Trêve de flagellation!

On reviendra sur ce cinquième échec du Maroc quant à sa candidature pour l’organisation de la coupe du monde de football dont les enjeux ne sont pas, faut-il bien le rappeler, exclusivement sportifs. Aucun autre pays ne s’est tant acharné pour s’adjuger cette consécration planétaire.

D’aucuns diront que c’est là un gâchis pour une nation dont les moyens demeurent en deçà des exigences d’une telle épreuve, alors que les priorités d’ordre socio-économique sont aussi légitimes que pressantes et ne permettent point un tel luxe ! Et de ce fait, il serait plus raisonnable d’abandonner, une fois pour toutes, ce mirage insaisissable, car ce n’est qu’une perte de temps et de l’argent jeté par les fenêtres. D’autres rétorquent, en revanche, que le fait de persévérer dans ce sens, constitue un prestige moral et une plus-value matérielle. Nombre de nations, telles l’Espagne en 1982 ou encore l’Afrique du Sud en 2010, en ont tiré grand profit, sans parler du Mexique qui est parvenu à décrocher ce privilège trois fois, en 1970, 1986 et prochainement en 2026, en compagnie des USA et du Canada.

À cet égard, il convient de reconnaître que si le dossier marocain n’aboutit pas, ce n’est pas parce qu’il ne présente pas toutes les garanties requises, mais c’est que d’autres facteurs s’y mêlent pour prioriser tel ou tel postulant. Il est bien clair que l’offre marocaine, en particulier celle d’il y a quelques jours devant la Task force et le Conseil exécutif de la FIFA, était étoffée et convaincante à tous les niveaux, selon bien entendu le potentiel du Maroc. A ce propos, il est à rappeler les principes de l’union universelle du football qui reposaient constamment sur les valeurs d’égalité des chances, la répartition des revenus sur l’ensemble des fédérations nationales, les considérations de développement et la justice territoriale, sans tenir compte de l’aura des puissances mondiales, sinon l’organisation de la coupe du monde serait perpétuellement l’apanage des pays les plus riches en termes d’infrastructures.

Or, il semble bien que cet organisme ultra-puissanticime se dérobe de toutes ces vertus sur lesquelles étaient bâties les idées de Jules Rimet, le fondateur de la coupe du monde et l’olympisme de pierre de Coubertin. Tous ces préceptes universels sont ainsi bafoués dans les couloirs infernaux de Zurich, en connivence avec les multinationales dont la logique du gain mercantile est prédominante, aux dépens des nations émergentes telles que la nôtre. Face aux pressions des trusts du néolibéralisme forcené, la FIFA a donc tourné le dos aux anciens prétextes qui faisaient d’elle une institution sportive de solidarité et de réunification dans les quatre coins du monde. On se souvient des raisons avancées pour octroyer la tenue de la coupe du monde tant à l’Argentine qu’à l’Espagne, la première pour contribuer au bannissement de la dictature ambiante ces temps-là, la seconde afin de participer à son expansion économique.

D’autant plus que l’organisation de la coupe du monde aux États Unis, en 1994 et en 2026, où le football (appelé soccer) est classé quatrième en matière de popularité, est bel et bien dicté par des causes extra sportives et des  usages hégémoniques allant jusqu’à la menace et le chantage. Trêve de flagellation gratuite pour un dossier qui fait face à toutes ces manipulations.

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