Tragédie de Tanger : la clandestinité fatale

C’est un fait depuis belle lurette. La clandestinité scandalise, brouille les normes, viole les lois en vigueur et provoque des morts et des dégâts matériels.

Ces lourdes conséquences de ce qui est clandestin, ce qui œuvre dans la clandestinité, devaient interpeller les autorités compétentes depuis  au moins le drame de la société «Rosamort» dans le quartier Lissasfa à Casablanca où plus de cent employés avaient péri en 2008 quand la fabrique a été transformée en un brasier.

Lundi 8 février, les mêmes conditions et pratiques de clandestinité et de non respect des lois en vigueur ont été à l’origine du drame qui a secoué la ville de Tanger. Pas moins de vingt-huit personnes (bilan encore provisoire) ont trouvé la mort à cause des eaux qui les ont surpris dans un atelier clandestin de confection. Ces employés travaillaient et «confectionnaient» dans la clandestinité depuis plus d’une année, selon les déclarations des parents des victimes ayant fait des ravages sur les réseaux sociaux.

Où était la vigilance des autorités compétentes durant toute cette période ? «Comment des dizaines de travailleurs et de travailleuses ont-ils pu entrer pendant des années dans le garage d’un bâtiment résidentiel (…) sans que les autorités locales ne s’en aperçoivent », s’interroge dans un communiqué l’Observatoire du nord des droits humains, une ONG locale.

Pire encore, des informations médiatiques font savoir que cette fabrique clandestine tournait dans la clandestinité depuis de longues années. Après le confinement, ces mêmes autorités compétentes avaient rendu public un communiqué signifiant que seules les unités industrielles qui respectaient les règles de sécurité sanitaire devaient reprendre leurs activités.

Des commissions ont été mises en place pour accorder des autorisations aux unités qui respectaient les lois afin de démarrer leurs activités.  C’est dire que ce qui était clandestin a repris dans la clandestinité !!! Cet atelier clandestin de confection ne figurait donc sur aucune liste des autorités compétentes et échappait à tout contrôle.

Apparemment, s’interrogent des internautes sur les réseaux sociaux, même les employés qui y travaillaient avant d’y périr regagnaient clandestinement cette fabrique clandestine via des transports clandestins. Tout le circuit serait effectué dans la clandestinité. Vivaient-ils eux aussi dans la clandestinité ? Dans un sens, ils étaient clandestins puisqu’ils n’étaient déclarés nulle part. Ce qui viole les articles 20, 21 et 22 de la constitution de juillet 2011, validée par l’écrasante majorité du peule marocain. Il faut dire que cette tragédie de la ville de Tanger interpelle à plus d’un titre. Selon l’agence officielle, MAP, une enquête judiciaire a été ouverte «pour élucider les circonstances » et « déterminer les responsabilités» du drame.

Dans ce cadre, a précisé l’AFP, le propriétaire de cet atelier, qui fait partie des survivants hospitalisés, «sera entendu dès que son état le permettra ». La question été soulevée le même jour au parlement où les députés ont observé une minute de silence à la mémoire des «martyrs de l’économie informelle». Cette nouvelle tragique a également fait réagir les médias de l’autre côté du détroit de Gibraltar et à l’échelle internationale. Autant dire que les dégâts sont innombrables sur toute la ligne.

Belkassem Amenzou

Related posts

Top