Turquie: Vers un durcissement des conditions de détention du journaliste français

Journaliste français indépendant, âgé de 27 ans, ayant réalisé en 2013, pour le compte de TV5,  un reportage portant sur les combats que mènent en Syrie les miliciens kurdes regroupés au sein des Unités de Protection du Peuple (YPG) considérées par Ankara comme organisations terroristes, Loup Bureau a été arrêté le 26 Juillet dernier par la police turque à Silopi dans une zone frontalière de l’Irak et de la Syrie au motif qu’il exercerait sans aucune autorisation des autorités turques puis incarcéré pour «participation à un groupe terroriste».

Mais les déboires du journaliste ne s’arrêtent pas là puisque, comme l’a annoncé son avocat ce mardi 8 Août, Loup Bureau risquerait d’être transféré à la prison de Van, localité située à l’Est du pays à quelques kilomètres à peine de la frontière iranienne. Cet éloignement qui, d’après son avocat, n’est pas fortuit et qui est «une décision scandaleuse des autorités turques…(et)… une atteinte très grave au libre exercice de la défense» le mettra dans l’impossibilité de maintenir un contact permanent avec son défenseur puisque le cabinet de ce dernier se trouve à 9 heures de route de ce nouveau lieu de détention.

Et si, selon les autorités turques, ce transfert viserait à offrir au journaliste de meilleurs conditions de détention, ce n’est point-là l’avis du père du journaliste qui considère qu’en agissant de la sorte les autorités d’Ankara «se moquent» de lui puisque son fils bénéficiait de conditions d’incarcération décentes dès lors qu’il disposait d’une cellule individuelle et qu’il avait à sa disposition un gardien s’exprimant en anglais ainsi qu’un poste de télévision.

Les proches du journaliste, qui voient dans ce transfert, «un durcissement du bras-de-fer entre les autorités turques et les reporters occidentaux» ont lancé, ce lundi, une pétition réclamant la libération de Loup Bureau dont l’incarcération est assimilée, par son père, à «une prise d’otage (effectuée) par un Etat voyou».

Son avocat français, Maître Martin Pradel, a, pour sa part, demandé aux autorités françaises de dénoncer ce projet de transfert qui ne serait, en réalité, qu’une décision administrative et non pas judiciaire.

Enfin, dans un communiqué commun, les syndicats des journalistes français que sont le SNJ, (indépendant) et les deux autres affiliés à la CGT et à la CFDT, tous les trois soutenus par la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ) et par la Fédération Européenne des Journalistes (F.E.J.) ont exigé « que le gouvernement français mette tout en œuvre » pour obtenir la libération de leur collègue injustement emprisonné.

Nabil El Bousaadi

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