Syrie : Les rebelles de HTS prennent les rênes du pays

 Nabil El Bousaadi

Après avoir présidé, durant cinq décennies, aux destinées de la Syrie, le régime des al-Assad, père et fils, est finalement tombé, la semaine dernière, comme un fruit mûr et son ultime représentant n’a dû son salut qu’en trouvant refuge en Russie.

La nature ayant horreur du vide, des policiers de l’Armée de libération nationale, appartenant au groupe « Hay’at Tahrir al-Sham » (HTS), ancienne branche d’Al Qaïda ayant renversé le clan a-Assad dirigé par Abou Mohammed al-Joulani, et venant d’Idlib, une province qu’elle administre depuis 5 ans, ont, dès le lendemain, fait leur apparition dans les rues de Damas pour assurer la sécurité des habitants de la capitale et prendre en charge la circulation automobile sous les saluts d’une population soulagée désireuse de leur témoigner sa reconnaissance et sa gratitude pour cette « libération ». 

« On est là depuis deux jours et on est en train de nous déployer dans tous les gouvernorats de la Syrie » a déclaré l’un des nouveaux policiers.

S’étant, également positionné à la frontière avec le Liban, les nouveaux maîtres du pays ont promis de publier, dans les prochains jours, la liste des hauts responsables de l’ancien régime impliqués dans des tortures et des crimes de guerre.

Mais bien qu’une telle décision signifie qu’une « chasse aux sorcières » serait à prévoir, dans l’interview qu’il a donnée, ce mardi, à la chaîne qatarie « Al Jazeera », Mohammad al-Bachir, que le HTS a chargé de diriger le gouvernement de transition, après le renversement de Bachar al-Assad au terme d’une offensive-éclair spectaculaire, a promis « stabilité » et « calme » à une population épuisée par une guerre qui aura duré plus de 13 années.    

Il convient de rappeler, au passage, qu’avant la désignation, par le « Haut Commandement », de Mohammad al-Bachir comme chef du gouvernement intérimaire, lors d’une réunion à laquelle assistaient des dirigeants de l’opposition armée, des représentants du « gouvernement du salut national » et de l’ancien gouvernement du pays dirigé par Mohammad Ghazi al-Jalali, l’émissaire de l’Organisation des Nations-Unies pour la Syrie, Geir Pedersen a indiqué que le HTS  et les autres groupes de la coalition qui a mis fin au règne du clan al-Assad et avec lesquels il est entré en contact, ont déclaré avoir rompu avec le jihadisme, et « envoyé un message positif au peuple syrien » avant de mettre en œuvre la transition.

L’heure étant, désormais, à la mise en place des nouvelles institutions, les combattants qui ont renversé l’ancien dictateur ont reçu l’ordre de déposer leurs armes après l’accomplissement de leur mission car, du moment qu’il n’y a plus « de combat » mais un « nouveau système », le port des armes doit être encadré pour des tâches spécifiques et ce sont donc des hommes, pour la plupart venus d’Idlib, qui, dans des bureaux saccagés, ont commencé à prendre, progressivement, la place des fonctionnaires qui étaient fidèles à l’ancien régime.

Sachant, enfin, que le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré avoir ordonné à ses troupes, qui ont déjà pris position « dans la zone tampon » jouxtant la partie du plateau du Golan occupée par Israël, d’établir « une zone exempte d’armes et de menaces terroristes dans le sud de la Syrie » et que ceux-ci ont annoncé avoir déjà détruit des dépôts d’« armes chimiques » pour qu’ils ne puissent pas tomber entre les mains des insurgés, c’est donc qu’il sera difficile aux nouvelles forces armées syriennes de déloger Tsahal des zones où elle est déjà à pied d’œuvre mais attendons pour voir…

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