Télévision

téléspectateurs. Pourtant, ce sexologue et psychologue connu et reconnu n’est pas en quête de médiatisation. Il est assez médiatisé pour avoir collaboré avec plusieurs journaux, revues, plusieurs chaînes de radio et maintenant avec la télévision.

L’apport de Aboubakr Harakat est très grand en ce sens qu’il répond à des questions qui étaient considérées, il y a encore quelques années, comme tabou et dont on ne parlait donc pas.

Certes l’ouverture du champ médiatique y est pour quelque chose. Mais la maitrise dont il fait preuve y est pour beaucoup car Aboubakr Harakat a tous les outils professionnels et intellectuels pour convaincre. Le flux des questions des auditeurs, comme des lecteurs et des téléspectateurs est là pour témoigner de l’intérêt que tout le monde porte aux propos de ce spécialiste qui traite, en fait, de questions à même de permettre à notre société de retrouver un équilibre certain. Aujourd’hui, les langues se délient et on traite très ouvertement de sujets qui étaient évités il y a quelques années et qui sont traités de nos jours en toute franchise.

Pour mesurer l’importance de ce genre de débats et de questions qu’on adresse aux spécialistes, il faut d’abord se rendre à l’évidence que notre société est malade de ses préjugés, ses idées reçues et d’une éducation qui a toujours daigné mettre de côté, pour ne pas dire éclipser, des questions de premier ordre surtout lorsque ces questions ont un rapport avec la sexualité et la mentalité. Mais l’on sait, par contre que les gens qui sont épanouis sexuellement et mentalement arrivent à mieux assumer leur vie conjugale et quotidienne, contrairement à ceux qui estiment que parler de la vie sexuelle est honteux, voire avilissant.

Notre société a beaucoup changé ces dix dernières années. Et dans la foulée, beaucoup de choses ont évolué en bien ou en mal, c’est selon, mais ce qui est sûr, néanmoins, c’est que les questions d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Les générations changent et avec elles les interrogations et les centres d’intérêt.

Les jeunes aujourd’hui ont plus de liberté mais ce n’est pas pour autant qu’ils savent profiter de l’ouverture et de la richesse des moyens de télécommunication qui ont fusé ces derniers temps. Le monde de la toile exerce une sorte de magie sur ces jeunes qui, au lieu de visiter les sites enrichissants et formateurs, se perdent dans les jeux, les dialogues virtuels et autre services qui ne sont pas toujours innocents. Aussi, l’internet est devenu une arme redoutable pour attirer les jeunes vers des activités malsaines, voire dangereuses du fait du vide qui existe autour d’eux et du manque de conseils et d’encadrement dont ils sont victimes. Bien sûr, on ne peut arrêter le progrès. Mais, on peut néanmoins l’utiliser à bon escient, de façon à le rendre utile pour le bien du devenir de nos enfants et, à travers eux de notre société.

C’est dans ce sens que les mass médias, à commencer par la télévision et la radio ont un rôle à jouer et un message à transmettre. Dr. Harakat a eu le mérite de tracer la voie et de lever le voile sur des vérités qui peuvent blesser. Mais que veut-on ? Toute vérité n’est pas bonne à dire comme dit l’adage.

Et si Aboubakr Harakat a été le premier à ouvrir la voie et à traiter de questions qui étaient considérées comme délicates, il est du devoir des spécialistes, toutes disciplines confondues, de se joindre à’ cet effort national de connaissance et de compréhension. La compréhension et la compréhension de soi, de ses proches et du milieu où l’on vit. C’est une question de plus en plus primordiale, vitale.

 

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Fatiha Morchid

Le pouvoir des mots

La traduction n’est pas chose aisée comme certains pourraient le penser. Elle est beaucoup plus difficile et plus complexe que l’écriture du fait qu’elle fait appel à des paramètres qui doivent tenir compte de certaines conditions.

Fatiha Morchid, poétesse et romancière en sait quelque chose, elle qui baigne dans l’écriture et dont certains écrits et poèmes sont traduits. Cela ouvre, indéniablement, de nouveaux horizons, surtout quand il s’agit de rencontres avec des textes dont les auteurs ne partagent pas les mêmes visions que celles du traducteur. Fatiha Morchid a vécu cette expérience en rencontrant une poétesse et traductrice chinoise. « J’estime qu’une traduction est une rencontre avec un texte et pour le traduire, il faut tout d’abord, l’aimer. J’avais rencontré la poétesse et traductrice chinoise June Yang, l’année d’avant au Festival international de poésie et de céramique en Chine, elle avait traduit quelques-uns de mes poèmes pour le festival. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire d’une rencontre, entre deux personnes, deux cultures, deux langues. Et puisque traduire est un voyage à la rencontre de l’autre et par delà, de soi-même, Mme June Yang est venue au Maroc et nous avons passé deux semaines ensemble à travailler sur la traduction. C’était important pour elle afin de saisir davantage ma sensibilité poétique et d’approcher ma vie quotidienne». Certes, pour traduire, il faut se mettre à la place de l’auteur et bien cerner ses centres d’intérêt, faute de quoi, la traduction manquerait d’âme et d’essence. Fatiha Morchid explique que le fait que la traductrice se soit proposée, est déjà une sorte de garantie. «Le fait que ce soit June Yang qui devait assurer la traduction, était pour moi «la rencontre amoureuse» entre elle et mes poèmes. Je pense que traduire est un acte de générosité extraordinaire. Je savais donc que la beauté de la langue arabe serait sublimée par la traductrice dans sa propre langue. D’ailleurs, lors du Festival, les poètes chinois l’ont tous félicitée pour la qualité de son travail» . Le poème traduit en chinois appelé «Unspoken» est un long poème que Fatiha Morchid a écrit de façon fragmentée, ce qui veut dire qu’il s’agit de morceaux indépendants qu’on peut méditer séparément. Sur le choix de ce titre, elle explique qu’il y a toujours une part du non-dit qui prête à confusion, car elle véhicule plusieurs interprétations qui créent le drame dans une relation humaine. Je pense que tout ce que nous écrivons, constitue cette part d’Unspoken en nous, car seule l’écriture avec la marge de liberté tolérée permet de dire des choses qui constituent notre essence propre, notre vérité. L’écriture est une thérapie, je crois en la capacité du mot, en son pouvoir de construire et de détruire aussi». Une expérience très riche pour Fatiha Morchid qui voit son imagination, ses rêves et ses pensées, traverser le globe pour résonner dans la sensibilité d’une culture aussi séculaire que la culture marocaine.

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