Seyhmus Dagtekin, une voix poétique singulière et altéritaire

Le public et les mordus de la poésie ont savouré récemment les poèmes de Seyhmus Dagtekin. Cette voix singulière a été invitée à l’Institut Français de Rabat, mardi dernier, pour faire entendre ses poèmes dans le cadre la 20e édition du Printemps des Poètes placée cette année sous le thème de l’ardeur.

L’originalité de la poésie de Seyhmus Dagtekin réside dans la langue poétique qu’il invente et renouvelle sans cesse. La langue est à la fois un choix poétique et un lieu de rencontre avec l’autre dans sa différence. «Seyhmus est un poète qui renouvelle l’écriture poétique, qui continue d’écrire des livres, mais publie aussi des recueils spécialisés», a expliqué Rachid Khaless, modérateur de la soirée poétique. «Dans ses textes, la parole est consubstantielle du souffle qu’elle expire. Le poète apprend à ne pas tout déchiffrer», a-t-il ajouté.

C’est dans les montagnes du Kurdistan de Turquie que Seyhmus Dagtekin est né en 1964 à Harun. Le poète a quitté son pays, le Kurdistan en Turquie et s’est ainsi éloigné de sa langue maternelle. A 22 ans, l’homme de lettres a commencé à écrire en français. «Cet exil dans la langue vous transporte, il habite une langue qu’il habite», a ajouté Rachid Khaless.

«Je suis analphabète dans ma langue. Je ne risquais pas d’écrire en Kurde parce que le Kurde est une langue interdite. Et le français n’est pas une langue qui m’a été imposée, mais c’est ma langue de choix», a fait savoir Seyhmus Dagtekin. Pour le poète, «la poésie est un atout pour se réconcilier avec soi-même, le Cosmos et les autres. Le poète a un rapport poétique avec la nature». Seyhmus Dagtekin compte à son actif plusieurs recueils de poésie dont «Elégies pour ma mère» qui a obtenu le Prix Benjamin Fondane 2015, «Juste un pont sans feu» qui a décroché le Prix Mallarmé 2007 et le Prix Théophile Gautier de l’Académie Française 2008, «La Langue mordue», «Les chemins du nocturne» paru aux éditions Le Castor Astral.

Mohamed Nait Youssef

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