plein.

Le 4e art surfe sur des planches mitigées…

Rien ne va plus entre les professionnels du «père des arts» et le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, porte-parole du gouvernement, El Hassan Abyaba. Car, le Syndicat Marocain des Professionnels des Arts Dramatiques (SMPAD) a exprimé il y a quelques jours, dans un premier communiqué de presse rendu public, son mécontentement sur les dernières déclarations du ministère de la tutelle envers les troupes de théâtre marocaines  que Abyaba  avait jugé de ‘’ troupes de théâtre qui  manquent de créativité et d’ouverture… ‘‘. Suites aux  propos du ministre, les professionnels du théâtre ont monté au créneau. «Après avoir relayé par la presse, des propos  attribués  au  ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, porte-parole du gouvernement, El Hassan Abyaba à l’issue de la discussion du projet de loi relatif à la réorganisation du Théâtre national Mohammed V à la chambre des représentants, et ce le jeudi 8 janvier 2020, le syndicat réfute catégoriquement le contenu  de ce qui a été évoqué dans les déclarations du ministre.», affirme le SMPAD.

Par ailleurs, le Syndicat a estimé dans le même communiqué  que ‘’les propos du ministre constituent un avis qui manque de précision concernant un marché professionnel complexe, fragile et transversal.’’

Quelques jours après, le Ministère de la tutelle a réagi par le bais d’une mise au point où il rappelé que son département ‘’alloue chaque année une enveloppe financière de 5.500.000 DH qu’il reverse du budget du secteur de la culture et de la communication à la mutuelle nationale des artistes en vue d’améliorer les conditions de cette catégorie sociale.’’

Et d’ajouter : «Réitérant son intention d’aller de l’avant en vue d’une réforme globale du système des subventions, le ministère est soucieux de ne pas porter atteinte au budget global alloué pour soutenir les projets culturels et artistiques dans les domaines du théâtre, de la musique et des arts plastiques».

L’«hémorragie» des communiqués se poursuit…toujours !  Dans cette optique, la fédération marocaine des troupes du théâtre  professionnelles  a appelé le ministre de la culture dans un premier communiqué publié le 11 janvier, à voir avec plus de ‘’profondeur’ ’le  théâtre qui est, selon la même source, un secteur dynamique dans le paysage culturel national. «Il faut promouvoir et renforcer notre scène théâtrale pour qu’elle puisse jouer pleinement ses rôles. », indique la fédération.

Par ailleurs,  dans un communiqué rendu public de l’association des lauréats de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle (ALISADAC) a appelé le ministère de la tutelle à mettre en place une bonne gouvernance et un équilibre, et ouvrir des canaux  de dialogue  avec les différents acteurs et organes représentatifs sans exclure aucune partie afin d’enrichir le secteur avec une approche participative et démocratique.

En revanche, l’association a pointé du doigt sur la situation mitigée ayant ponctué la saison théâtrale précédente et qui a eu des retombées négatives sur l’organisation de la production et de la promotion de spectacles de théâtre  ainsi que  leur diffusion  au niveau   national qu’international.

Bras de fer entre la CNPF et le CCM!

Le 7ème art national n’est pas à l’abri de cette situation «tourmentée». En effet les membres du bureau exécutif de la Chambre Nationale des Producteurs de Films (CNPF) montent au créneau. Dans un communiqué de presse rendu public après une rencontre  avec  le Chef du Gouvernement, Saadeddine El Othmani, la CNPF a pointé du doigt sur ‘’la mauvaise gestion du Centre Cinématographique Marocain‘‘. En outre, la dite délégation a insisté dans son CP à la nécessité de respecter la réglementation en vigueur et d’institutionnaliser un nouveau système de bonne gouvernance, basé sur une approche participative, démocratique, transparente et juste.

A l’issue de cette rencontre, la CNPF a remis au chef du gouvernement un rapport détaillé sur les problèmes dont souffre le secteur, la mauvaise gestion du Centre Cinématographique Marocain qui a conduit, a-t-elle indiqué, au recul manifeste de la production nationale, quantitativement et qualitativement, la marginalisation systématique des organisations professionnelles avec la suppression illégale des commissions paritaires et la gestion unilatérale du CCM basée sur le favoritisme, le clientélisme et les relations personnelles, en recourant à la politique de «deux poids, deux mesures».

Le bras de fer entre la CNPF et le CCM continue après  la publication de la note circulaire du CCM n° 183/DG/2020 pour l’obtention d’un visa culturel. «D’abord, sur le plan de la forme, cette note circulaire a été rédigée à la hâte, sans préambule ni références légales. », précise le communiqué de la  CNPF. Et d’ajouter : «Quant au fond elle constitue un grave précédent qui jette la confusion et crée l’amalgame entre la projection commerciale payante, assujettie normalement et légalement à des taxes et redevances encadrées par la réglementation en vigueur, et la projection culturelle gratuite ouverte, c’est-à-dire entrée libre ou sur invitation pour le public, non taxable dans toutes les législations à travers le monde en vertu du principe de la nécessité du soutien de toutes activité culturelle, en tant qu’action d’utilité publique, élément essentiel dans la préservation et le développement de la personnalité et de l’Identité Nationale», ajoute la même source. Dans la foulée des communiqués publiés par ici et par là, la scène artistique a besoin non seulement d’une vision claire ou encore une volonté politique, mais aussi et surtout un dialogue sérieux, serein et responsable avec tous les acteurs et les parties concernés.

Mohamed Nait Youssef

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