La sonde Cassini tire sa révérence

La sonde Cassini de la NASA s’apprête à tirer sa révérence, après deux décennies de bons et loyaux services, durant les premières heures de la journée du 15 septembre, en allant délibérément se désintégrer dans l’atmosphère de Saturne, dont elle aura révolutionné les connaissances liées notamment aux anneaux de cette planète et ses dizaines de satellites.

Au moment du contact fatidique de cette sonde avec le sol de Saturne, elle continuera de transmettre de nouvelles données sur la composition de ce corps céleste aussi longtemps que ses antennes seront dirigées vers la Terre, qui est loin de Saturne de quelque 14 milliards de kilomètres. Aucun engin spatial n’a été aussi proche de la planète aux anneaux.

«Mais au-delà des prouesses technologiques et des connaissances scientifiques ayant bouleversé le monde immense de l’astrophysique et ouvert de nouvelles fenêtres d’opportunités scientifiques, la sonde Cassini aura légué à la postérité un message d’espoir en l’humanité dans sa grande diversité, ses différences d’opinion et d’approches vis-à-vis d’un tel projet multilatéral auxquels avaient pris part pas moins de 17 nations», explique à la MAP, Kamal Oudrhiri, manager au Département Radio Science à la NASA, qui a occupé plusieurs fonctions scientifiques et dans l’ingénierie sur le projet Cassini depuis 2002.

Au moment où le multilatéralisme international passe par des moments délicats de son histoire, la mission Cassini «a su fédérer le génie créateur de scientifiques venus des quatre coins du monde et des visions et des perspectives parfois opposées mais qui ont, au final, mis en commun leurs énergies positives autour d’un projet grandiose ayant une valeur scientifique, humaine et pédagogique inestimable», développe M. Oudrhiri.

«C’est lors de cette grande mission que transparaît la valeur du leadership visionnaire et clairvoyant qui ne transige pas sur l’essentiel, mais qui est suffisamment ouvert et tolérant pour accepter et, mieux encore, intégrer et mettre en osmose la contribution de tout un chacun en vue de dessiner un tableau d’ensemble», note-t-il, en soulignant que la question climatique qui passe par des moments décisifs de son évolution gagnerait à s’inspirer de la philosophie ayant présidé au travail de Cassini.

Parmi les découvertes scientifiques obtenues grâce à Cassini, la découverte d’océans sous la couche de la lune Encelade et de lacs, avec la possibilité de méthane liquide sur la surface de Titan, qui, bien qu’apparemment inhospitaliers pour toute vie humaine, seraient potentiellement habitables pour une certaine vie qui reste à déterminer.

Cassini a également donné à voir des informations sur le système solaire et la formation de Saturne sur fond d’interactions complexes entre les anneaux et une soixantaine de lunes, mais aussi sur d’autres espaces de l’univers qui pourraient abriter des formes de vie. La sonde a collecté durant ses périples pas moins de 450.000 images et révélé l’existence de structures en 3-D dans les anneaux de Saturne.

Les calculs finaux de la mission Cassini prédisent que tout contact sera rompu avec la sonde le 15 septembre à environ 7h55 (heure de Washington D.C), 12h55 (GMT). Cassini fera ainsi son entrée dans l’atmosphère de Saturne une minute plus tôt à une altitude de 1.915 kilomètres au-dessus de cette planète pour une vitesse qui avoisine les 113.000 kilomètres par heure.

«Le dernier signal de la sonde Cassini sera comme un écho. Il va irradier à travers le système solaire pour environ une heure et demi», précise dans un communiqué Earl Maize, Manager de la mission Cassini au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA à Pasadena en Californie.

Fouad Arif (MAP)

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