Tanger: Interdiction de la retransmission de matches de football dans les cafés

Karim Ben Amar

A Tanger, le football espagnol est une passion. Les jours de matches, les cafés sont bondés des heures avant le coup de sifflet de départ. Mais en temps de pandémie, les attroupements sont à éviter. Au vu de la recrudescence des cas positifs, les autorités ont décidé  samedi dernier, d’interdire les retransmissions de matchs de football dans les cafés. Comment les salariés du secteur accueillent-ils cette nouvelle mesure? Qu’en est-il des clients? Les détails.

Le Maroc est entré dans sa phase de déconfinement le jeudi 25 juin. Dès son entame, les autorités compétentes ont été très prudentes quant aux mesures d’allégement, et cela, pour éviter une recrudescence des cas positifs. Depuis quelques semaines déjà, les chiffres ne sont pas reluisants, bien au contraire. Pour cela,  afin de tenter de juguler la pandémie, et maîtriser la hausse des cas positifs, les autorités ont décidés de serrer la vis, une nouvelle fois.

Dès le début de la pandémie, l’une des premières mesures prises par les autorités a été la fermeture des cafés, à l’instar de tous les commerces accueillant un grand nombre de personnes. Mais voilà que depuis la reprise d’une vie «presque» normale, une partie des habitants des grandes villes ont repris leurs habitudes comme si la menace n’était plus d’actualité.

A Tanger, les matchs de football rythment le quotidien des autochtones. Que ce soit une grande affiche ou pas, tous les matchs de la Liga espagnol, de la Copa del Rey ou de la Champions League sont suivis par des milliers de fans, et cela dans tous les cafés de la capitale du Détroit et de ses environs.

Jusque-là rien d’anormal, sauf qu’en temps de pandémie, ce rituel est censé être banni en attendant que la crise sanitaire disparaisse. Or, depuis la reprise du football espagnol et de la Champions League, les cafés sont littéralement pleins à craquer les jours de match. Quant aux retardataires, ils se contentent d’une place de second choix.

Le vendredi 14 août, vers 19H, soit une heure avant le début du match de quart de finale de la Champions League opposant le FC Barcelone au Bayern Munich, les cafés de la ville étaient bondés. Au détriment des mesures de sécurité sanitaire, les fans du club catalan se sont rendus en nombre dans les cafés de la ville afin de suivre le match.

Le lendemain, soit le samedi 15 août, une autre affiche des quarts de finale opposant Manchester City à L’Olympique Lyonnais était prévue pour 20H. Dans un café non loin du Lycée Regnault, les habitués étaient déjà sur place, attendant le coup de sifflet de départ. C’est là que le coup de grâce est tombé. Moins de dix minutes avant le début du match, le «mokkadem» fait son entrée dans le café. Il signale au gérant que désormais la transmissions des matchs de football dans les cafés et strictement interdite et cela pas uniquement à Tanger. C’est à ce moment que ce même gérant change de chaîne.

Près d’une heure après, toujours dans ce même café, des éléments des forces auxiliaires ont pénétré le commerce en sommant les employés de respecter l’interdiction de la transmission des matchs de football.

Interrogé par l’équipe d’Al Bayane, Rachid le gérant du café s’est dit consterné par cette nouvelle restriction. «Les autorités nous interdisent de nous rendre à la plage. Pour se baigner nous sommes obligés de nous rendre dans la province voisine de Fahs Anjra. En plus de l’interdiction de la plage, voilà qu’ils nous interdisent le football», déclare-t-il sous le temps de la colère.

«Les tangérois n’ont plus le moral, et cela à cause de ces multiples restrictions de circulation. Aujourd’hui, en plus de toutes les interdictions, s’ajoute le football», conclut-il.

Le serveur de ce même café, Abdelaziz, a affirmé que «le tangérois n’a plus droit à aucun loisir.  Ce qu’il lui reste, c’est de tourner en rond dans la ville. Et d’ajouter «ce qui me réconforte, c’est que cette nouvelle mesure relative à l’interdiction de la transmission des matchs de football s’applique à tout le pays contrairement à l’interdiction des plages qui ne s’appose qu’à Tanger».

Un habitué du café nommé Saïd a souligné, que «cette décision bien que désagréable pour la plupart peut sauver des vies. Honnêtement, je suis embêté de ne pas pouvoir suivre la belle affiche Manchester City-OL, mais si cela contribue à éradiquer ou juguler cette pandémie, alors nous accueillons cette décision avec enthousiasme».

Il est vrai que le football fait partie de la vie des tangérois, mais les attroupements dans les cafés les jours de match représentent un réel danger. Cette décision qui semble impopulaire est néanmoins salutaire. Ce samedi 15 août, c’est 1776 cas en 24H en plus de 21 nouveaux décès. A ce rythme-là, et avec des chiffres aussi effrayant jour après jour, un relâchement n’est en aucun cas le bienvenu. Il faut donc prendre le taureau par les cornes, les autorités s’y mettent depuis le début de cette crise sanitaire mondiale.

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