Seddiki : un grand enjeu économique, social et sociétal

La santé au travail

La promotion de la santé au travail à travers la prévention des risques professionnels est un grand enjeu économique, mais aussi un enjeu social et sociétal et la conciliation du triptyque progrès économique, progrès social et responsabilité sociétale doit être au cœur de la politique de développement du Maroc, a affirmé, mercredi à Casablanca, le ministre de l’Emploi et des Affaires Sociales, Abdeslam Seddiki.
Ouvrant un séminaire international organisé sous le thème «Partage d’expériences internationales sur la structure, le fonctionnement et le rôle des instituts nationaux de santé et sécurité au travail», M. Seddiki a indiqué que cette rencontre constitue une excellente opportunité pour échanger les connaissances et les expériences, raffermir les liens et approfondir la coopération entre les différents partenaires dans le domaine de la santé et la sécurité au travail.
L’amélioration des conditions de vie au travail doit être une priorité pour tous: gouvernement, représentants d’employeurs, syndicats des travailleurs et professionnels, a-t-il ajouté, relevant que tout un chacun est appelé à œuvrer pour que le développement économique du Royaume ne se fasse plus au détriment de la santé et de la sécurité des travailleurs.
Faisant observer que la promotion de la santé et de la sécurité au travail constitue l’un des objectifs du Plan stratégique du Ministère pour la période 2014-2016, il a souligné que le besoin de protéger et de sauver des vies contre les risques professionnels doit constituer plus que jamais un pilier central de la politique de promotion d’un milieu de travail sûr et salubre comme le stipule l’article 2 de la Convention 187 de l’Organisation Internationale du Travail sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, convention que le Royaume avait ratifiée en vertu de la loi n 12-16, publiée au bulletin officiel en avril 2013.
Le ministre a, à ce propos, indiqué que son département a entamé la mise à niveau du cadre normatif relatif à la santé sécurité au travail pour qu’il soit conforme aux dispositions de cette convention, ajoutant que le Ministère œuvre pour l’élaboration d’une politique et d’une stratégie nationale en santé sécurité au travail en concertation avec tous les acteurs concernés: administrations et partenaires socio-économiques, et ce dans le cadre des travaux du conseil de la médecine du travail et de la prévention des risques professionnels de composition tripartite.
La santé et la sécurité au travail ne peuvent être garanties par la seule application de la législation et des textes en vigueur, qui sont certes indispensables mais insuffisants, a-t-il dit, notant qu’une prise de conscience générale vis-à-vis des questions de sécurité et de santé au travail est donc capitale dans le but d’assurer le bien-être sur les lieux du travail.
En effet, les accidents du travail et les maladies professionnelles restent un véritable fléau mondial. Les estimations du Bureau International du Travail placent le Maroc dans une position peu enviable avec le risque d’accident du travail le plus élevé de la zone MENA, 47,8 pour 100.000 travailleurs, soit plus deux fois et demi le taux moyen de la zone, a précisé le ministre.

Le ministre a fait constater, à cet égard, que malgré ces pertes humaines considérables, ces grandes souffrances aussi bien pour les victimes que pour leurs familles, le coût économique très élevé ainsi que les dégâts engendrés par les accidents du travail et les maladies professionnelles, l’attention du grand public n’est pas attirée, comme c’est le cas pour les accidents de la voie publique, à titre d’exemple. D’où la nécessité de susciter des actions à tous les niveaux pour y faire face, voire atténuer le taux de fréquence de ces accidents et maladies dans l’enceinte de nos unités de production.

La Convention n 187 est un cadre de référence et un guide pour l’action, qui prévoit une démarche systématique pour prévenir les lésions professionnelles au moyen d’un ensemble de stratégies, systèmes, programmes et profils nationaux de sécurité et santé au travail. Elle propose notamment d’adopter une culture préventive en matière de sécurité et santé au travail et de procéder à une évaluation des risques sur les lieux du travail.

En vertu de son article 4, stipulant la nécessité de promouvoir la recherche dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail, le gouvernement a mis en place en 2010 un organisme dédié entre autres à la recherche, à l’information et la sensibilisation en matière de prévention des risques professionnels, a rappelé M. Seddiki. Il s’agit de l’Institut National des Conditions de Vie au Travail (INCVT), un Groupement d’Intérêt Public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Le ministre a de même indiqué que son département accorde une importance stratégique à cet institut et à son bon fonctionnement, de sorte qu’il devienne une référence en matière de conseil, de recherche et de développement des mesures de prévention des risques professionnels.

La santé des travailleurs est capitale et essentielle pour la santé des entreprises marocaines et donc, par conséquent, pour notre nation et son développement, a-t-il-relevé, notant que le Maroc est engagé dans une véritable politique de promotion du travail décent auquel postule toute entreprise citoyenne. La mise en œuvre de cette politique implique tous les acteurs et s’inspire des directives et des normes internationales pertinentes, a insisté le ministre.

Ce séminaire international est organisé par le Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales en coopération avec l’Agence Européenne de Sécurité et de Santé au Travail (EU-OSHA), le Bureau International du Travail (BIT) et l’Institut National des Conditions de Vie au Travail (INCVT). Il a pour objectif d’enrichir la réflexion nationale en partageant les pratiques et l’expérience d’autres pays ayant développé des instituts de santé et sécurité au travail.

Cette manifestation a connu la participation des partenaires sociaux du Maroc, des représentants des instituts de santé au travail de France, d’Italie, d’Allemagne, de la Tunisie et du Canada, ainsi que des représentants de la Délégation de l’Union Européenne à Rabat et du Bureau International du Travail.

(MAP)

Top