Tentative de sauvetage de l’accord sur le nucléaire iranien…

Les 5 pays qui ont signé avec l’Iran, à Vienne en Juillet 2015, le Plan d’Action Global Commun (Joint Comprehensive Plan of Action) plus connu comme étant un «accord sur le nucléaire iranien»; à savoir la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont bien du mal à le «sauver» après que celui-ci ait été violemment dénoncé par les Etats-Unis qui s’en désistèrent le 8 Mai dernier. En se retirant de cet accord -salué lors de sa signature par l’ensemble de la communauté internationale-  les Etats-Unis aspirent à  rétablir, «au plus haut niveau» et à compter du mois d’Août, les sanctions initialement imposées à l’Iran exposant, ainsi la République islamique iranienne à des «conséquences très graves» si elle venait à tenter de relancer son programme nucléaire militaire.

Or, pour ne point courber l’échine devant le bellicisme outrancier de Donald Trump, Téhéran menace de fermer le détroit d’Ormuz par lequel transitent 30% du trafic pétrolier mondial pendant que la Vème flotte américaine, basée à Bahrein, se déclare prête à intervenir pour «assurer la liberté de navigation et la liberté de commerce partout où le droit international les autorisent».

Autant dire que les négociations que tentent de mener les autres partenaires pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien après le retrait des Etats-Unis ne sont pas aisées car il leur faut offrir à Téhéran une alternative crédible tout en permettant aux entreprises du vieux continent – notamment ces grands groupes français que sont Total, Peugeot ou encore Sanofi – de continuer à commercer avec la République islamique malgré les sanctions américaines.

Pour rappel, l’accord sur le nucléaire iranien signé par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unis, l’Allemagne et l’Iran avait été «endossé» par le Conseil de Sécurité de l’ONU par le biais de sa résolution n° 2231 du 20 Juillet 2015 qui interdit à Téhéran de poursuivre son programme nucléaire militaire mais l’autorise à maintenir son programme nucléaire civil en limitant, toutefois, le taux d’enrichissement de l’uranium à 3,67% tout en obligeant la République islamique à permettre aux inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) d’entreprendre des «inspections intrusives». En échange, les autres signataires de l’accord avaient été tenus de lever les sanctions économiques et commerciales qui pesaient sur Téhéran depuis 2006. Or même si en Janvier 2016, l’AIEA avait reconnu que l’Iran a rempli toutes ses obligations et permis, ainsi et comme convenu, une levée des sanctions, Washington et son protégé israélien n’ont eu de cesse de désavouer cet accord réclamant une inspection plus poussée, une restriction au-delà de 2025, une limitation claire au développement des missiles balistiques ainsi que l’arrêt de tout soutien au Hezbollah libanais et au régime de Bachar Al-Assad.

Or, pour nombre d’observateurs, le retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne est «une catastrophe aux graves conséquences géopolitiques». En effet, les sanctions que les Etats-Unis entendent rétablir à l’encontre de l’Iran ont une «valeur extraterritoriale» à telle enseigne que tout pays et/ou toute entreprise étrangère qui commerceront avec Téhéran seront sanctionnés et ne pourront plus traiter avec les Etats-Unis ; une malheureuse décision qui va indubitablement entraver la volonté des pays européens de sauver un accord qui avait permis aux échanges de l’Union Européenne avec Téhéran de dépasser 13 milliards d’Euros entre 2015 et 2017. Qu’en sera-t-il aujourd’hui ? Quatre membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne vont-ils se plier, en fin de compte, aux injonctions des Etats-Unis et aux gesticulations intempestives de l’homme fort de Tel Aviv  alors qu’en ce dossier l’influence d’Israël sur la nouvelle administration américaine est manifeste ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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