Sida: Forte mobilisation pour les prisonniers

Le constat est connu de tous. La prévalence du VIH est plus élevée chez les détenus (0.4 à 0,8%) que parmi la population générale (0,14%). D’ailleurs, la population carcérale a été identifiée parmi les catégories les plus vulnérables par le Plan stratégique national de lutte contre le sida et la stratégie nationale sur les droits humains et le VIH/sida. Partant de ce constat, le CNDH, le ministère de la Santé et l’Administration pénitentiaire ont conclu une note d’orientation pour renforcer le dépistage du VIH, lutter contre la discrimination envers les prisonniers séropositifs et promouvoir l’accès au traitement antirétroviral.

La feuille de route tombe en tout cas à point nommé. Certes la population carcérale bénéficie des programmes nationaux mis en place en ce sens, mais il n’empêche que la prévention au sein des prisons bute encore sur l’absence de programme de lutte contre la violence sexuelle et les tatouages, deux facteurs de transmission du Sida.

D’autant plus qu’aucune mesure n’a été prise pour isoler systématiquement les prisonniers séropositifs. Sur ce point, l’état des lieux dressé par le CNDH et ses partenaires indique que «l’isolement a lieu sur demande des détenus, et ce uniquement en cas de coïnfection avec la tuberculose ou d’immunité défaillante». De plus, le dépistage reste une démarche volontaire, sachant que le consentement écrit du prisonnier n’est plus exigé depuis 2014.  Pis, les demandes formulées par les prisonniers mineurs sont de facto rejetées.

En dépit de ce diagnostic, le président du CNDH, Driss El Yazami, affiche son optimisme en indiquant que cette feuille de route permettra d’atteindre l’objectif «90-90-90» promue par l’ONUSIDA. L’idée est que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique à l’horizon 2020, que 90% de toutes les personnes infectées reçoivent un traitement antirétroviral durable et que 90% des patients bénéficiant de ce traitement aient une charge virale indétectable.

La note d’orientation signée entre le CNDH, le département de la Santé et l’Administration pénitentiaire, comporte des recommandations destinées à accélérer l’atteinte de cet objectif. Elle vise essentiellement à instaurer les principes du consentement éclairé et à garantir l’accès aux services de prévention, de soin et d’assistance aux personnes atteintes de Sida dans les établissements pénitentiaires sans discrimination aucune.Pour y parvenir, une stratégie nationale sur la santé dans les prisons comprenant les volets VIH, droits humains et genre devra être mise en place. La note d’orientation propose aussi d’élargir les services de prévention du VIH à d’autres facteurs de transmission tels que les tatouages et la violence sexuelle.

La formation du personnel en matière de conseil et de dépistage n’est pas en reste. Sur ce registre, la feuille de route du CNDH insiste sur la formation du personnel médical pénitentiaire tout en le sensibilisant au principe de confidentialité et du consentement éclairé. Des tests rapides devront être mis à la disposition des prisons. Dans le même ordre, la note d’orientation suggère que le dépistage soit fourni à l’entrée et pendant la période d’incarcération.

H.B.

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