Séisme saoudien: quelles incidences sur les entreprises au Maroc?

Les autorités saoudiennes ont procédé à une vague d’arrestations dans le cadre de la campagne anticorruption menée par le Royaume au sein des élites politiques et économiques du pays. Dans le lot, le Cheikh al-Amoudi, ancien actionnaire de la Samir, Al-Walid Ben Talal qui compte dans son portefeuille le groupe hôtelier Four Seasons et Movenpick ainsi que Salah Abdallah Kamel, fondateur du groupe Al Baraka. Ces hommes d’affaires, à travers leurs entreprises, opèrent au Maroc. Ainsi, ce séisme saoudien pourrait interpeller le monde marocain des affaires.

En effet, la répression a déclenché l’incertitude parmi les entrepreneurs qui pourraient accélérer une fuite des capitaux, faire dérailler les réformes ou engendrer des liquidations à un moment où le Royaume cherche à attirer davantage d’investissements.D’ailleurs, la première question que nous nous sommes posée après l’annonce de l’arrestation d’Al-Amoudi : quelles incidences sur la procédure judiciaire de la raffinerie Samir? En effet, selon les termes de l’article 619 du code du commerce : «Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire emporte de plein droit dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens, même de ceux qu’il a acquis à quelque titre que ce soit, tant que la liquidation judiciaire n’est pas clôturée». Ainsi, le syndic nommé par le tribunal préside aux destinées de l’entreprise dans le cadre de la procédure judiciaire. Ce qui suppose que l’arrestation d’Al-Amoudin’a à priori aucun impact sur le cours de la procédure de la Samir.Pour rappel, Al-Amoudi a été appelé à plusieurs reprises à effectuer des augmentations de capital pour renflouer les caisses de la société et rétablir son équilibre financier. Il a promis à plusieurs reprises des sommes, dont la dernière était de 6 milliards de DH, sans jamais passer à l’acte. Ce qui a conduit la société à la procédure de liquidation judiciaire.

Par ailleurs, les autorités saoudiennes ont gelé les comptes bancaires des accusés et prévenu que tout actif lié aux affaires de corruption serait saisi comme propriété de l’État. Cette décision ne devrait pas inquiéter les filiales marocaines des groupes appartenant aux accusés comme la banque participative Al Baraka Bank ou encore les entreprises hôtelières Four Seasons et Movenpick, au moins pour le moment où nous rédigeons cet article.

En effet, la banque centrale saoudienne a informé les banques de procéder à la levée immédiate du gel des comptes sociaux et ce, afin de garantir les droits des clients, fournisseurs, salariés et autres actionnaires. «Il convient de préciser que ce sont les comptes individuels concernés qui ont été suspendus jusqu’à ce que des décisions de justice définitives soient rendues, et non les comptes d’entreprises», a déclaré Ahmed Abdulkarim Al Kholifey, gouverneur de la Banque centrale, dans un communiqué. «En d’autres termes, l’activité des entreprises n’est pas touchée. C’est le même que d’habitude pour les banques et les entreprises», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’y avait pas de restrictions sur les transferts d’argent par les canaux bancaires légaux.

Kaoutar Khennach

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