Traiter autrement le phénomène migratoire!

Au moment où les apprenants s’apprêtent à regagner leurs classes, après de longues vacances estivales, les émigrants marocains du monde se préparent à rentrer dans leurs pays d’accueil, après des congés bien mérités. Durant ce mois d’août, nombre de rencontres et de festivités ont eu lieu, dans plusieurs régions du Royaume, en direction de cette frange de la société vivant outre-mer.

La communauté marocaine à l’étranger atteint actuellement plus de quatre millions et demi de ressortissants, répartis dans une multitude de contrées de par le monde. Une telle croissance accélérée, depuis moins d’un quart de siècle, survient à un moment où les pays récepteurs ferment de plus en plus leurs frontières respectives, d’autant plus que des pays comme le Portugal, l’Espagne, la Grèce… qui étaient, il n’y a pas si longtemps, émetteurs, sont devenus récepteurs. Outre les pays traditionnels qui accueillent nos compatriotes, d’autres horizons s’ouvrent continuellement devant eux, notamment le Canada, l’Amérique, le Golf, la Scandinavie… Il va falloir donc trouver des explications à cet essor démographique et, de ce fait, dénicher les remèdes idoines à leurs soucis et leurs attentes.

D’autres aspects émaillent cette expansion fulgurante, en particulier la mondialisation des ces flux migratoires et la féminisation de plus en plus accrue. En effet, les Marocains, comme cela a été signalé, sont partout dans la planète et plus de la moitié d’entre eux sont des femmes qui occupent désormais des postes assez importants, contrairement par le passé où leur rôle se limitait à des tâches domestiques. A la différence de ce qui peut être trompeur, l’émigration est quasiment légale, en dépit du phénomène de la clandestinité qui ne peut peser lourd, surtout qu’elle touche toutes les catégories sociales, créatives et intellectuelles.

En fait, l’émergence des nouvelles générations, caractérisées par une diversification socioprofessionnelle s’avère, de plus en plus, intense et significative. Leur intégration ou plutôt enracinement s’illustre nettement, car, d’après un sondage destiné à plus de trois mille ressortissants marocains, il est constaté que notre communauté à l’étranger est la plus naturalisée dans les pays d’accueil correspondants, tout en sachant que nombre d’entre eux rentrent au bercail, pour raison de projets érigés au pays d’origine, de retour affectif, de virement de devises…

Cet état de fait génère une sorte de double allégeance ou une appartenance à la fois au pays d’origine et au pays d’accueil. Une problématique qu’il faudrait, dans nos politiques publiques, étudier profondément afin d’accompagner ce phénomène d’émigration de peuplement sans, pour autant, y faire obstruction, tout en renforçant les liens avec les nouvelles générations, par le biais de développement de l’offre culturelle nationale.

Dans ce sens, il est également loisible d’associer la communauté marocaine à l’étranger au processus de développement que prône notre pays, à travers des chantiers de réformes à plus d’un titre. Pour ce faire, il conviendrait impérativement de changer littéralement la perception que nous ne cessons de cultiver envers les ressortissants marocains à l’étranger et aborder une conception plus positive à leur égard. Car la fibre marocaine est toujours ancrée en eux et ce n’est pas fortuit que certains sportifs maroco-européens optent finalement pour le port du maillot national, après long tracas de conscience.

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