Sincérité ?

Particulièrement dans les semaines qui nous séparent des échéances électorales, celles précédant la campagne électorale officielle, et qui l’anticipent dan une certaine mesure, tout(e) un(e) chacun(e) cherche la sincérité là où elle est présumée se trouver. Dans les paroles et dans les actes ou beaucoup plus dans l’application du fameux précepte «Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais».

 Les êtres humains ne sont pas infaillibles à cette distorsion entre les valeurs qu’ils soutiennent et leur vie telle qu’elle est vécue. Le «courage de la vérité» reste l’apanage des saints qui depuis forts longtemps sont absents de ce bas-monde.

C’est ainsi qu’il appartient à chacun(e) de vivre son existence dans la liberté, tant que celle-ci ne touche pas aux droits d’autrui. La confirmation de ce droit n’est pas aussi simple que de boire une gorgée d’eau. Elle a besoin de pédagogie et d’une vigilance toujours affirmée pour éviter les dérives. Car dans quelle mesure, chacun(e) dans notre société clair-obscur pourrait affirmer que ses actes traduisent ses paroles et que ces dernières expriment sa pensée. Au delà de la conjoncture qui veut que le «conflit démocratique» exacerbe les réactions, vouloir surenchérir d’une manière ou d’une autre à ce sujet; tel le boomerang, cela reviendra plus fort pour rappeler la réalité et imposer la liberté.

Sur un plan plus général, on oppose aux entités politiques, qu’elles soient des personnes ou des organisations, cette difficulté de concilier sincérité et politique ? C’est là une litanie des réactionnaires de tout acabit pour montrer l’inutilité des partis politiques, l’unicité de la fourberie des acteurs politiques afin que les progressistes soient confondus dans cette généralisation malintentionnée. Certains doctes, ou présentés comme tels, contribuent intentionnellement à cette imposture, surtout pour juguler les efforts des forces progressistes dans leur action pour le changement démocratique et la justice sociale. La science politique n’est elle pas tributaire dans une grande mesure de l’ambivalence entre «le faire» et «le dire» pratiquée et assumée par les acteurs du champ politique ?

A ce jeu, la consolidation du processus démocratique est menacée dans son essence pluraliste et émancipatrice. Car, seuls les partis politiques, en phase avec les aspirations légitimes de la population et issus de sa matrice sont capables de gérer dans le cadre des institutions constitutionnelles le «conflit démocratique» et ses manifestations antagoniques. Aucune expérience démocratique n’a pu se réaliser sans l’existence et le renforcement de partis politiques. C’est aussi l’occasion pour dire à celles et à ceux qui jouent sur les mots, ne voulant croire qu’aux soixante partitions du Coran, qu’ils se fourvoient lourdement.

Il est certes indéniable, et de plus en plus apparent, que l’adéquation entre l’idéal politique et l’appartenance partisane connait une différenciation de plus en plus grande d’autant plus que la machine électorale avance. «Les temps ont changé ! Les formes d’engagement des militants aujourd’hui sont différentes et tellement variées» répondait un camarade ingénieur à un collègue, d’une génération passée, pour lequel la conviction et l’engagement politique se matérialisaient par la vente militante de la presse du parti et au versement de la cotisation mensuelle.

L’encadrement formateur faisant de plus en plus défaut, le poids électoral devenant de plus en plus un critère exigible dans l’action politique ; il est légitime de savoir si la sincérité de l’engagement ne pourrait pas s’altérer des ambitions et des rêves de la personne qui se prête à prendre le risque de l’intérêt général. Gagner un milliard, se vouloir ministrable, et autres propensions, peuvent contribuer à faire prédominer une volonté de se faire une place au soleil au lieu d’agir pour répondre aux attentes et exigences de la population. Il reste que ce comportement est très minoritaire et se gère par l’action collective au sein d’un parti politique.

Il apparaît ainsi que dans une société où les confrontations d’intérêts, de normes et de valeurs s’effectuent dans un cadre de démocratie libérale, la recherche de la modernité ne peut occulter les questions éthiques en relation avec les libertés individuelles et collectives aussi bien dans le vécu quotidien de chacun que dans ses rapports avec l’altérité. Sincèrement vôtre.

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